Auvergne laïque n° 481 - Juillet/Août 2019


EDITO

A la croisée des chemins

par Edouard FERREIRA

En jouant un rôle éminemment démocratique, l’information peut être une source d’engagement. Il faut nécessairement être informé pour éclairer et affirmer sa citoyenneté, faire ses choix et guider sa place dans la société.  En 1931 la Fédération des Œuvres Laïques du Puy-de-Dôme, dénommée ainsi à l’époque, lançait sa première parution : "Action Laïque". En 1964, Auvergne Laïque lui succède avec la même détermination et le même engagement des rédacteurs bénévoles successifs qu’il faut honorer et remercier pour le fruit précieux de leur ouvrage. Ils accompagnent en toute indépendance la FAL avec une fidélité sans failles dans cette transmission impérative des valeurs laïques et associatives.

Aujourd’hui nous sommes à la croisée des chemins. La FAL tient à préserver et pérenniser son journal. Il fait partie de son ADN mais elle est contrainte de se plier aux réalités budgétaires. Un nouveau mode d’information émerge avec les rigueurs économiques de notre temps et la réalité du nombre de lecteurs. Le journal Auvergne laïque rencontre depuis longtemps deux difficultés majeures, à commencer par celle du coût d'affranchissement important. Ensuite, on constate que la diffusion reste limitée aux responsables associatifs, aux partenaires, et à de trop rares adhérents abonnés volontaires. Ce n°481 sera la dernière édition papier pour laisser place à une publication numérique. Elle permettra sans surcoût une diffusion beaucoup plus large grâce à l'outil internet et l'envoi par mail en intégrant l'ensemble des adhérents. La version numérique respectera l'identité visuelle du bulletin papier actuel et ses rubriques habituelles, mais elle devra aussi en faciliter la lecture. Elle se présentera sous la forme d'un sommaire lisible et attractif qui permet un parcours d'ensemble rapide, et chaque lecteur pourra accéder à l'intégralité des articles qui l'intéressent. Ils resteront accessibles sur le site fal63.org. Grâce aux outils numériques, la fédération souhaite ainsi développer une communication utile aux associations et promouvoir, avec leur participation, leurs actions en lui adressant annonces et compte rendus. Avec la récente lettre d’information et Auvergne Laïque, la FAL conforte sa volonté de renforcer le lien avec ses adhérents.

La dématérialisation est au cœur de la transformation numérique. Elle s’est immiscée en vérité économique dans le respect d’un engagement écologique vital pour la planète. Après plusieurs décennies, le constat est affolant. La surconsommation du papier dope une industrie mondiale aux conséquences désastreuses. L’impact environnemental représente près de 40% de la déforestation dans le monde. L’objectif vertueux du "zéro papier" semble à ce jour honnêtement utopique; à nous tous de contribuer au "minimum papier".

« Un arbre qui s’abat fait beaucoup de bruit ; une forêt qui germe, on ne l’entend pas » (Gandhi)

L’Europe selon ses pères : d’abord la paix

«  Nous ne coalisons pas des Etats,
nous unissons des hommes. "
Jean MONNET, Discours, Washington, 30 avril 1952

« La paix mondiale ne saurait être sauvegardée sans des efforts créateurs à la mesure des dangers qui la menacent.
La contribution qu'une Europe organisée et vivante peut apporter à la civilisation est indispensable au maintien des relations pacifiques. En se faisant... le champion d'une Europe unie, la France a toujours eu pour objet essentiel de servir la paix. ... »

Ces phrases introduisent le discours   prononcé par  par Robert Schuman, alors ministre des affaires étrangères français, le 9 mai 1950. Il  propose la création d'une Communauté européenne du charbon et de l'acier, la CECA, première pierre de la construction de l'Union Européenne.

        Cinq ans après la fin de la dernière guerre, les nations ravagées  n'ont pas fini de réparer leurs ruines, et n'ont pas surmonté leurs deuils. Aussi la volonté de Robert Schuman est-elle  de rendre la guerre impossible en créant des liens politiques, culturels, économiques étroits et des intérêts communs entre des nations hier ennemies ; de même,  le souhait profond des peuples meurtris  par les guerres est  de construire quelque chose de neuf qui leur épargnera désormais  les conflits fratricides.

        Ce projet économique, d'où sont  absentes toutes les  préoccupation de profit , de concurrence, de rivalité de marché, est d'abord destiné à réconcilier la France et l'Allemagne qui, en l'espace de quelque 75 années, se sont affrontées dans trois  guerres sanglantes et dont les peuples respectifs ont entretenu une haine mutuelle farouche.

                « L'Europe se fera par des réalisations concrètes créant d'abord une solidarité de fait. Le rassemblement des nations européennes exige que l'opposition séculaire de la France et de l'Allemagne soit éliminée.
La mise en commun des productions de charbon et d'acier, dans une organisation ouverte à la participation des autres pays d'Europe. …. et première étape de la Fédération européenne,  changera le destin de ces régions longtemps vouées à la fabrication des armes de guerre dont elles ont été les plus constantes victimes.
La solidarité de production ... ainsi nouée manifestera que toute guerre entre la France et l'Allemagne devient non seulement impensable, mais matériellement impossible.
Ainsi sera réalisée "... la fusion d'intérêts indispensable à l'établissement d'une communauté économique qui introduit le ferment d'une communauté plus large et plus profonde entre des pays longtemps opposés par des divisions sanglantes. "

Le projet de Robert Schuman est ainsi empreint d'humanisme;  contrairement au capitalisme, il introduit dans l'économie un objectif de solidarité
« Cette proposition réalisera les premières assises concrètes d'une Fédération européenne indispensable à la préservation de la paix. »

Enfin la création d'une Haute Autorité permettra « la sauvegarde » du projet et de « ses fins pacifiques ».

Ce sont les mêmes convictions, dont l'horreur des guerres passées,  qui animent Jean Monnet lorsqu'il préconise à son tour l'organisation de l'union européenne.
« Quand on regarde un peu en arrière et que l’on voit le désastre extraordinaire que les Européens se sont causés à eux-mêmes, [ …] on est littéralement effrayé. »

Ses conceptions humanistes font écho au projet pacifiste de Robert Schuman.
         «  Notre Communauté n’est pas fermée, elle est au contraire ouverte de toutes manières. Nous ne sommes pas autarciques [ …] et nous ne sommes pas fermés du point de vue de l’objectif final à poursuivre. Il a été indiqué dès le premier jour lorsque M. Schuman a fait sa déclaration du 9 mai 1950 et lorsque le traité [de la CECA] a été signé en 1952. L’objet final est d’éliminer les barrières entre les peuples d’Europe ; il est de réunir ces peuples en une même communauté.

