Auvergne laïque n° 482 - septembre/octobre 2019


EDITO

La fumée dans les yeux

Alain Bandiéra
Edouard Ferreira

La bête souple du feu a bondi d’entre les bruyères comme sonnaient les coups de trois heures du matin. […] Sur l’instant, on a cru pouvoir la maîtriser sans trop de dégâts, mais elle a rompu les bras et fatigué les cervelles de tous les gars. […] C’était trop tard

C'est par cette métaphore que Jean Giono évoque les ravages du feu, destructeur indomptable de récoltes et de forêts. Les étendues calcinées que les incendies laissent derrière leur passage ressemblent à ces territoires dévastés par la guerre : nombre de victimes invisibles (les écosystèmes en particulier) ne s'en remettent jamais.

Grand défenseur de la forêt d'émeraude, Chicot Mendès est assassiné le 22 décembre 1988 – comme tant d'autres militants écologiques – par les sbires des grands propriétaires terriens, incendiaires et défricheurs de l'Amazonie au profit de l'agriculture intensive. Aujourd'hui, la bête du feu dévore la forêt amazonienne et la population du monde entier s'en émeut. D'autant que la catastrophe n'est pas uniquement due à des phénomènes météorologiques, même si elle est immanquablement aggravée par la sécheresse et la chaleur.  Bolsonaro, le président brésilien, a très largement encouragé les pratiques criminelles dont la forêt est depuis longtemps victime et il a très massivement, au cours de son mandat, amputé le budget de l'écologie. Totalement discrédité, et devant l'ampleur des protestations mondiales, il affirme aujourd'hui sa volonté de défendre l’Amazonie. Quel crédit accorder à un homme qui, dans le dialogue avec le président français, a recours aux insultes misogynes les plus triviales indignes d’un chef d’État ?

D’autres incendies gargantuesques et écologiquement catastrophiques ont fait des ravages sur notre planète. Le bassin du Congo, l’autre poumon vert, est aussi victime du fléau dévastateur ; les feux de Sibérie menacent d’accélérer la fonte du pôle Nord. Jugeant trop onéreuses les mesures d’intervention, Vladimir Poutine, longtemps laxiste, a fini par céder sous la pression et par envoyer l'armée, bien trop tardivement, pour combattre le feu.

Quel crédit également accorder à un Donald Trump qui autorise de ramener les trophées de chasse, en particulier les défenses d'éléphants, alors qu'une mesure de Barack Obama l'avait interdit ? De quelle conscience écologique ce lamentable président est-il privé pour se retirer de l'accord de Paris signé par 195 pays et prévoyant de limiter la hausse du réchauffement climatique ? Quels dangers ce démiurge fait-il courir à la planète quand il supprime le clean power, établi en 2014 par Barack Obama, afin d'imposer aux centrales électriques la réduction de leurs émissions de CO2.

Il apparaît aussi que le président français n'affiche pas une grande fermeté sur les problèmes écologiques ; alors qu'un maire prend la décision – aussi salutaire que subversive – d'interdire les pesticides sur sa commune, notre président de la République, responsable de la santé publique de ses citoyens, persiste à les autoriser dans des limites toujours dangereuses pour les habitants.

A l'origine de tant de mesures insensées, de tant de compromis et compromissions, on finit toujours par découvrir la dictature du profit et de ceux qui en bénéficient, en tout cynisme et toute impunité. Il faut cependant se réjouir que le président français ait renoncé à signer le Mercosur, considéré par les agriculteurs comme une gigantesque catastrophe, économique autant qu'écologique.

Des hommes dont la mission est de gouverner les hommes, d'assurer, entre autres devoirs, leur sécurité, détiennent un pouvoir qui aujourd'hui s'apparente à une arme de destruction massive. A côté du péril nucléaire, un nouveau péril fait courir à l'humanité toute entière des risques terribles dont les signes déjà donnés se heurtent à l'aveuglement écologique des nouveaux docteurs Folamour.

La langue au pouvoir ou le pouvoir de la langue

Alain Bandiéra

La démocratie, c'est aussi le droit institutionnel de dire des bêtises 

François Mitterrand

Tous les hommes politiques – dont les présidents de la République - se sont signalés par une particularité linguistique, des formules, des tics ou des écarts de langage. L'exercice de la langue est si important en politique que le souvenir des déclarations présidentielles, les grands discours prononcés dans des occasions exceptionnelles, les diatribes et les éclats de voix laissent souvent un souvenir aussi vif que la postérité des mesures ou des décrets. Il arrive parfois que les actes et les paroles révèlent des contradictions qui discréditent leurs auteurs.

Les présidents de la République se caractérisent par un niveau de langue particulier, et, en conséquence, par un niveau de culture qu'ils affichent volontiers, ou qui se révèle à leur insu. Lors de son élection, Emmanuel Macron a tenu à signaler son goût pour l’œuvre de Paul Ricœur ; ce qui lui conférait d'emblée le crédit d'une culture de haut niveau. Sous les différents régimes présidentiels, la culture contribue manifestement au rayonnement de la France, dont elle maintient et sauve la grandeur.

Sous Nicolas Sarkozy, le niveau culturel se dégrade fâcheusement et le Président mettra longtemps à surmonter le mauvais tour que lui a joué Madame de la Fayette et sa « princesse de Clèves ». On a prétendu qu'à la suite de cette bévue, Nicolas Sarkozy s'était mis à lire.

Il y a loin cependant du vibrant « Je vous ai compris » prononcé à Alger par le Général De Gaulle, le perfide « Vive le Québec libre » du même Général, qui a enflammé toute une communauté, au « Casse-toi pau'v con » de Nicolas Sarkozy ou au « Le combat des femmes m'a permis d'être un meilleur père » de François Hollande : peut-on parler alors de décadence ou de démocratisation de la langue des présidents ? Même question à propos de ces sorties d'Emmanuel Macron : « On met un pognon de dingue dans les minima sociaux et les gens ne s’en sortent pas » ; dans le même discours, on relève « un truc pour s'en sortir », « des mecs qui font des lunettes » ... 


Paradoxalement, ce genre de discours ne passe pas ; le recours au vocabulaire familier n'abuse personne, et surtout pas les catégories sociales concernées. Martine Aubry déplore « un mépris glaçant » et l'opposition fustige la démagogie des propos autant que l'insuffisance des mesures sociales envisagées. Dès lors, le processus de discrédit est engagé et c'est presque toujours par les mots que le Président se trahit, chacune de ses réprobations se doublant de l'affirmation d'une autorité parfois féroce ou d'une véritable cruauté sociale. « Qu'ils viennent me chercher » s'exclamera-t-il avec véhémence, adoptant des postures de monarque, à propos des agissements de Benalla auquel il accorde un soutien suspect. « Arrêtez de vous plaindre ! » répond-il, cinglant, à une vieille femme qui lui fait courtoisement l'aveu public de sa précarité. Quant au drame du chômage, le Président le règle par une déclaration expéditive qui lui vaut l'hostilité d'une grande majorité de citoyens, affirmant qu’il suffit de « traverser la rue » pour trouver du travail.


L'inventaire n'est pas complet : une plaisanterie d'un goût macabre sur les migrants comoriens, une remarque injurieuse sur les gilets jaunes, une insulte contre les ouvrières de l'entreprise GAD dont la majorité est jugée « illettrée »... (sur un contresens manifeste autour du terme d'illettré), et c'est tout l'exercice d'un pouvoir, toute une conception sociale, toute une ignorance de la difficulté de vivre qui se révèle dans une langue dont le pouvoir symbolique se retourne contre son utilisateur, les situations humaines ne pouvant souffrir un simple trait d'esprit , ni une fin de non-recevoir. Le comble de l'équivoque et du cynisme est atteint avec les récentes déclarations du Président sur l'immigration, et ses conseils de prudence apparaissent en totale contradiction éthique avec une doctrine humaniste ; « En prétendant être humaniste on est parfois trop laxiste » avait-il affirmé, s'attirant les foudres de l’opposition mais aussi de ses partisans.


