Alain Bandiéra
Edouard Ferreira
La bête souple du feu a bondi d’entre les bruyères comme sonnaient les coups de trois heures du matin. […] Sur l’instant, on a cru pouvoir la maîtriser sans trop de dégâts, mais elle a rompu les bras et fatigué les cervelles de tous les gars. […] C’était trop tard
C'est par cette métaphore que Jean Giono évoque les ravages du feu, destructeur indomptable de récoltes et de forêts. Les étendues calcinées que les incendies laissent derrière leur passage ressemblent à ces territoires dévastés par la guerre : nombre de victimes invisibles (les écosystèmes en particulier) ne s'en remettent jamais.
Grand défenseur de la forêt d'émeraude, Chicot Mendès est assassiné le 22 décembre 1988 – comme tant d'autres militants écologiques – par les sbires des grands propriétaires terriens, incendiaires et défricheurs de l'Amazonie au profit de l'agriculture intensive. Aujourd'hui, la bête du feu dévore la forêt amazonienne et la population du monde entier s'en émeut. D'autant que la catastrophe n'est pas uniquement due à des phénomènes météorologiques, même si elle est immanquablement aggravée par la sécheresse et la chaleur. Bolsonaro, le président brésilien, a très largement encouragé les pratiques criminelles dont la forêt est depuis longtemps victime et il a très massivement, au cours de son mandat, amputé le budget de l'écologie. Totalement discrédité, et devant l'ampleur des protestations mondiales, il affirme aujourd'hui sa volonté de défendre l’Amazonie. Quel crédit accorder à un homme qui, dans le dialogue avec le président français, a recours aux insultes misogynes les plus triviales indignes d’un chef d’État ?
D’autres incendies gargantuesques et écologiquement catastrophiques ont fait des ravages sur notre planète. Le bassin du Congo, l’autre poumon vert, est aussi victime du fléau dévastateur ; les feux de Sibérie menacent d’accélérer la fonte du pôle Nord. Jugeant trop onéreuses les [...]