        Il s'agit  de fortifier l'Europe et de   protéger ses  peuples contre la menace que fait peser sur eux, de 1947 à 1991,  la guerre froide entre deux grandes puissances.
        « L’Europe que nous sommes en train de faire n’est pas le fruit de la crainte. Elle est le résultat....de la certitude que si, enfin, les Européens comprennent ce qu’il y a chez nous de qualités communes et de capacité, nous établirons un monde occidental qui apportera à la civilisation tout entière, à la paix, à l’Amérique, à la Russie une sécurité qui ne pourrait pas être obtenue d’une autre manière'. "

        Robert Schuman et Jean Monnet méritent d'être considérés comme les pères fondateurs de l'union européenne, réalisée le 1er novembre 1993. Le 22 septembre 1984, célébrant le souvenir de Verdun,  François Mitterrand et Helmut Kohl échangent une poignée de main qui inscrit dans l'éternité de l'Histoire et de nos mémoires la réconciliation franco-allemande.

        Les objectifs pacifiques présidant à la création de l'union européenne semblent avoir  partiellement porté leurs fruits. Depuis 74 ans, l’Europe occidentale n’a pas connu  de conflits aussi sanglants et destructeurs que ceux de 14/18 ou de 39/45 et elle  est passée d’une zone sans guerre à une paix que l’on espère durable; quant à la France métropolitaine ; elle  a été à l’abri des guerres de masse.

        74 ans, c’est 2 ou 3 générations d’humains qui ont pu vivre chez eux dans la paix ce  qui ne signifie pas pour autant la paix absolue, totale et partagée. Ce sont les premières générations de l’Histoire à ne pas craindre en permanence pour leur vie et celles des leurs, à ne pas vivre sous les bombes ou à portée de fusils, à ne pas appréhender  des lendemains de pénurie voire de famine, à ne pas être contraintes à l’exode pour des territoires plus sûrs, à bénéficier de libertés fondamentales, à ne pas ériger de monuments aux morts.

        Et cependant, on ne trouve,  dans la récente campagne électorale aucune trace, aucun écho de la volonté pacifiante des pères fondateurs – qu'on nous accorde l'utilisation de cette formule,  à connotation généralement religieuse, en toute étymologie et en toute laïcité. Les nombreux candidats ont remis en marche toute la machinerie  des conflits et des affrontements idéologiques, usant d'un vocabulaire belliqueux  – on parle de duel, de victoire, de défaite – qui a caractérisé les discours et les postures des candidats.

        Aujourd'hui, on peut craindre que  les lois du marché l'emportent  à nouveau sur la solidarité entre les peuples ; que  les frontières et les portes se ferment contre ces cortèges de réfugiés frappés par  le drame de l'exode et les violences de l'exil.

        Au mépris de la laïcité, ferment de paix entre les peuples, des esprits forts préconisent de rendre à l'Europe ses racines chrétiennes et d'instaurer une suprématie religieuse, au mépris de la vérité historique  en même temps qu'au mépris de la diversité des croyances et de la liberté de l'athéisme.

        Mais la pire des blessures portée à cette Europe, la pire des fautes infligée à la mémoire de l'histoire, c'est l'amnésie de ceux qui ont oublié la folie des tyrans et les ravages des fascismes ; c'est la part  belle faite aux partis dont le fanatisme nationaliste ranime les ressentiments et les haines, encourageant – à l'encontre des aspirations fraternelles – toutes les formes de ségrégation, jusqu'à l'élimination.

A cette flambée qui participe pourtant à sa disgrâce, le président français répond par l'aveuglement de l'angélisme (« droit dans le mur !», titrait récemment un magazine) ; il banalise un résultat,  dont il devrait s'alarmer,  sans pour autant envisager un changement de politique.

        S'il reste un espoir d'enrayer la progression des idées noires, c'est dans l'éducation que nous le fondons, autrement dit dans l'école dont la mission – comme nous le rappelions dans un précédent éditorial – est aussi d'éduquer à la paix en cultivant,   dans l'esprit et le  cœur des jeunes élèves,  la conviction  d’être un peu moins Français et un peu plus Européens.

Alain Bandiéra et Bernard Guillot

Vie fédérale

De fil en chemin, rencontres de danse amateur

Dimanche 16 juin
Maison de la Culture de Clermont-Ferrand

Une fois de plus et comme depuis plusieurs dizaines d’année, la municipalité puis la communauté d’aglomération de Clermont-Ferrand ont fait un beau cadeau à la FAL-63 en mettant gracieusement à disposition la grande salle Jean-Cocteau de la Maison de la Culture le dimanche 16 juin dernier.

300 danseurs amateurs du département y ont été accueillis par le Service Culturel de la FAL représentant 27 groupes de danse avec la compagnie Origin’s en invitée d’honneur. Qu’ils soient de Tauve, de Saint-Ours-les Roches, de Clermont-Anatole-France ou de Saint-Genès-Champanelle ou de Champeix,  toutes les associations ont donné un bel exemple du travail de fond accompli à longueur d’année et en toute discrétion dans NOS Amicales Laïques.  

C’est une fierté pour la FAL-63 que de leur donner l’occasion de monter leur savoir-faire. Les 350 spectateurs présents ne s’y sont pas trompés en prodiguant de chaleureux applaudissements à l’adresse de tous les acteurs de cette réussite.

Assemblée générale UFOLEP 63

Le Comité Départemental UFOLEP avait convié les associations affiliées à une Assemblée Générale le 24 mai à Gerzat.

Accueillis par le président de l’OMS de Gerzat,  Jean Noël AMBLARD, et le président départemental UFOLEP 63, Jean-Claude DAUPHANT, les représentants des associations locales ont pu entendre bilans et perspectives du plus important comité UFOLEP de France avec 250 associations affiliées et 18 000 licenciés.

Les trésoriers, Jean Paul BERNON et Solange RAY,  ont rendu compte du résultat financier 2018 et du bilan au 31 décembre 2018 qui montre la bonne santé du comité du Puy-de-Dôme.

Les tarifs statutaires pour l’année sportive 2019/2020 ont été présentés au vote de l’Assemblée Générale. A noter une augmentation de 0.40 € pour les adultes et 0.10 € pour les  jeunes due à l’augmentation de la part FAL. L’UFOLEP 63  maintient sa part de cotisation par rapport aux années précédentes.

Cette Assemblée Générale fut également l’occasion de mettre en conformité les statuts du Comité par rapport aux statuts type nationaux votés aux dernières assemblées nationales.

Après discussion, tous les votes se sont soldés par l’unanimité des participants.