Tous comptes faits, les dérapages d’Emmanuel Macron valent ceux de Nicolas Sarkozy ; caractérisant un véritable style, ils sont révélateurs d'une identité voire d'un projet politique. La familiarité du vocabulaire, le caractère impétueux des déclarations, choquent autant par leur forme que par le contenu. On ne séduit pas un électorat en adoptant une langue négligée, un langage chétif qu'on lui attribue, et le parler-juste constitue le premier respect dû à son auditoire, à plus forte raison un auditoire citoyen. François Mitterrand, dont Eric Orsenna disait qu'il était un acupuncteur de la langue, plaidait pour l'exactitude des mots et la beauté du verbe. Ainsi la parole d'Emmanuel Macron est-elle constamment fourvoyée ; même quand il affirme que les pauvres, qui n'ont pas accès aux moyens de communication onéreux, pourront désormais voyager en prenant le car, il ne bénéficie pas de la présomption de générosité, et il s'expose aux quolibets des journalistes dont l'un d'eux dira qu'il « se prend pour Marie-Antoinette » tournant en ridicule les nostalgies monarchiques du Président.

On peut alors se demander si la violence de certaines manifestations n'est pas le résultat d'une violence plus insidieuse, plus sournoise que le langage véhicule et qu'il finit par trahir. Et puisque tout problème politique pose sans cesse le problème de l'école, on peut regretter que l'actuel ministre de l'Éducation, au lieu de frapper du même anathème toutes les réformes précédentes de l'école, ne se souvienne pas que des instructions officielles préconisaient voilà quelques années dans l'enseignement du Français qu'on formât les écoliers à la connaissance raisonnée de la langue et à la maîtrise du discours.

Vie fédérale

Rapport financier 2018

(qui n’avait pu être publié dans le n°481 faute de place)

Procédure de sauvegarde

Mise en œuvre à compter de l’audience au TGI du 4 novembre 2018 suite aux procédures d’alerte soulevées par le cabinet QUBBE.

6 mois d’une première phase de la période d’observation

Nomination d’un administrateur juridique et d’un mandataire juridique

Audience au TG du 11 avril 2019 : renouvellement de la période d’observation de 6 mois

Prochaine audience de 10 octobre 2019

Résultats analytiques (après ventilation des frais généraux hors salaires) :

Services généraux :                        - 156 711 €
Fédératif :                                           - 11 918 €
Culture Éducation Jeunesse :     - 2 361 €
ALSH et Loisirs Éducatifs :            105 630 €
Grand Panorama :                          - 145 334 € 

Compte de résultat 2018

Total charges :                                  3 465 537 €
Total produits :                                 3 254 844 €
Résultat :                                            - 210 694 €

Résultat prévisionnel 2019

Estimation réalisée par le cabinet d’expertise comptable

Résultat d’exploitation (K€ arrondis) :

Charges :             (2018) 3 284 K€                (2019) 2 867 K€                Variation - 417 K€
Produits :            (2018) 3 178 K€                (2019) 2 880 K€                Variation - 298 K€
Résultat               (2018) - 106 €                    (2019)   12 K€                     Variation  118 K€
Résultat financier (frais de banque + intérêt d’emprunt) :
Résultat               (2018) - 4 K€                      (2019)   - 4 K€                    Variation   0 K€
Résultat exceptionnel (indemnités de licenciement + CSP + procédure de sauvegarde) :
Résultat               (2018)  - 101 K€                (2019) 22 K€                      Variation 123 K€

Affectation du résultat : - 210 694 € au compte associatif à la rubrique « report à nouveau ».

Propositions tarifaires 2019/2020 (parts départementales)

La saison 2019/2020 sera marquée par la fin de l’abonnement à Auvergne Laïque.
Affiliation C1 (préférentielle) : 43 €
Affiliation C2-C3 : 49 €
Adhésion FAL63 des adhérents socio-culturels : Adultes 8,50 €                  Jeunes  2,80 €
Adhésions FAL63 des licenciés UFOLEP/USEP : Adultes Tronc commun  3,80 €                 Jeunes Tronc commun  1,40 €

Intervention d’Alexandre Buyens du cabinet QUBBE, commissaire aux comptes :

Les effets des actions mises en œuvre par l’association devraient permettre de présenter un plan crédible de pérennisation de l’activité et ainsi donner à la FAL63 les moyens de retrouver son dynamisme.

Les réussites dans nos associations : palmarès 2019

Mardi 2 juillet dernier, s'est déroulée à la Maison des Sports de Clermont-Ferrand, la traditionnelle cérémonie de valorisation des groupes d'activité culturelle et des équipes sportives de nos associations qui se sont distingués par un fort engagement et une réussite plus particulière au cours de l'année écoulée.
Le président Edouard Ferreira et les présidents de l'UFOLEP et de l'USEP étaient entourés de Madame Françoise Nouhen, représentant le maire de Clermont-Ferrand, et de Pierre Danel, représentant le Conseil Départemental.

DANSE
La Gauthière Culture et Loisirs 
Danses Plaisir St Ours, Pop Danse, Le Chantou

THÉÂTRE
Le CRAD (Centre Régional Art Dramatique)

ENGAGEMENT ET JEUNESSE
L'Amicale Laïque d’Orcines 
La classe de 1ère ES du Lycée Ambroise Brugière

COMPETITIONS UFOLEP

VOLLEY-BALL
EXCELLENCE 1 FLJEP MENETROL 1
EXCELLENCE 2 STADE CLERMONTOIS
PROMOTION D'EXCELLENCE AL CEBAZAT
HONNEUR PONT DE DORE CSVB 2
PROMOTION D’HONNEUR AL CHAPPES
FÉMININES PONT DE DORE CSVB
COUPE DE PRINTEMPS EXCELLENCE VBC ST YORRE
COUPE DE PRINTEMPS AMITIE ASC AIA 2
COUPE DE PRINTEMPS FEMININES PONT DE DORE CSVB

PETANQUE
Double appartenance AL LISSEUIL
Simple appartenance USAM CLERMONT
DOUBLETTES Féminines AS T2C
doublettes mixtes Palladuc pétanque
VETERANS AL JULES VERNE
coupe de la participation ASC RICHELIEU

TENNIS DE TABLE
EXCELLENCE AL GERZAT
PROMOTION EXCELLENCE AL JEAN ZAY 1
HONNEUR A AL GERZAT 3
HONNEUR B SC LE BREUIL SUR COUZE
PROMOTION D’HONNEUR AL GERZAT 4

BADMINTON
CHAMPIONNAT UFOLEP AMICALE CHAMPANELLE BADMINTON

TIR A L'ARC
CRITERIUM 17 ANS ET PLUS FLJEP MENETROL
CRITERIUM 13 – 16 ANS AL PONT DU CHATEAU CRITERIUM 12 ANS ET MOINS AL ST DIER D AUVERGNE

FOOTBALL
CHALLENGE BEAUDONNAT CLERMONT AGUIRA FC CHALLENGE Alain PICARLE U.S. MESSEIX BOURG LASTIC

ACTIVITES NON COMPETITIVES
RANDONNEE PEDESTRE : AMILCLUB CROIX DE NEYRAT
MARCHE NORDIQUE : AL RIOM
ACTIVITES DE LA FORME : AL CEBAZAT