L’UFOLEP 63 souhaite améliorer et surtout simplifier le système affiliation/licences pour la saison 2019/2020. Pour cela, les mesures suivantes ont été présentées et approuvées par l’assistance :

  • Favoriser la gestion directe des associations sur le site Webaffiligue
  • Facturation mensuelle des cotisations
  • Gestion des certificats médicaux
  • Possibilité de virements des montants dûs sur le compte UFOLEP

Pour mettre en place ces mesures, l’UFOLEP viendra en aide aux associations lors de réunions décentralisées début septembre.

Suite à la dette de la FAL à l’UFOLEP concernant les cotisations 2017/2018, plusieurs responsables associatifs se sont interrogés sur la situation financière de la FAL.

Il a été rappelé le rôle important joué par le comité UFOLEP 63 en aide à la vie associative locale.

Depuis septembre 2018, des associations bénéficient de la mise à disposition de salariés UFOLEP pour l’animation, notamment  pour les temps post et périscolaires ainsi que pour les Activités de la Forme. Des conventions sont signées entre le comité et l’association.

Les échanges entre les représentants des associations et les responsables départementaux furent nombreux et très riches. La soirée s’est terminée par un moment convivial apprécié au club house de rugby.

Service Civique – Un an déjà !

Alors que leur contrat de service civique se termine, Alice, Clarisse, Julie, Lucile et Marie unanimes constatent pour le regretter que leur année passée au sein de la FAL-63 a « filé à une belle vitesse ». Venues d’horizon forts divers, accueillies dans différents services de la FAL (Usep sous couvert de l’Inspection académique, service culture et communication, lire-et-faire-lire, vacances-loisirs) toutes saluent l'accueil qui leur a été réservé et remercient leurs tuteurs et les professionnels de la FAL pour le soin qu’ils ont mis à les guider et à les former aux impératifs de la vie active. Année enrichissante marquante pour leur avenir professionnel, année de transition vers une reprise d’études déjà en cours ou vers une réorientation plus clairement perçue : recherches d’entreprises pour formation en alternance, BPJEPS, Master STAPS, licence d’enseignement.


Notons que si cette année passée à la FAL a été profitable à ces jeunes filles, la FAL, en retour
a pu, via les missions qui leur ont été confiées, profiter de leurs compétences et de leur
enthousiasme.


Une expérience profitable pour ces jeunes à qui tous, salariés et élus de la FAL-63,
souhaitent bons vents et belles réussites.

DOSSIER

Mémoires de pierres

Dossier réalisé par Alain BANDIERA
Grâce à la contribution des associations citées.

On les trouve – on pourrait dire « qu'on les rencontre » tant ils sont investis d'humanité, et souvent d'humanisme -  partout en France : dans les ville, dans les villages – du plus petit hameau au plus gros bourg. Ils se dressent au centre des places ; souvent non loin de l'église, ou de la mairie ; parfois à l'entrée du cimetière. Ils déploient souvent  les fastes d'une architecture..monumentale. Parfois on les déplace, comme à Brassac-les-Mines, quand ils gênent le tracé d'un rond-point. Ils nous sont si familiers qu'on ne les voit plus ; on se gare non loin d'eux ; on les fleurit pour les fêtes, on les honore une ou deux fois par an devant une assemblée de plus en plus restreinte ; plus personne ne s'arrête devant eux pour se recueillir ou pour pleurer.

C'est pourtant à des torrents de larmes, à des chagrins inconsolables qu'ils doivent d'avoir été érigés.

Ce sont les monuments aux morts ; ils ont couvert la France au lendemain de la guerre pour soustraire à l'oubli les victimes innombrables, leur rendre un hommage aussi impérissable que la pierre – et parfois le bronze – qui ont servi à les façonner.

Les récentes commémorations de 2018 les ont remis à l'honneur. Voilà qu'on s'est mis à les regarder à nouveau de plus près, qu'on a lu – et dénombré – tous les noms inscrits sur les plaques, qu'on s'est étonné de la grande jeunesse des victimes  révélée par les photographies des soldats , et qu'on a pu mesurer ce que fut, pour toute une population de femmes, d'hommes et d'enfants, l'inconcevable cruauté  de la guerre et son cortège d'horreurs.

       Nous consacrons notre dossier aux monuments aux morts, et à un formidable travail associatif autant que militant qui a remis en lumière la splendeur architecturale de ces monuments, et la signification toujours vivante de ces témoignages pétrifiés.

       L'atelier-photo de l'Amicale laïque de Riom (Michel Lablanquie, Jean-Paul Pothier, Michel  Garcia) nous offre un inventaire des monuments auvergnats qui met en évidence leurs particularités, et donc leurs significations.

       Michel et Nicole Aurigny, et l'équipe de la Libre Pensée nous font partager l'aventure de la réhabilitation des fusillés pour l'exemple.

       Un prochain numéro donnera la parole à Olivier Mathieu, et à son association qui nous feront découvrir  ces monuments pacifistes quasiment condamnés, pendant des années, à la clandestinité.

       Il demeure  que l'horreur de « toutes les guerres »,  qu'elle soit explicite ou simplement suggérée, est gravée dans ces mémoires de pierre qui ont cessé, depuis longtemps, de chanter victoire.

Ce que nous disent les monuments aux morts de 14/18

« Un peuple qui oublie son passé est condamné à le revivre »
Winston Churchill

La France compte 40 000 monuments principalement édifiés entre 1920 et 1925. En premier lieu, les sculpteurs ont cherché à exprimer dans la pierre  la victoire autant que le sacrifice   ou l'aspiration à la paix.

Ils ont voulu rappeler  aussi, sous forme monumentale,  le nécessaire devoir de mémoire.

 Ils témoignent aussi d'une  double volonté :

        - Pour les familles, c'est un moyen de vivre leur deuil qui leur permet de se recueillir ; le monument aux morts se transforme en cénotaphe, sorte de sépulture de substitution, en particulier pour les soldats disparus.

        -Pour l'état il s'agit de commémorer une victoire républicaine, d'affirmer, par le culte des héros, une existence nationale, en célébrant les valeurs du civisme et du patriotisme

Une grande partie de ces monuments conserve l'empreinte (tenace) de  la propagande nationaliste et cocardière dont on endoctrinait les jeunes soldats incorporés.

Si Certains monuments célèbrent la victoire,  d'autres disent que la victoire est amère avec un prix à payer lourd, très lourd, et vont célébrer le sacrifice et la douleur.

On compte plus de 1 800 000 victimes (civiles et militaires) et on dénombre une moyenne de 40 victimes par commune : des villages entiers sont décimés de leur jeunesse.

C'est dans le Massif-Central et la Bretagne que la mortalité a été la plus élevée, plus particulièrement dans les départements de la Lozère et de la Corrèze.

Enfin quelques monuments mettent en avant une volonté de paix.

Comment célébrer la victoire ?

Environ 30 % des monuments aux morts portent une sculpture représentant le plus souvent un soldat ou une figure allégorique de la victoire sous les traits d'une femme ou plus modestement d'une représentation de la France par le coq gaulois. La célébration de la victoire a le plus souvent pris la figure du poilu, car on pensait que c'était ce qui pouvait le mieux marquer l'imaginaire collectif.

Le poilu en mouvement, brandit une couronne de lauriers ; mais on ne représente pas seulement l’euphorie de la victoire  on peut voir dans le rictus  marqué dans le visage une certaine colère, voire de la révolte.

Pour d'autres monuments,  en lieu de représentation humaine sculptée, on a choisi plus modestement de placer un coq en tête de monument ; le coq, emblème national qui exprime le sentiment d'appartenance à la nation et qui symbolise aussi l'ardeur au combat.

Les monuments aux morts utilisent souvent des figures féminines pour évoquer la douleur de la perte des jeunes hommes au combat, il est des cas assez rares où la représentation féminine évoque la victoire.

La victoire que l'on célèbre est rarement triomphante en raison du trop grande nombre de soldats qui sont tombés au combat : la victoire ne peut être que triste .

Si bien des monuments semblent illustrer la légitimité du sacrifice des combattants, d'autres  montrent la détresse absolue de leurs proches : on veut dire que la mort de ces jeunes hommes est un drame absolu. On glisse vers un pacifisme qui n'est pas toujours complètement affirmé.

DIRE LA VOLONTE DE PAIX

D'autres monuments affirment plus résolument leurs orientation pacifiste ; ils appellent ouvertement à la fin des guerres. « Plus jamais ça ! » semblent-ils proclamer.

Un certain nombre de commune ont délibérément fait le choix de ne pas donner dans la symbolique triomphante mais elles ont voulu dire l'absurdité de la guerre...Jusqu'à affirmer un violent réquisitoire contre la guerre (comme le monument de St Martin d'Estréaux vandalisé à plusieurs reprises) ; ou encore le monument de Gentioux. dont le héros est un enfant qui désigne,  de son poing fermé, l'inscription « maudite soit la guerre ».

A Riom, « la synthèse impossible » entre les 3 « fonctions »  des monument se  traduit par l'existence de trois monuments différents : celui de la victoire (particulièrement monumental), celui de la douleur en hommage aux victimes dont le nom est affiché, et le monument en hommage aux fusillés pour l'exemple, résolument antimilitariste.

QUELQUES MONUMENTS INSOLITES

         

A Royat,  un monument du sculpteur clermontois Raoul Mabru montre, dans une œuvre sculpturale flamboyante autant que pathétique   la détresse d'une famille de paysans auvergnats ayant perdu leur fils à la guerre et laissant une veuve et une orpheline. La représentation de la mère en prière atteint le sublime d'une piéta de Michel-Ange.

        A Vichy , on a figuré un soldat portant une  cage avec des pigeons,  hommage au sacrifice des pigeons messagers. Un monument leur est d'ailleurs consacré à Lille.

        Le monument de la Forêt du Temple est le seul à porter, parmi le nom des victimes de la guerre,   le nom d'une femme : Emma Bujardet, avec la mention « morte de chagrin »,  gravée sur la stèle sous les noms de ses 3 fils morts au combat. L'initiative fut farouchement condamnée par les associations d'anciens combattants ; lamentable manifestation de l'endoctrinement militaire auquel bien des monuments apportent un démenti bouleversant.

Texte extrait du commentaire accompagnant le DVD de l'atelier -photo)

L’honneur retrouvé des fusillés pour l’exemple

« Le patriotisme est le dernier refuge des crapules »
(Colonel Dax, citant Samuel Johnson)


« Les fusillés pour l'exemple, ce sont des soldats français exécutés par d'autres soldats français sur l'ordre du commandement militaire » ; ainsi Michel Lablanquie (voir article précédent du dossier) définit-il les victimes d'une procédure infâme. Longtemps passé sous silence, le scandale des fusillés pour l'exemple n'en finit pas d'éclater et d'indigner l'opinion, provoquant un véritable renversement des valeurs traditionnelles dont l'armée se réclame avec violence.

A Chauny, on a inauguré le 6 avril 2019 un monument à la mémoire – et à l'honneur restauré – des fusillés pour l'exemple.

Œuvre bouleversante du sculpteur Frédéric Thibault (volontaire !... A chacun ses engagements!) ; le monument nous rappelle immanquablement le film de Kubrick, « les sentiers de la gloire », ou encore celui de Francesco Rossi « les hommes contre », longtemps laminés par la censure.

Aujourd'hui encore, on s'étonne que les gouvernements successifs (y compris ceux dont on pouvait espérer des prises de position humanistes) n'aient cessé d'affirmer leurs réticences et leurs atermoiements face aux revendications de réhabilitation des fusillés ; entonnant le couplet belliciste, Macron n'hésite pas, quant à lui, à rappeler que ces soldats ont « failli à leur devoir » ; il eût mieux fait de lire « 14 », de Jean Echenoze, au lieu d'affecter d'avoir lu Ricoeur.

Nous avons cru bon de publier des extraits du discours d'inauguration, prononcé par Nicole Aurigny, militante infatigable (parmi bien d'autres) de la réhabilitation.


CHAUNY    DISCOURS du 6 avril 2019

        Citoyennes, citoyens, chers amis, chers camarades,

        En 2014, quand la Libre Pensée a pris la décision d’ériger un monument en hommage aux fusillés pour l’exemple. De nombreuses associations se sont engagées avec la Libre Pensée dans cette campagne : l’Union Pacifiste de France, l’Association  Républicaine des Anciens Combattants., le Mouvement de la Paix, des sections de la Ligue des Droits de l’Homme. Les organisations syndicales, CGT et CGT-FO nous ont rejoints afin de défendre des travailleurs qui ont été envoyés au poteau.

Merci à Frédéric Thibault pour son œuvre si émouvante  qui nous appelle à la révolte contre l’injustice.

         Ce monument est vôtre : il est le résultat de la souscription à laquelle vous avez participé. Il ne provient pas d’une commande officielle, payée par l’État. C’est l’action des citoyens et c’est une étape du combat mené depuis des années pour la réhabilitation des fusillés pour l’exemple.

Je salue  les descendants des fusillés qui ont signé l’appel à la République. Rencontrer chacun d’eux nous a révélé l’injustice sous des formes multiples, mais toujours le même sort cruel, la mort ignominieuse d’un être cher, puis l’opprobre et la honte qui frappent les proches au point que cent ans plus tard, l’indignation, la colère sont toujours intactes.

.