TOUTES ACTIVITES CONFONDUES
CENTRE DE LOISIRS COURNON

CHAMPIONS NATIONAUX 2019

GYMNASTIQUE ARTISTIQUE ET SPORTIVE à CROLLES (38) les 8 et 9 juin 2019
Sinaï DECHAVANNE COURNON D’AUVERGNE GYM

TIR A L’ARC à CHATEAU ARNOUX ST AUBAN (04) le 9 juin 2019
GONZALEZ Vivien, LES ARCHERS DE Romagnat
TRUNDE Andrée et TRUNDE Jean-Marc, AL Viscomtat
FEYFEUX MAVEL Alexy, AL ST DIER D’AUVERGNE

TRAMPOLINE à CROLLES (38) les 8 et 9 juin 2019 :
Prescilla EMAILLE - Michael HALVICK - Ioan BERARD
LA MONTAGNE THIERNOISE

ÉCOLE CLERMONTOISE : École élémentaire Charles Perrault

ÉCOLE « 3 CLASSES OU + » : École élémentaire ENVAL

ÉCOLE « – DE 3 CLASSES » : École primaire LUSSAT

Un automne au Grand Panorama

L’environnement naturel dans lequel baigne le Grand Panorama commence à revêtir ses couleurs d’automne. Les feuilles des arbres virent au rouge, orange, jaune. Les vacanciers estivaux ont déserté plages et sentiers, les campings et hôtels baissent les rideaux pour s’octroyer un temps de repos, les oiseaux se rassemblent pour l’immigration. Le lac et ses environs invitent à présent à profiter tout simplement du calme, de la tranquillité et la quiétude des lieux.

Le Grand Panorama, qui reste désormais ouvert toute l’année, accueille chaleureusement les groupes ou les particuliers qui le souhaiteraient durant cette période. Du séjour en autonomie au séjour organisé, nous restons disponibles pour orienter, proposer des itinéraires ou visites et conseiller.

Cette période plus calme est également l’occasion d’entreprendre des travaux et des réaménagements de certains locaux. C’est imminent, les différents corps de métiers du bâtiment sont dans les starting-blocks, prêts à débuter les travaux de la salle polyvalente du Grand Panorama. Très vite nous vous la présenterons, changée !

Ce mois d’octobre, c’est aussi l’arrivée d’Annelyse ! Que nous accueillons au sein de notre équipe durant quelques mois. Elle effectuera un service civique et se chargera de développer la partie « communication ». Alors ouvrez les oreilles, vous allez certainement entendre parler du Grand Panorama !!

L’équipe du Grand Panorama.

USEP : le guide pratique 2019-2020

Destiné aux écoles et à nos amicales, ce document donne toutes les informations utiles pour participer et faciliter la pratique sportive des jeunes scolaires dans le cadre associatif : modalités d'affiliation, inscription et commande des licences, calendrier des épreuves, ressources matérielles disponibles.
Il signale les événements et opérations exceptionnels auxquels concourir au cours de l'année qui vient.

Le guide USEP 2019-2020

BAFA : stage d’approfondissement

Le stage d'approfondissement Jeux d'énigme et grands jeux se déroulera du 28 octobre au 2 novembre

Acquisition de méthodologie pour la mise en place de jeu de rôle grandeur nature dont le but est de s’échapper d’une pièce en résolvant des énigmes. Découverte de différents types de grands jeux (traditionnels, nature, société géant etc.) en pratiquer certains et analyser leur fonctionnement. Se constituer de nombreuses fiches techniques pour vos futures animations. Comment proposer des animations ludiques en y intégrant des valeurs éducatives (solidarité, autonomie…).

Approfondissement Jeux d'énigme et grands jeux
du 28/10 au 2/11 2019

Tarifs :

Formation générale : 405€

Une bourse de 70€ pourra vous être allouée par le Conseil Départemental.

Formation d'approfondissement : 330€

Une bourse de 55€ pourra vous être allouée par le Conseil Départemental, ainsi que 91,47€ par la CAF.

Avec la Ligue de l'enseignement, bénéficiez d'une réduction de 80€ pour le parcours complet.

Renseignements / Inscriptions Ligue de l’enseignement - FAL 63 :

04 73 14 79 21 / 06 83 79 18 96

formation@fal63.org

DOSSIER

La nouvelle postérité des monuments aux morts :

un autre regard, un autre message

Dossier réalisé par Alain Bandiéra, avec les contributions d’Olivier Mathieu, de Christian Guy et Annette Guillaumin

La dernière commémoration de 1918 a accordé une grande place aux monuments dont les longues listes des victimes, gravées dans la pierre et le bronze, témoignent toujours d'une inconcevable barbarie, d'une hécatombe insupportable. L'équivoque demeure dans la fonction première de ces « témoignages pétrifiés » : s'ils sont d'abord la marque du deuil terrible qui a frappé le pays et veulent faire œuvre de reconnaissance à l'égard du sacrifice des victimes, ils prennent en même temps le relais des grands discours cocardiers qui ont magnifié l'enrôlement des soldats, jetés – pour la plupart malgré eux – dans un des plus formidables carnages de l'histoire. Ils s'appliquent à faire œuvre de consolation.

Bien des monuments portent dans leur agencement les signes de la vaillance et de l'héroïsme, célébrant le courage des poilus, l'arme brandie, marchant allègrement à l'offensive.
Étroitement inscrit dans le paysage local du plus petit village, élément banalisé d'un site familier, le monument aux morts est peu à peu tombé dans l'indifférence quand le souvenir de la guerre s'estompe, que les derniers combattants et mutilés disparaissent : Il est inévitable – et salutaire - que « le sang sèche vite en entrant dans l'histoire ».

Mais voilà qu'on porte sur les monuments un regard neuf. Voilà que de jeunes écrivains évoquent la guerre qu'ils n'ont pas connue, surmontant leur ignorance de l'histoire par le pouvoir incantatoire de l'écriture. Voilà surtout que les hommes ne s'en laissent plus conter, qu'ils ne sont plus dupes des exhortations militaires, et qu'ils savent désormais – à égrener le nom des morts – que les chants du départ n'ouvrent que les sentiers des massacres.

Voilà que ces monuments délivrent un autre message, explicitement contenu dans bon nombre de réalisations, passé sous silence dans l'euphorie de la paix et la ténacité des mensonges, un message dénonçant la guerre – toutes les guerres – et tout ce qui fait croire à leur nécessité, qui ose dire l'atrocité des souffrances, un message que le bruit des canons et des tambours ne parvient plus à museler.

Voilà qu'un grand film « les sentiers de la gloire » est sorti enfin du silence et que la réhabilitation des Fusillés pour l'exemple, qui échappent désormais à l'opprobre et à la malédiction, manifeste le triomphe de l'humanisme contre les suprématies militaires et les tergiversations politiques. Un monument récemment érigé à Chauny (voir notre précédent dossier) leur rend hommage et Blanche Maupas a, depuis longtemps, recouvré son titre de veuve de guerre.

Ainsi entrons-nous dans l'ère des monuments pacifistes.

Le présent dossier fait suite à celui consacré, dans notre dernier numéro, au travail de commémoration qui s'est effectué autour de ces « mémoires de pierre » ; l'actuel numéro fait la part belle à ce formidable élan pacifiste, condamnation sans appel de toutes les barbaries bellicistes. Les différentes actions menées dans cet esprit de paix sont en train d'opérer une singulière métamorphose des monuments aux morts qui n'évoquent plus qu'un immense désir de paix.