        Je veux saluer aussi Bernard BRIZON, petit-fils du député socialiste Pierre BRIZON qui, le 14 juin 1917, déclarait à la Chambre des députés : « Messieurs, à l’heure où je parle, on fusille des soldats sur le front ! Des balles françaises assassinent des soldats français[…] Avez-vous fait fusiller les généraux qui ont fait massacrer inutilement nos soldats au cours de l’offensive d’avril ? Je l’ai dit : nous réclamons la même discipline pour les officiers et pour les soldats. Ne fusillez pas les généraux, je ne le demande pas. Mais ne fusillez pas non plus les soldats au nom de la discipline. »

        « Au nom du peuple français ». Ce sont les mots par lesquels commence tout jugement. ….

Qui est ce peuple français au nom duquel on a envoyé 639 soldats à la mort ?  Dans les conseils de guerre spéciaux..... il se réduisait à trois hommes qui « jugeaient », au mépris de toute justice, sans enquête, sans preuves, sans témoins, sans possibilité de recours, sans circonstances atténuantes, sans avocat de métier.

Ce déni de démocratie, ce déni de justice est pour nous un défi. C’est pourquoi nous élevons ce monument pour condamner les 639 exécutions et les lois répressives qui les ont permises.

        Pourquoi le choix du 6 avril 2019 ? c’est le centenaire de l’immense manifestation qui a vu la population Parisienne se lever en l’honneur de Jean JAURES pour protester contre l’acquittement de son assassin, Raoul VILLAIN.

La plaque qui est ici rappelle qu’il a été le premier exécuté de la guerre de 1914, assassiné parce qu’il luttait de toutes ses forces contre la guerre qui se préparait.

…....

        Aujourd’hui, nous, citoyens de la République, nous réhabilitons solennellement et moralement tous les fusillés pour l’exemple. Ce monument, qui inscrit dans la pierre leur drame, va rester, pour nous tous, un appel à lutter jusqu’à leur réhabilitation officielle.

        Et pour conclure, une autre remarque, édifiante, de Michel Lablanquie révélant la permanence des oppressions :

« Il se dit que pendant longtemps, ordre était donné aux militaire du camp de la Courtine, proche de Gentioux, de bien vouloir tourner la tête dans la direction opposée au monument lorsqu'ils traversaient le village en véhicule militaire ».

        Souvenons-nous enfin de Voltaire évoquant dans « Candide » le théâtre de la guerre, et dénonçant la barbarie dans une lettre célèbre où, exprimant sa conception de la civilisation, il affirmait  que « les saccageurs de province ne sont que des héros ». Il aurait eu  vraisemblablement maille à partir avec toutes les instances militaires et les conservateurs farouches de l'héroïsme qui, « au nom du peuple français »,  ont commis leurs sommaires exécutions. 

D'une amicale a l'autre

Amicales laïques de Marsat et de Riom

Dans les locaux de la Maisons des associations de Riom, les animateurs sportifs des amicales laïques de Marsat et de Riom ont participé activement à un stage de recyclage du brevet « le premier geste qui sauve » encadré par un formateur de l’UFOLEP FAL de Clermont-Ferrand.

Après avoir répondu à des questions plus spécifiques concernant les sports enseignés, ce fut la mise en situation sur les mannequins pour revoir la réanimation (adulte, enfant, bébé), la pose du garrot et les questions à poser pour orienter les secours. Les stagiaires jouaient les blessés pour « avoir le bon geste au bon moment ».

            Notons que l’UFOLEP 63 organise régulièrement ces stages PSC1 (voir site UFOLEP).

La Goignade de Chauriat

S'il y a un bourg auvergnat qui ne reste pas les pieds dans le même sabot, c'est bien, entre Cournon et Billom, le bourg de Chauriat, où il y a, paraît-il, autant d'associations que d'églises à Rome !

Parmi elles, on trouve le groupe de danses et musiques auvergnates, la Goignade.

Ce nom de Goignade sent le soufre. C'était, il y a 3 ou 4 siècles, une bourrée dévergondée, une « broderie d'impudence, la danse du monde la plus dissolue ».

Une danse où la cabrette était scabreuse, où la vielle abusait de la « colophame ».

Interdite par l'Eglise, le coup de grâce lui sera porté par Bossuet dans sa célèbre oraison funèbre : « Madame se meurt ! Madame est morte ! D'avoir vu danser une Goignade à sa porte ! »

Mais à Chauriat, si le nom est sulfureux, les intentions sont honnêtes.

Ce groupe de musidans'trad est né en 1976 d'un pari de parents d'élèves de présenter, à la fête de l'école, quelques danses d'Auvergne avec leurs enfants.

Les instituteurs de Chauriat, Anne-Marie et Michel Maubert, animateurs du Foyer laïc, donneront l'impulsion et la Goignade deviendra la section la plus à même de brûler les planches de ce Foyer-là.

L'habillage musical étant aux bonnes mesures, il fallut ensuite habiller danseurs et musiciens.

Dans un premier temps, le costume auvergnat traditionnel fait l'affaire. Au deuxième temps, comme « l'habit nous gène un peu », on va revêtir le costume authentique des paysans vignerons chauriatois du début du XXème siècle.

Et au troisième temps, on danse !

On danse une bourrée libre, légère, qui permet de nombreuses interprétations, variations et ornementations. La Goignade ne se veut pas académique. Elle allie à la tradition, la liberté et la fantaisie, devise convenant bien aux trois temps de la bourrée la plus dansée, la « Montagnarde »

« La bourrée en Auvergne
  La bourrée y va bien »

Elle va si bien la bourrée de Chauriat, que, d'un marché à un mariage, d'une fête à une foire, elle va élargir son répertoire, de polkas, de mazurkas et de ses chorégraphies à elle, elle va ajouter des paroles à ses refrains... la bourrée y va loin... plus loin que l'Auvergne plus loin que la France...

Elle va aller, la Goignade, jusqu'à Edimbourg, mêler la cabrette  à la cornemuse pour jouer des scottishes of course, jusqu'à Guimaràes pour tourner la vira, montrer que la vielle a plus d'un tour dans le sac de la cabrette, et que l'accordéon diatonique peut devenir ibérique... et d'autres régions, d'autres pays entendront gronder les sabots de Chauriat pour des « rondes autour du monde de gens qui veuillent bien se donner la main ».

Aujourd'hui la Goignade compte 36 adhérents (dont 5 adolescents). Après 43 années d'activités, l'aventure continue, avec la fierté d'avoir gardé dans ses rangs les compagnons des premières heures, Dédée et Lulu Théalier, et le demi-retraité Michel Maubert.

La Goignade reste une section du Foyer laïc, auquel elle laisse les bénéfices de ses trois bals annuels donnés dans la Salle des Fêtes prêtée par la Mairie.

Depuis 2008, elle a aussi un fonctionnement autonome avec une double adhésion, à la FAL, ce qui lui permet d'avoir un bureau indépendant qui peut gérer d'autres activités.