Nous évoquons dans ce dossier une exposition photographique consacrée aux monuments aux morts sous le patronage de l'amicale laïque de Billom. Nous saluons aussi dans ce numéro le travail considérable de l'Association Laïque des Amis de Pierre Brizon des Monuments Pacifistes et Républicains de l’Allier, sous la présidence d’Olivier Mathieu venu enrichir les manifestations de commémoration par une conférence sur les monuments aux morts pacifistes.

Une exposition consacrée aux monuments aux morts

L'Amicale laïque de Billom a soutenu le projet d'une exposition consacrée aux monuments aux morts, exposition présentée au public en novembre 1918, destinée à la réhabilitation et apportant sa pierre à l'édification de la paix.
Christian Guy pour les photos, et Annette Guillaumin pour les textes ont conçu et réalisé ce formidable travail de mémoire.

Extrait du discours d'inauguration par Annette Guillaumin :

Les images

Nous sommes quasiment toutes et tous des descendantes et descendants de familles qui ont vécu, subi, fait cette guerre de 14-18, ce cataclysme d'il y a un siècle.

Christian, illustrateur, a rassemblé d'innombrables images de monuments aux morts : ceux de communes urbaines comme ceux de minuscules villages. Les plans généraux rappellent la variété de nos territoires dont les forces vives ont été décimées, les gros plans s'attardent sur les litanies de noms et prénoms sculptés dans la pierre et sauvent quelques visages des plaques émaillées.

Ces détails que souvent on ne sait plus voir... Pourtant ils nous disent comment les générations d'après-guerre se sont emparées de la demande mémorielle.

Les textes

Cette guerre est encore au centre d'un nombre incroyable de romans contemporains.

Il nous a semblé que les romans, en donnant, de manière polyphonique, paroles, sentiments, chairs, à ces hommes, femmes, enfants de la guerre (parfois même on trouve un personnage central de chien), nous liaient davantage à eux que les analyses historiques,

C'est la grande affaire de la fiction de, à la fois, nous rapprocher de l'humain et d'agrandir le monde...

Nous avons imaginé faire dialoguer quelques images et quelques textes, dans un mouvement doublement subjectif, par les choix que nous avons faits et par les mises en regard.

Nous avons donc sélectionné 14 romancières et romanciers contemporains et choisi 26 extraits de romans (associés aux photos).

Un exemple traduira la tonalité de l'entreprise:

Véronique Olmi - Numéro 6 - Août 2004

« Tu es l’unique soldat d’une guerre qui bouleversa l’ordre du monde. Tu es la solitude dans la multitude en guenilles.
Tu es la silhouette gelée les nuits de garde, le soldat en faction qui souffle dans ses mains et dont l’haleine est malade.
Tu es le blessé qui geint et qui se demande s’il est déjà mort ou encore vivant et qui ignore ce qui est pire.
Tu es le gradé qui appelle sa mère dans le silence.
Tu me relies à cette guerre.
Tu me tiens contre ta vie….

Les soldats des monuments aux morts sont toujours en pleine santé. On n’en voit jamais un s’appuyer sur sa jambe de bois, on n’en voit jamais un le nez en moins comme sur les statues antiques, on n’en voit jamais un crotté, souillé, blessé. Les soldats des monuments aux morts sont bien habillés, ils sont réglementaires, pareils à des prototypes. Ils n’ont jamais de chagrin.
Les soldats de pierre »

Le travail réalisé pour cette exposition constitue une œuvre véritable d'animation. Les différents cadrages et angles de prises de vue ont pour résultat d'opérer une dramatisation de la statue de pierre, dramatisation accentuée par les textes d'accompagnement : travail minutieux qui défie l'indifférence et l'oubli, donnant, en quelque sorte, le mouvement – l'émotion – et la parole à ces vestiges de pierre rendus à notre propre histoire.

Association Laïque des Amis de Pierre Brizon

« Avec la jeunesse dans la tombe, les meilleures générations sacrifiées, la civilisation en partie détruite, la fortune perdue, la désolation partout, une victoire serait-elle une victoire? »
Ainsi s'exprimait devant l'assemblée nationale, Pierre Brizon, député-maire de Franchesse, le 24 juin 1916 ; il fut un des 3 députés français à refuser le vote des crédits de guerre.

Il n'est donc pas surprenant que l'Association Laïque des Amis de Pierre Brizon et des Monuments Pacifistes et Républicains de l'Allier ait été fondée à Franchesse, le 24 juin 2004 et qu’elle se rallie à la mémoire de Pierre Brizon, grande figure du pacifisme militant, dont elle se propose d'abord de faire connaître le rôle historique.

Elle se donne aussi pour but de recenser, de protéger et de faire connaître les monuments pacifistes, antimilitaristes et républicains de l'Allier. Elle travaille sans relâche à la réhabilitation des Fusillés pour l'exemple et participe aux nombreuses campagnes menées à l'initiative de la Libre Pensée, de la Ligue des droits de l'homme, de l'Association Républicaine des Anciens Combattants, de l'Union pacifiste de France et de nombreuses autres associations et organisations pour la réhabilitation collective des 639 fusillés pour l'exemple de 1914-1918.

L'association donne aussi la parole aux femmes dans la guerre et à cette autre forme d'héroïsme à qui les honneurs militaires n'ont pas été rendus. Deux conférences leur sont consacrées : « Femmes européennes en grève pendant la 1ère guerre mondiale), « Femmes contre la guerre, des femmes pacifistes dans la résistance à la guerre en France ». Une L'association multiplie donc rassemblements et conférences en faveur du courant pacifiste, édite un bulletin annuel et présente une exposition itinérante.

Elle a honoré de deux colloques la commune de Pierre Brizon, en collaboration avec la Libre pensée, sur les résistances pacifistes, en France et dans le monde, à la guerre de 14/18 ; les actes de ce dernier colloque sont en vente auprès de l'association.

Signalons enfin qu'une délégation de 25 personnes de l'Allier a participé, le 6 avril 2019 à Chauny, au rassemblement d'inauguration du monument national de réhabilitation des Fusillés pour l'exemple.

LES RASSEMBLEMENTS

C'est à Franchesse, autour du 24 juin, que l'association, chaque année, tient son assemblée générale annuelle, rappelant ainsi le vote historique de Pierre Brizon et de deux autres députés, Jean-Pierre Raffin-Dugens et Alexandre Blanc contre les crédits de guerre.

Réunissant un grand nombre d'associations et d'organisations pacifistes, devant le monument pacifiste de Rocles et autour du 11 novembre, un rassemblement annuel a lieu pour la réhabilitation des Fusillés pour l'exemple, contre toutes les guerres d'hier et d'aujourd'hui.

A Lapalisse, place du 14 juillet, les membres de l'association, les élus locaux, la libre pensée et le parti radical de gauche se rassemblent devant la statue en hommage « aux défenseurs de la République victimes du coup d'Etat du 2 décembre 1851 »

L'activité de l’association témoigne d'un véritable rayonnement historique ; elle dépasse en effet très largement les champs de bataille de 14/18, et elle dénonce toutes les violences de l'histoire qui se sont abattues sur les hommes, les guerres et toutes les formes d'oppression, fidèle en cela au programme même de Pierre Brizon. « À bas le militarisme qui nous écrase !... À bas les conquêtes coloniales par le fer, par le feu et par le sang ! » déclarait le député-maire, également défenseurs des luttes ouvrières et des paysans, dont il était le descendant. Rien d'étonnant donc que ce mouvement pacifiste concerne aussi notre histoire contemporaine.