La Goignade continue de moderniser la tradition, avec ses créations originales, d'animer des fêtes de village, des mariages, des anniversaires... de se produire encore, dans le cadre d'échanges culturels, en France et à l'étranger (Belgique, Portugal, Angleterre, Ecosse, Irlande...).

Et quand on voit le succès de ses bals d'enfants, « nos Tradamuses » on peut lui prédire encore bien des réussites dans la transmission de notre patrimoine dansé et musical, pour lequel elle verrait, d'un bon pied bon œil et bonne oreille, arriver de nouveaux danseurs, de nouveaux musiciens.

Donc si l'Auvergne vous chante, si les pieds vous démangent, allez à la Goignade. On vous attend, le vendredi à 18h30 à la salle des associations de Chauriat (où on danse avant de marcher)...

On vous attend pour que

« La bourrée en Auvergne »
continue d'aller bien !

Bureau :

Président  Yves GILLET

Vice-président Michel MAUBERT

Trésorier  Patrice MASSON Secrétaire   Marie-Françoise ALRIC

LES ATELIERS DU CAMELEON

Passion, complicité et polyvalence

Adapter et mettre en scène des pièces classiques demande du temps, beaucoup de temps, plusieurs années parfois. Shakespeare, Molière ou Tchekhov ne se livrent pas au public sans un long travail préparatoire et leurs œuvres doivent mûrir lentement dans l’esprit des acteurs. Mais impossible de rester trop longtemps éloignés de la scène pour la dizaine de membres des Ateliers du Caméléon. Aussi depuis leur rencontre au milieu des années 90, au cours d’un atelier de Dynathéa (Association déjà implantée à Gerzat), Laure et Marielle ont mené avec les fidèles comédiens de la troupe des projets parallèles pendant la préparation du Médecin malgré lui ou du Songe d’une nuit d’été par exemple.  

Les autres facettes de leur activité ? Des déambulations de personnages de BD dans le hall de salles de spectacle ou dans la rue, l’adaptation d’albums pour enfants jouée dans des crèches, la participation aux « Evénements musicaux en ZEP, l’utilisation d’ombres chinoises, de masques ou de marionnettes pour proposer des spectacles originaux… « Et à chaque fois, il nous faut chercher, essayer, inventer et nous former à de nouvelles techniques en faisant des stages » disent en chœur les deux complices co-médiennes,  co-adaptatrices et co-metteures en scène (Elles tiennent beaucoup au « co », comme dans co-présidentes !).

« Notre griffe, notre ADN de mise en scène, c’est de mêler l’espace du public avec notre espace de jeu, c’est faciliter la perméabilité entre les spectateurs et les acteurs ».

Ce qu’elles aiment aussi, c’est aller chercher le public en amont du spectacle en créant un mini-événement. Un exemple : la fausse inauguration d’une station de métro à Gerzat en présence du maire de la commune et de la fanfare a précédé la présentation de la pièce « Les amants du métro » de Jean Tardieu attirant ainsi au spectacle des gens peu habitués à la fréquentation des lieux culturels.

Actuellement le fil rouge de leur activité est une adaptation des Fourberies de Scapin, Wanted Scapin, qui n’a pas demandé moins de quatre ans de travail avant d’être présentable sur scène, et l’autre travail mené en parallèle, ce sont des lectures-spectacles intitulées « Rendez-vous à Tue-tête ». Le thème de celles-ci choisi de concert avec la programmatrice du service culturel de la ville de Gerzat va de l’amour à la nourriture en passant par la BD ou les contes pour enfants ; tout un programme ! Pour être au plus près des habitants de la commune, le dernier thème retenu intitulé « Lectures tirées du sac » est une demande adressée aux Gerzatoises et aux Gerzatois qui sont invités à envoyer à la médiathèque locale un texte qui leur plaît afin qu’il soit inséré à la lecture publique.

« Notre théâtre doit être accessible à tous et joué partout, notamment à la campagne, là où il n’y a pas ou peu d’offre culturelle ». Un autre défi à relever pour les Ateliers du Caméléon qui aiment prendre des risques, ce qui à ce jour leur a plutôt bien réussi.

Présidente : Marielle DUVERNE

Trésorier : Jérémy DHOUDAIN

Secrétaire : Jean-Pierre LIVET

Co-mise en scène : Laure DUPUIS et Marielle DUVERNE.

Avec les DDEN

Pour le dernier numéro papier d’Auvergne Laïque, nous avons choisi de proposer à nouveau la résolution de notre congrès 2017  parce qu’elle est l’expression de ce que sont les DDEN, et qu’elle dit clairement ce qu’est l’école de la République qu’ils défendent à un moment où sa finalité et sa nature sont mises en question par ceux-là même qui sont en charge de leur préservation.

 Les Délégués Départementaux de l’Éducation Nationale rappellent que l’avenir de notre pays repose  en grande partie sur la qualité de son école publique laïque. L’investissement consacré à ce maillon est déterminant pour notre cohésion nationale. L’enjeu républicain de l’Ecole laïque est celui de la République et réciproquement.

 Pour servir l’intérêt général, face aux diversités démographiques, géographiques et sociales, la puissance publique n’a d’obligation constitutionnelle qu’à l’égard du seul service public laïque d’éducation.  Les DDEN dénoncent les aides et privilèges croissants que la puissance publique accorde à une concurrence privée, valorisée et choyée qui fonctionne et s’administre sur le mode libéral pour des intérêts particuliers ou communautaristes. Au seuil de ce nouveau quinquennat, les DDEN veilleront, comme toujours, à la justification des décisions et des actes pour les confronter aux finalités et orientations portées au crédit de l’école publique laïque.

Au nom de l’intérêt de l’enfant

 L’École publique a l’obligation d’accueillir tous les jeunes, au-delà de l’origine des familles, des inégalités sociales et des convictions particulières des uns et des autres. Elle doit répondre à l’exigence de laïcité du vivre ensemble des élèves, citoyens en devenir. Les DDEN revendiquent le maintien de la semaine de quatre jours et demi pour alléger les journées scolaires avec l’organisation gratuite des activités du temps périscolaire, encadrées par des personnels qualifiés. Les DDEN militent, en particulier, pour le rétablissement d’une véritable médecine scolaire de prévention, l’amélioration de l’accompagnement des enfants en situation de handicap et le développement des réseaux d’aide.