POUR LA REPUBLIQUE 

Le dernier rassemblement de l'association s'est tenu à Vichy, place de la République. Une statue, érigée en 1904, porte les inscriptions «  Ville de Vichy » « A tous ceux qui par leur sacrifice ont contribué à la libération de la République ». Olivier Mathieu a rappelé combien les conquêtes démocratiques et sociales étaient à ce jour toujours menacées par les mesures « d'un gouvernement liberticide », et le danger que ces mesures présentent en particulier pour la laïcité.

Le rassemblement s'est terminé, rue de Vingré, en hommage aux 6 fusillés pour l'exemple.

C'en est donc fini des symboles bellicistes, de l'exaltation patriotique inscrits dans les monuments aux morts. Les nouvelles commémorations honorent la souffrance des hommes et plaident pour la défense des valeurs républicaines que la paix seule permet de mettre en œuvre. Cette signification nouvelle donne aux monuments de pierre une nouvelle postérité. Quant au travail de l'association dont Olivier Mathieu est le président, il prouve que la laïcité détermine aussi une lecture – militante – de l'histoire des hommes.

Pour en savoir plus :

Olivier Mathieu,
président de l'association laïque des amis de Pierre Brizon
9 rue des oeillets 03100 Montluçon
06 08 72 58 14
olivier.fm.mathieu@wanadoo.fr

Le pacifisme dans le Puy-de-Dôme

L’œuvre de réhabilitation des fusillés pour l'exemple est une entreprise nationale. Une association clermontoise déploie aussi une activité et un militantisme intenses dans la propagande pour la paix et la réhabilitation des malheureux fusillés pour l'exemple, dont le destin ne cesse de scandaliser les hommes.

Pour information

Mercredi 18 mai, dans le hall d'accueil de la Coloc'de la Culture a été inaugurée une exposition intitulée « Maudite soit la guerre, réhabilitation collective des fusillés pour l'exemple » pendant la guerre de 1914-1918. La manifestation était présentée à l'initiative de La Libre Pensée, de La Ligue des droits de l'Homme (région Auvergne), de l'Université populaire et citoyenne, de l'Arac 63 et de l'Association laïque des Amis des monuments pacifistes du Puy-de-Dôme

Des monuments pacifistes

Des monuments pacifistes dans l'Allier

Se souvenir est un devoir


En guise de profession de foi

« Se souvenir est un devoir », se souvenir que cette hiérarchie militaire a condamné à mort 2.400 poilus et fait, en 4 ans, fusiller 639 d'entre eux pour l'exemple, des victimes d'une « justice » de terreur. Les autres, condamnés aux travaux forcés, décéderont pour la plupart au bagne. Contrairement au mensonge officiel, ces exécutions de Poilus interviendront dès 1914, avant la justification officielle, donnée par Pétain, des mutineries de 1917.

Le silence, une forme de honte, dura des décennies.

Pour rétablir dans leurs droits des soldats, des hommes, des innocents injustement « assassinés ».

Pour respecter le Droit à la désobéissance, pour respecter le libre arbitre et la liberté de conscience qui doit toujours rester le guide de l'humanité.



D'une amicale a l'autre

Mirefleurs, mille fleurs.

Au plan sémantique, le rapprochement est aisé : il a été maintes fois utilisé. A Mirefleurs comme à Millevache, le nombre mille n’a pas de vertu cardinale mais signifie la multitude. Il sied à cet ancien village vigneron qui domine le val d’Allier et la zone alluvionnaire car il en montre le dynamisme via les 20 associations locales officiellement répertoriées. La FAL y est bien présente et de longue date : SAJ intercommunal pour les ados et Amicale du Foyer de Mirefleurs qui joue là son rôle de porteuse de culture, de sport pour tous, d’enrichissement populaire et de coopération associative en faveur des mirefleuriens.

Depuis sa création en 1973 par l’enfant du pays Jean Culpo, le Foyer Rural a changé de nom, de local mais pas d’objectifs : animer la commune et ouvrir au plus grand nombre les voies de l’Education Populaire. Objectifs largement partagés par Jean Baridon, le maire actuellement aux manettes, qui joue ainsi le jeu de la reconnaissance du travail accompli. Ces bonnes relations permettent à l’Amicale de bénéficier de locaux fort opportunément utilisés par les animateurs, tous bénévoles, réunis autour de Nicole et Jean-Claude Stabler.


Aéro Gym (Francette Drouillat),
Randonnée et Loisirs Créatifs (Nicole Stabler),
Patrimoine (Jeanine Vialatte),
Gym d’entretien (Nicole Stabler),
Beaux-Arts (Henri Marleix),
Travaux d’aiguilles (Joëlle Fayat),
Théâtre (Alain Mocaer)
autant de points d’accueil qui, s’ils ne réunissent plus les 400 adhérents des années 80/90, fédèrent largement 200 amateurs de Mirefleurs et des environs.




L’image de l’Amicale du Foyer de Mirefleurs serait bien incomplète si n’y figurait pas l’incontournable coopération associative. Car, longues années de vie obligent, l’association dispose d’un solide fond de matériel qu’elle met à disposition des associations voisines. Cette coopération passe aussi par la participation aux manifestations inter-associatives telles la Fête de la musique, par l’aide aux Parents d’élèves, par un don à l’ASLI qui assure l’aide aux devoirs pour les enfants qui le souhaitent. Et imparablement, cet élan en faveur de l’école et de la jeunesse donne lieu à de jolis moments de mémoire collective : fresque scolaire et chorale d’enfants ornent ainsi le livre des riches heures des mirefleuriens de tous âges. 

 La complémentarité trouve sa force dans l'association des savoirs au service des causes universellement humaines : la Culture Populaire est une de ces causes.

L’Histoire aura donc le dernier mot : l’Amicale du Foyer de Mirefleurs a toute sa place dans une commune qui, de 1817 à 1822, a eu pour maire le célèbre compositeur Georges Onslow.


LES PRESIDENTS DU FOYER RURAL DE MIREFLEURS
(ordre chronologique de 1973 à 2019 )
Alexis BONNARD
Jean CULPO
Bernard GUY
Alain ROUBILLE
Marc BONNET
Christian BUR
Jean-Claude STABLER
Brigitte CULPO
Patricia COUTURAUD
Nicole ABGRALL
Alain TITAUD
Jean-Claude PRADIER
Anicette MAREINE
Murielle LABENDA
Agnès PERNET
Alain MOCAER

Bureau de l'Amicale du Foyer de Mirefleurs 2019/2020

Présidente Agnès PERNET
Vice-président  Alain MOCAER
Trésorier Alain FIX
  Trésorière adjointe Myriam PONCET
      Secrétaire Sandrine MAUBROU
Secrétaire adjointe Delphine DEVILLARD
Responsable du matériel Jean-Pierre BOGAERTS

 

                                                              

Ceyrat – Danses d’ailleurs et d’ici

Il y a 2 ou 3 ans, la section danse du Foyer des Jeunes de Ceyrat décide de devenir une association à part entière : Danses d'ailleurs et d'ici.

Et tout de suite (« aux âmes bien nées la valeur n'attend pas le nombre des années ») tout de suite donc, ces danses d'ailleurs et d'ici se mettent à faire tourner le monde autour de Ceyrat sous l'impulsion de la présidente Geneviève Moreau et d'une majorité de femmes. Car il faut bien le dire, les gars votent rarement pour la danse, en loisir principal. « Eperons » toutefois que des cavaliers se mêlent bientôt à celles qui sont déjà dans le manège.

Ce manège tourne chaque jeudi soir à l'Espace Culture et Congrès Henri Biscarrat. Le menu est concocté par la maîtresse de danse Catherine Aubert, animatrice bénévole.