 Au nom de l’égalité en éducation

 L’Ecole laïque est le but et le moyen de la République. Le but parce qu’il permet à chacun de se construire comme citoyen et le moyen car seuls les citoyens peuvent faire vivre la République.  Les DDEN s’opposent à l’émiettement territorial et à l’individualisation du rapport à l’école. Mesures qui, au nom de l’autonomie des établissements, menacent l’égalité devant le droit en éducation et l’unicité de notre système éducatif. Les DDEN exigent les moyens nécessaires pour combattre les inégalités et les exclusions dans les territoires ruraux et les zones difficiles. Les DDEN revendiquent un état des lieux des bâtis scolaires réalisé par les services de l’Etat. Les DDEN se prononcent pour la scolarisation à partir de trois ans avec la possibilité d’un accueil à l’école maternelle à partir de deux ans. L’application du Code de l’éducation doit assurer notre présence dans les départements concordataires.

Au nom de la Laïcité

Les DDEN rappellent leur indéfectible attachement à la liberté de conscience et à l’égalité en droit de tous les citoyens au regard de toutes les convictions religieuses ou non. Les nécessaires séparation et neutralité des pouvoirs publics garantissent la laïcité, fondement de notre Constitution. Pour l’École publique, cela implique le caractère laïque des personnels, des associations et des particuliers qui apportent ponctuellement leur concours à l’institution scolaire.  Les DDEN réclament la suppression des statuts dérogatoires. Les DDEN, fidèles au Serment de Vincennes, demandent l’abrogation des lois scolaires anti laïques de la loi Debré à la loi Carle afin de ne pas financer la concurrence de l’École publique et d’éviter les enfermements communautaristes.

 Les DDEN amis de l’Ecole publique

 Dans le rôle que leur confère leur fonction institutionnelle, les DDEN demandent une participation délibérative et non plus consultative aux Conseils Départementaux de l’Éducation Nationale. 

 Dans leur fonction associative, les DDEN dévoués au service public d’éducation avec pour seule préoccupation l’intérêt de l’enfant soutiennent les actions en faveur de l’école publique qui œuvre à l’épanouissement des enfants et tout à la fois fait vivre l’idéal laïque de notre République.

 Partenaires de l’institution, les DDEN participent à la promotion de la Charte de la Laïcité à l’école et sont engagés dans la Réserve citoyenne de l’Éducation Nationale. 

 Pour forger l’unité nationale, la République doit réaffirmer par son système éducatif laïque la nécessité d’édifier et de respecter la liberté de conscience des élèves qui lui sont confiés, d’éveiller leur sens critique et d’œuvrer à l’émancipation de toutes et de tous.  

Pour l’UD 63 des DDEN,
Anne-Marie Doly  

Loisirs

Un été avec Paul Valéry

Régis Debray - 2019 - Editions Equateur

« Paul Valéry est un lanceur d'alerte »  affirmait Regis Debray en 2018 sur France Inter . Aujourd'hui il est en livre de poche.

Un Paul Valéry que l'on ne connaît pas...

Tout le monde ou presque en revanche connaît Régis Debray , écrivain , médiologue, journaliste , sa participation à la guérilla de Guevara, sa capture et son internement en Bolivie en I967, les nombreux ouvrages qu'il publie sur tous les sujets et notamment son guide pratique « La Laïcité au quotidien » (2015) ou ses « Rêveries de gauche » qu'il était venu présenter à Clermont-Ferrand à l'invitation des « Amis de l'Huma 63».

Il  propose aujourd'hui un autre guide littéraire avec la lecture qu'il fait de l'oeuvre du poète Paul Valéry.

Le livre commence  comme on pouvait s'en douter , par une référence au « Cimetière marin » de Sète ville natale du poète et bien entendu avec une citation de Georges Brassens :  « … Déférence garder  envers Paul Valéry / Moi l'humble troubadour sur lui je renchéris /Le bon maître me le pardonne / Et qu'au moins si ses vers valent mieux que les miens / Mon cimetière soit plus marin que le sien / N'en déplaise aux autochtones » . La suite se  décline en une trentaine de courts chapitres où l'auteur aborde – on pourrait dire qu'il butine – plusieurs aspects de la vie et de l'oeuvre du grand maître. Sa naissance « je suis né … dans un port de moyenne importance, établi au fond d'un golfe, au pied d'une colline dont la masse de roc se détache de la ligne générale du rivage … je suis né dans un de ces lieux où j'aurais aimé naître. » C'est aussi dans ce lieu qu'est apparu Jean Vilar et qu' Agnès Varda  a fait ses premiers films. Régis Debray évoque la jeunesse parisienne de Paul Valéry et ses rencontres aussi bien avec le libertin érudit Pierre Louÿs qu' avec le huguenot homosexuel André Gide, sous l'égide du « maître » Mallarmé. « La littérature écrit Régis Debray, se nourrit d'émotions obscures, de passions irrationnelles, de faux mystères , de passions et de délires sexuels » Mais Valéry a été aussi un homme de son temps – ce temps que l'on a parfois appelé la « belle époque » - et dans le chapitre intitulé « Prospective »Debray évoque la pensée de celui qui resta toute sa vie un visionnaire quelque peu désabusé. Il parle de la guerre : « Rien n'a été plus ruiné par la dernière guerre ( 14-18 ) que la prétention de prévoir … c'est pourquoi je me garderai de prophétiser ... » et plus loin « Un homme qui renonce au monde se met dans la condition de le comprendre » . En I895 dans un essai intitulé « Le Yalou » il fait parler un Asiatique « Tels nous semblons dormir et nous sommes méprisés … mais nous avons une durée plus forte que la force de l'Occident » . En I927 il écrit ( Notes sur la grandeur et décadence de l'Europe )  « L'Europe aspire visiblement à être gouvernée par une commission américaine . Toute sa politique s'y dirige » . Ou encore en I929 « La politique fut d'abord l'art d'empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde » et en I934 à propos de la dictature : « Il est remarquable que la dictature soit à présent contagieuse comme le fut jadis la liberté ». Régis Debray précise également que Valéry fut antidreyfusard …  Personne n'était parfait, surtout à cette époque.

L'auteur évoque enfin la liaison et le grand amour que Valéry  eut avec Catherine Pozzi , la mère de  Claude Bourdet résistant et homme politique. Il raconte aussi comment Jean Moulin, président du Conseil national de la Résistance imaginait en I942 que Paul Valéry pourrait être le président de la IVème République …Etait-ce une boutade de la part de Rex ? Mais Valéry n'était pas intéressé...

Et Debray de conclure en écrivant dans un dernier chapitre :  « Les morts se transforment en même temps que les vivants parce que ce sont eux qui les font revivre »

Notes : Pour aller loin avec Paul Valéry on peut lire sa poésie et ses autres écrits : « Monsieur Teste » ( L'imaginaire Gallimard ) ou « Regards sur le monde actuel » ( Folio – Essais )

Pour Régis Debray : « L'enseignement du fait religieux dans l'école laïque » ( 2015 ), « La laïcité au quotidien » ( 2015 ) « Rêverie de gauche » (2016 ) ainsi que ses romans ou commentaires sur le monde actuel..

Marcel Col

L’atelier de pratique théâtrale de l’amicale laïque de Riom a présenté son travail dans la salle des « Abattoirs »

" L'atelier pour moi   ?… une découverte d'abord, puis un plaisir, puis indispensable pour être quelqu'un qui est un autre tout en restant soi même" ( François , un des participants)

«     Faire du théâtre      » … cela  ne consiste pas seulement à monter sur une scène pour préparer un spectacle et être ( parfois ) applaudi . C'est une démarche fondamentale le plus souvent ignorée des spectateurs qui croient tout savoir sur ce processus compliqué mêlant à la fois la lecture et la compréhension du texte, sa prise en charge physique ( le corps, la voix , la mémoire, la respiration, l'imagination et l'humilité, l'inventivité  … ) le rapport à l'autre ( ton premier spectateur expliquait un metteur en scène c'est ton partenaire), le jeu collectif , le port du costume, du maquillage, de l'accessoire … l'avant et l'après du jeu...

Et cette année encore à Riom , depuis le mois de septembre, Marie-Ange, François, Charlotte, Annie,  Osman, Janic et les autres … se sont retrouvés tous les lundis entre 18 et 20 heures dans la salle de l'ATR pour suivre et pratiquer les conseils que leur donne Dominique, le metteur en scène, comédien, éclairagiste des spectacles de l'ATR , et ici l'animateur de ce groupe plein d'enthousiasme. (… )

Cet atelier qui a célébré sous sa forme actuelle ses 20 ans l'an dernier propose à tous et quelle que soit leur expérience théâtrale une rencontre-découverte et une sensibilisation plutôt que des cours d'art dramatique, pour le prix d'une adhésion à l'amicale laïque.  Il ne s'agit en effet , ni de préparer le spectacle de fin d'année "dans le sang et les larmes", ni d'apprendre des techniques pour passer l'examen final. On vient ici pour se faire plaisir et pour pratiquer cette activité vieille comme le monde (il paraît  qu'on faisait déjà du théâtre et qu'on dansait à l'époque des cavernes et le mot «théâtre     » ne vient-il pas d'un mot grec     qui signifiait « le lieu d'où l'on regarde?).

Beaucoup de compagnies théâtrales adhérentes à la F.A.L ont doublé en quelque sorte leur activité par des ateliers d'initiation     : l'ATR et l'Amicale laïque de Riom ont organisé ainsi dès 1967 des ateliers de pratiques avec des lycéens, des collégiens ou des étudiants qui ont souvent constitué le vivier de la troupe.

Mais comme le théâtre est inséparable de son public les participants de cette année ont présenté  leur travail  en juin dans la grande salle des  Abattoirs » de Riom avec encore une fois, des textes tirés de l'oeuvre de Jean-Claude Grumberg     qui est décidément l'auteur à la mode  cette année à Riom avec «    La vie sexuelle des mollusques » , pièce présentée au mois de mai par l'ATR. ou de petits intermèdes que l'on a pu voir dans la cour du musée Mandet à l'occasion de la Fête de la ville. Il s'agissait cette fois ci d'extraits d'un recueil intitulé  « Ça va ?  »et successivement les groupes sont venus  jouer devant le public une séquence dont ils avaient inventé le titre . On a même entendu une scène en langue pachtoune entre Janic (la Française ) et Osman  qui a fui l'Afghanistan et traversé un douzaine de pays avant d'arriver au Centre d'Accueil et d'Orientation de Loubeyrat. Et une fois de plus on a vu naître le théâtre où les apprentis ne sont plus tout à fait des débutants.

Divers

Reconstruire Notre-Dame ?

Brève de comptoir délivrée en direct inventée ou reprise ?

Et une loi d’exception pour reconstruire Notre Dame de Paris en urgence : encore une invention de technocrate riche !  Les grecs ont-ils reconstruit le Parthénon, les italiens Pompéi, les péruviens le Machu Picchu ?  Et tu vois combien de visiteurs ils accueillent chaque année !

C’était Auvergne laïque


Vous venez de feuilleter le dernier exemplaire d'Auvergne Laïque dans son format-papier...

Une page est tournée.

Aussi loin qu'on remonte dans l'histoire de notre journal, on trouve les témoignages d'un combat permanent - le combat pour l'école républicaine, laïque – et de la promotion tenace de l'éducation populaire. Allons-nous découvrir dans les greniers de nos militants ces piles de journaux amoncelés ? On conservait de cette manière la mémoire des événements importants de l'histoire des hommes. « Laissez-parler les p'tits papiers » chantait Gainsbourg.

Des contraintes financières,  des dispositions réglementaires  relatives à  l'abonnement, vont entraîner la disparition d'Auvergne Laïque sous sa forme-papier et en faire désormais un magazine « en ligne ».

On a prétendu que le numérique allait entraîner une révolution identique à la révolution Gutenberg consécutive à  l'invention de l'imprimerie et la diffusion du livre. Toute révolution cependant s'accompagne de sacrifices.

Alfred de Vigny, affichant son pessimisme devant le développement des chemins de fer, regrettait le temps des diligences et la poésie des voyages lents.

Quelque chose d'irremplaçable s'attache au journalisme de papier, et le journal qui en est l'incarnation est un véritable outil de communication. On le plie dans sa poche, puis on le déplie sur une table de bistrot ; on le feuillette en hâte, on s'attarde sur les articles traitant de sujets qui nous passionnent ; on échange des opinions définitives, on le prête ou on le donne à ses voisins....Au fond, c'est toute une humanité qui se déploie autour du journal avec ses rites familiers, ses complicités et ses altercations ; ses emportements du lundi matin devant les résultats sportifs ; ses indignations politiques et ses affrontements dont on finit par sourire....

Une mention spéciale aux journaux militants, dont Auvergne laïque fait partie. Le magazine militant, c'est par excellence  l'outil de la parole engagée, c'est l'outil aussi de la revendication, de la protestation, dans la lignée des pamphlets qui se moquaient des institutions et des pouvoirs....C'est, pour reprendre le titre d'un magazine que nous lisons,  « les idées en mouvement ».

Que restera-t-il de ces écrans où désormais s'affichent  l'information et la parole  en abondance ?

Si prestigieuse et si efficace soit-elle, la technologie a aussi ses obstacles, elle a aussi ses exclus. N'est-on pas en train de reproduire sans violence  les méfaits dénoncés par anticipation  dans « Fareinheit 451 » et de réduire en cendres nos livres et nos journaux sous la lumière illusoire de nos écrans ?

Il faut s'en remettre cependant à la liberté et à la clairvoyance de nos lecteurs qui continueront assidûment à faire vivre « Auvergne laïque ».

Pour le comité de rédaction
alain bandiéra