Dans une ambiance chaleureuse, elle vous emmène à la découverte des danses traditionnelles de l'Europe, en ronde ou en ligne, à deux, trois, quatre ou plus, ou tous ensemble, avec les horas de Roumanie, les contredanses d'Angleterre, les sauts du Pays Basque, les sardanes catalanes... et les danses de chez nous.
La richesse des pas est infinie, il y en a pour tous les goûts et toutes les oreilles.

La danse est le plus sublime, le plus émouvant, le plus beau de tous les arts, parce qu'elle n'est pas une simple traduction ou abstraction de la vie : c'est la vie elle-même.

Ici, à Danses d'ailleurs et d'ici, il n'y a pas de mous du genou, ceux de la flemme et co, de la caste à niet, ici ce lot de danseurs n'a pas cours. Ou alors, dès la première animation, en octobre, ils retrouvent de l'énergie, « la vie elle-même », il leur suffit de donner la main et de se laisser guider.

Ce travail d'atelier se concrétise par des bals où des danseurs de tous âges, sur des musiques entraînantes de Pérotine ou d'autres musiciens invités (Dadja, Serge Desaunay, Abraçebraç...) emmènent le public, tels des hologrammes d'Aznavour, « au bout de la terre, aux pays des merveilles ».

Ces bals à l'ambiance conviviale, souvent avec les mêmes musiciens et des animatrices pour apprendre à danser aux novices, rencontrent beaucoup de succès. « Lors des derniers bals, la salle de l'ECC semblait presque trop petite. Tous les danseurs présents, qu'ils soient confirmés ou néophytes, ont contribué à la joie collective ».

Le prochain grand bal est prévu en mai 2020.

En attendant cette échéance, les Ceyratois sont passés dernièrement du dancefloor au grand écran avec le film
« Le Grand Bal » dont Télérama a dit :

C'est l'histoire d'un bal. D'un grand bal. Chaque été, plus de deux mille personnes affluent de toute l'Europe dans un coin de campagne française. Pendant 7 jours et 8 nuits, ils dansent encore et encore, perdent la notion du temps, bravent leurs fatigues et leurs corps. Ça tourne, ça rit, ça virevolte, ça pleure, ça chante. Et la vie pulse.
Accro aux bals traditionnels depuis son adolescence, Laetitia Carton, la réalisatrice, capte magnifiquement les corps-à-corps des danseurs et l'ivresse du mouvement. Ce film à l'énergie communicative restitue toute la magie d'une parenthèse chorégraphique.

La projection fut bien sûr suivie d'un « petit bal » car ayant slow à la bouche, ou danses collectives, ou danses de couples, le public voulait « vivre en direct la magie du film, avec là aussi une animation d'apprentissage des danses pour que chacun participe à la fête ».

Comme on le voit, l'association « Danses d'ailleurs et d'ici » garde son esprit de convivialité, ses rêves de partage et d'enrichissement culturels.
Elle reste enracinée à Ceyrat (elle ne se produit pas à l'extérieur), enracinée à l'ECC Henri Biscarrat (Henri Biscarrat, ancien maire de Ceyrat, fut pour les normaliens des années 1970, un prof de géo et d'histoire, plein de malice et d'humanité, dont les « somme toute, jeunes gens » résonnent encore en eux comme un cri de ralliement et de tendresse).

Avec ses musiciens, ses danseurs, ses intervenants comme Dominique Daron, ses animatrices, sa vingtaine d'adhérents, ses dirigeants, sa présidente, les cotisations et la subvention municipale, l'association « Danses d'ailleurs et d'ici » est bien armée pour faire danser le monde encore longtemps autour de Ceyrat, provoquer de belles rencontres et faire tricoter des milliers de jambes comme autant d'aiguilles qui, somme toute, sont parmi les plus aptes à ravauder le tissu social qui, dit-on, se déchire.

Avec les DDEN

Congrès des DDEN

   Les DDEN réunis en congrès annuel ont approuvé le 16 juin à l’unanimité la RÉSOLUTION GÉNÉRALE suivante : 

« Réunis du 14 au 16 juin 2019, à Rennes, pour leur 105ème congrès national, les Délégués Départementaux de l’Éducation Nationale rappellent que l’avenir de notre pays repose, en partie, sur la qualité de son école publique, laïque. L’investissement consacré à ce maillon est déterminant pour notre cohésion nationale. L’enjeu républicain de l’Ecole laïque est la République et réciproquement.

Pour servir l’intérêt général, face aux diversités démographiques, géographiques et sociales, la puissance publique n’a d’obligation constitutionnelle qu’à l’égard du seul service public laïque d’éducation. Les DDEN dénoncent les aides et privilèges croissants que la puissance publique accorde à une concurrence privée, qui fonctionne et s’administre sur le mode libéral pour des intérêts particuliers ou communautaristes. L’instruction obligatoire à 3ans offre une nouvelle manne à l’enseignement privé. Les DDEN affirment qu’une instance indépendante telle que le CNESCO (Conseil National d’Evaluation du Système Scolaire) est indispensable à une évaluation impartiale du système éducatif et souhaitent son maintien

· Au nom de l’intérêt de l’enfant : L’École publique a l’obligation d’accueillir tous les jeunes, au-delà de l’origine des familles, des inégalités sociales et des convictions particulières des uns et des autres. Elle doit répondre à l’exigence de laïcité, à l’accès à une culture commune partagée afin de devenir des citoyens libres et responsables.

Les DDEN revendiquent le maintien de la semaine de quatre jours et demi pour alléger les journées scolaires. Le statut dérogatoire des quatre jours nuit à une organisation sereine, à   l'intérêt général des enfants, et à leurs temps de vie.

Les DDEN regrettent le manque de cohérence dans l'enchaînement des réformes proposées par le ministère. La loi « Ecole de la confiance » ne répond pas à la définition de l’Ecole de la République émancipatrice, laïque et gratuite portée par les DDEN.

Le droit à une éducation de qualité est inscrit dans la Constitution. Cette éducation doit offrir à chaque enfant la possibilité de s’émanciper, d’acquérir des savoirs et de s’insérer dans la société d’où qu’il vienne et quel que soit le statut de sa famille.

Les DDEN rappellent la spécificité de l’Ecole maternelle française qui respecte les rythmes d’apprentissage de chaque enfant. Les DDEN réaffirment leur attachement à un enseignement de qualité dispensé par des professeurs des écoles.

Les DDEN militent pour le rétablissement d’une véritable médecine scolaire. Ils demandent l’amélioration et l’individualisation de l’accompagnement des enfants en situation de handicap pour une réelle "école inclusive" et des solutions pérennes pour les enfants qui ne peuvent pas être accueillis à l’école. Ils demandent  le rétablissement  de réseaux d’aide complets.

· Au nom de l’égalité en éducation : Les DDEN s’opposent à l’émiettement territorial et à l’individualisation du rapport à l’école, mesures qui, au nom de l’autonomie des établissements, menacent l’égalité devant le droit en éducation et l’unicité de notre système éducatif ;

Les DDEN exigent les moyens nécessaires pour combattre les inégalités et les exclusions dans les territoires ruraux et les zones difficiles.

Les DDEN demandent une vigilance accrue concernant la création d'écoles hors contrat et l’enseignement à domicile. Le contrôle prévu par la loi doit être effectif pour lutter contre  toutes dérives radicales. Peut-on laisser penser qu’au nom de la liberté une réforme du gouvernement puisse justifier une libéralisation et une marchandisation à tout va du service public de l’enseignement de l'éducation et de la culture ?

· Au nom de la Laïcité : Les DDEN rappellent leur indéfectible attachement à la liberté de conscience et à l’égalité en droit de tous les citoyens au regard de toutes les convictions religieuses, philosophiques ou autres.

Les DDEN, fidèles au Serment de Vincennes, demandent l’abrogation des lois scolaires anti laïques de la loi Debré à la loi Carle afin de ne pas financer la concurrence de l’École publique et d’éviter les enfermements communautaristes. Les DDEN s'élèvent contre le financement par les communes des classes maternelles privées, suite à l'obligation de scolarité à 3 ans.

Les menaces sur la loi de 1905 perdurent. Les DDEN maintiennent leur vigilance et s'opposeront à toute atteinte à cette loi de paix et de cohésion sociale.

· Les DDEN médiateurs de l’Ecole publique : Dans le rôle que leur confère leur fonction institutionnelle, les DDEN demandent une participation délibérative et non plus consultative aux Conseils Départementaux de l’Éducation Nationale.  Le ministre de l’Education Nationale a écrit : « l’Ecole a besoin de vous comme de toutes les bonnes volontés pour relever les défis du XXI ième siècle et demeurer un repère dans notre société ».

Après les paroles, les DDEN attendent des actes. »

Pour les DDEN de l’UD 63,  Anne-Marie Doly

Education & loisirs

Stage Danses du Sud de l’Europe

23 et 24 novembre - Salle Leclanché à Clermont-Ferrand

La commission de bénévoles « Danses du Monde », œuvrant au sein du service culturel de La Ligue de l’Enseignement (FAL 63) vous propose un deuxième stage de Danses du Monde :

Stage de Danses du Sud de l’Europe, animé par Sylvie Berger et Serge Desaunay, les 23 et 24 novembre à Clermont-Ferrand.

Puisant dans sa passion des cultures régionales, Sylvie pratique et transmet avec enthousiasme les danses traditionnelles d’Occitanie, d’Italie du Sud, de Catalogne.

Et vous aurez le plus grand plaisir d’être accompagnés en musique par Serge, accordéoniste de renom, compositeur, à l’aise dans de multiples répertoires de différents horizons.

Bénéficiez d’une réduction pour les inscrits avant le 2 novembre ainsi que pour les adhérents FAL, UFOLEP, USEP !

Le stage est ouvert à tous, débutants ou confirmés désireux de découvrir de nouveaux pas, de retransmettre les danses apprises au sein de leurs ateliers ou tout simplement de partager un moment dansé !

Si vous désirez manger sur place avec les autres stagiaires vers 19h dans une ambiance conviviale, prévoyez d’apporter un plat sucré ou salé et une boisson à partager ainsi que verres, assiettes et couverts. Hébergement possible chez l'habitant.

Contact : Anna Martinez 04 73 14 79 16 / amartinez@fal63.org

L’accordéon dans le grenier

A mon père
de Michel Collonge


Les dimanches d'été
mon père monte dans le grenier
il tire une chaise
devant la fenêtre ouverte
 
puis sur ses genoux délicatement
il installe l'accordéon
ses doigts jouent d'abord
sans toucher les boutons
pour une silencieuse répétition
puis une minute d'hésitation
et les doigts jouent pour de bon.
 
Les doigts calleux et crevassés
jouent tant bien que mal
des refrains de bal
java bleue valse musette  
qui descendent par la fenêtre
qui descendent par l'escalier
nous dire que pour une fois
le père ne pense plus à travailler.
 
Les dimanches d'été
où le grenier est tout ébloui
sont peu nombreux en vérité
l'accordéon passe toujours
après les outils.

Lire des histoires aux enfants avec Lire et faire lire !

Depuis sa création en 1999, Lire et faire lire permet à des bénévoles de plus de 50 ans de lire des histoires aux enfants. Ce sont aujourd’hui plus de 17200 bénévoles qui interviennent dans 9400 structures éducatives, partout en France, animés du désir de partager avec des enfants le plaisir de fréquenter les livres et d’entrer plus avant en littérature.

Dans le Puy-de-Dôme, la Ligue de l’enseignement accompagne les 130 lecteurs bénévoles pour la mise en place de séances de lectures, en petits groupes (6 enfants maximum), au sein de structures éducatives (écoles primaires publiques, accueils de loisirs, structures petite enfance, collèges…), une ou plusieurs fois par semaine, durant toute l’année scolaire, dans une démarche axée sur le plaisir de lire et la rencontre entre les générations.

Parce que partager le plaisir de la lecture est une priorité éducative et culturelle et pour permettre à toujours plus d’enfants de bénéficier de séances de lecture avant leur entrée au collège, Lire et faire lire 63 cherche de nouveaux lecteurs.

Vous désirez consacrer une partie de votre temps aux enfants de votre département afin de leur permettre de développer leur goût pour la lecture ?

En devenant bénévole de Lire et faire lire, contribuez à faire progresser la cause du livre et de la lecture tout en enchantant votre quotidien !

Renseignements auprès de la Ligue de l’enseignement du Puy-de-Dôme (FAL 63) : lireetfairelire63@fal63.org ou 04 73 14 79 08.

Rentrée des associations théâtre et danse

L'heure de la rentrée a sonné pour les associations culturelles. Les ateliers théâtre et danse ont repris pour plusieurs d'entre elles. L'occasion de ne pas perdre de temps pour se retrouver et échanger sur les envies, besoins et sur les projets artistiques et culturels à mener avec la FAL pour cette nouvelle saison.

Les deux prochains rendez-vous à venir :

Réunion de rentrée des associations de théâtre

  • Mardi 8 octobre à 18h30 dans les locaux de la FAL 63 à Clermont-Ferrand. Temps de travail ouvert à toutes les associations de théâtre. Nous parlerons de propositions de stages, de rendez-vous théâtre, de spectacles à découvrir, actualités associatives, etc... La vie du réseau en somme !

Stage de danses collectives d'animation

  • Samedi 12 octobre à partir de 15h, animé par Catherine Aubert, maison de quartier de Champratel, Clermont-Ferrand. Stage ouvert à tous, débutants ou confirmés réunis pour le plaisir de danser. Inscription à tarif réduit pour les inscrits avant le 28 septembre.

Une réunion de rentrée sera aussi proposée prochainement aux associations de danse.

Contact / renseignement : Anna Martinez - 04 73 14 79 16 / amartinez@fal63.org

Idées

L’eau

par Roland Moulin

Pendant que le président Macron vole de tribune en tribune pour se présenter comme le chantre de l’écologie, pendant que Greta Tunberg attaque la France au nom des droits de l’enfant, la cuisine va bon train dans les préfectures. On y utilise une casserole laissée par le gouvernement Sarkozy et adaptations postérieures dues madame Ségolène Royal : la loi sur l’eau de 2006 donne aux préfets le pouvoir de gestion des cours d’eau de France. Ce retour « aux sources » aurait pu être salutaire mais c’était sans compter sur les trous de la casserole : la définition d’un cours d’eau n’a jamais été donnée, porte ouverte à toutes les interprétations et, localement, les représentants de l’Etat sont soumis au lobbying forcené de la FNSEA, syndicat agricole aux vertus écologistes bien connues.

C’est ainsi que, dans certains départements, la nouvelle carte hydrologique récemment parue a fait disparaître un nombre important de cours d’eau pourtant bel et bien existants. Dans le Maine-et-Loire, 1 500 écoulements sur les 9 000 qui figuraient sur la carte de l’Institut géographique national ont disparu. Dans le Marais poitevin, il y a une perte énorme. En Tarn-et-Garonne, près de 30 % des cours d’eau ont été déclassés. En Indre-et-Loire, 43 % des zones précédemment protégées ne le sont plus. En Auvergne-Rhône-Alpes, les douze préfets ont adopté des textes identiques, se référant uniquement à la carte IGN, « comme si la géographie du Puy-de-Dôme et celle de la Haute-Savoie étaient les mêmes ». Les nombreuses zones humides et autres aires Natura 2000 n’ont ainsi pas été prises en compte. Ceci pourrait entraîner une sous-estimation allant jusqu’à 30 % de la réalité hydrologique » selon Emmanuel Wormser, juriste de la Frapna.

Pourquoi une telle bataille ? La loi impose une bande d’exclusion agricole au minimum de 5 mètres de part et d’autre d’un cours d’eau, bande sur laquelle tout traitement phytosanitaire (!) est interdit. Si le cours d’eau n’existe officiellement plus, exit la zone de protection. La culture et les traitements qui l’accompagnent sont rendus possibles jusqu’au droit du lit du ruisseau.

Et pendant ce temps-là, monsieur Macron cause.

Mémoires ouvrières du Puy-de-Dôme

Université Populaire et Citoyenne (Éditions La Galipote)

par Marcel Col

Bertolt Brecht a écrit un merveilleux poème : « Questions que se pose un ouvrier qui lit » que nous avions publié avant l'été dans notre journal. Mais le recueil que nous propose l'Université populaire et Citoyenne 63 contient plutôt des réponses et des témoignages. Eugène Chaput, ancien ouvrier du bâtiment, les mineurs de Brassac et de Saint Eloy, Madame Chouvy l'institutrice, les membres du Comité républicain de Jozerand, Jo Vernet syndicaliste à la Banque de France, sans oublier les ouvriers Michelin ou d'Amisol et la remarquable Sophie Blum originaire de Franche-Comté, résistante, militante écologiste, créatrice d'une association pour la préservation des côtes de Saille au-dessus de Saint-Nectaire, ont été interviewés par Eric Panthou, Jean-Michel Duclos, Françoise Vergne...
Sur la quatrième de couverture, on peut lire l'hommage à ceux qui ont été les acteurs des luttes mais aussi les témoins des conditions de vie et de travail des habitants du Puy-de-Dôme depuis la Première Guerre mondiale jusqu'à nos jours.

La plupart étaient militants syndicaux. Ils ont lutté pour de nouveaux droits, pour défendre leur métier, défendre les autres, pour la santé au travail, pour l'écologie, pour la connaissance… 

Françoise Vergne, animatrice du groupe de l'UPC63, a rédigé avec leurs témoignages ce petit livre où chaque page compte pour la mémoire et peut-être aussi pour l'exemple.
Nous avons choisi de retenir quelques propos de Madame Chouvy, institutrice à Teilhède en 1929…  qui n'allait pas à la messe et lisait Le Populaire et l'Humanité…

 La politique déclarait-elle ça ne me disait pas grand-chose ; Freinet m'intéressait davantage [...] ce qui m'a amenée à la politique ce sont mes lectures, mes réflexions et mon jugement sur les gens bien-pensants que je voyais fréquemment à l'église et que je voyais agir [...] 

Les auteurs du livre consacrent aussi une quarantaine de pages à l'entreprise Michelin et à la vie des ouvriers dans cette usine : l'ambiance de travail, le mépris et l'humiliation subis par les ouvriers (plusieurs évoquent le chronométrage des « besoins naturels »), l'emprise patronale (être ou ne pas être un « vrai Michelin »), l’éducation et les « écoles Michelin » (qui ont été abandonnées au public en 1965…  mais pas l'enseignement technique et professionnel. Il s'agissait de former de bons ouvriers !) les SOCAP, le logement dans les cités Michelin de La Plaine, la santé, les licenciements, mais aussi la syndicalisation et la participation aux mouvements nationaux : grèves de l'après-guerre, grève de 1968… et la conclusion est apportée par Solange Chalus l'une des ouvrières interviewées : Les travailleurs n'ont eu aucun avantage sans lutte et n'en auront pas. Je ne sais pas si des fois on ne se dit pas : « On a ça, c'est venu tout seul ».

Beaucoup de ces militants ont disparu. Il reste leur mémoire et peut-être l'espoir qu'un jour leur nom sera celui d'une rue, d'un rond-point ou d'une place publique, pour remplacer la rue du Devoir, de la Volonté, de la Vaillance, de la Bienfaisance, de l'Espérance et du Courage, dans les cités Michelin.

La mascarade du Brexit

par Pierre MIELE *

Tout au long des trois dernières années, les commentateurs expliquent, unanimes, que le « Peuple anglais » a choisi le Brexit, ce peuple jamais content, aux revendications hétéroclites ; pas celui des villes, satisfait de son sort, ni celui de la jeunesse tellement avide de voyages sans frontières, d’émulation et de productivité au travail, de consommation tous azimuts, et tellement consciente des enjeux écologiques ; mais celui des campagnes et celui des banlieues, inculte, conservateur, celui qui a spontanément peur de l’étranger, prêt à entraîner le pays dans n’importe quelle aventure nationaliste… Le Brexit serait une catastrophe pour l’Union Européenne et une catastrophe pour les Anglais.

Mais de quels arguments rationnels dispose-t-on pour s'en faire une idée ?

Le Brexit était certes peu souhaitable pour l’Union Européenne,

- la sortie d’un des pays membres peut inciter d’autres pays membres à sortir également d’une U.E. contestée, ou du moins d’en faire le chantage pour obtenir des conditions particulières ;

- une frontière entre les deux Irlande ne peut pas être rétablie sans risquer de ranimer un conflit entre elles  ; les gouvernements anglais ont beau jeu d’en brandir la menace ;

- l’Angleterre n’est pas la Grèce ou le Portugal… Elle est une puissance économique et financière capable de concurrencer celle des plus grandes puissances européennes, la France, l'Allemagne ; outre la nécessité de pérenniser des accords de coopération en cours sur des grands programmes industriels, militaires, il y a celle de conserver au business européen l’accès au marché du Commonwealth, et celle d’éviter un accord déloyal des anglais avec l’ami américain qui n’attend que cela.

Mais en fait, le Royaume Uni n’avait encore jamais adhéré à un projet européen commun !

En restant en dehors de la zone Euro et de la zone Schengen, il n’a jusqu’ici souscrit qu’aux avantages de la libre circulation et de l’union douanière pour le commerce ; il a conservé son autonomie budgétaire et échappe ainsi aux règles budgétaires de la Commission ; il a conservé son indépendance en matière de législation du travail et sur l’accueil ou non des immigrés.

En 1979, Margaret Thatcher, avait obtenu un rabais sur la participation de son pays au budget communautaire, et en 2016, c’est en réclamant une révision des Traités pour obtenir de nouvelles dispositions financières et anti-sociales plus favorables à l’Angleterre libérale que Cameron a menacé l’UE de la sortie par référendum. Alors, que veulent encore les pouvoirs anglais qu’ils pensent obtenir par un Brexit, avec ou sans accord ?

L’U.E. saura-t-elle bien résister au chantage ? Après avoir espéré un non-respect du choix des électeurs britanniques, n’a-t-elle pas tout accepté sous réserve d’un accord sur la frontière irlandaise, dont un délai renouvelé contre toute logique au-delà des élections du Parlement européen !

Peut-on encore prétendre que le Brexit a été un choix du peuple anglais ?

… ou pire, que ce peuple ou du moins une plus large partie, serait devenu nationaliste ?

1- les Britanniques ont certes décidé le Brexit par référendum, à 52%, mais près de 30% d’abstention  ;

2- les jeunes auraient voté plus massivement contre ? Les 18-25 ans qui ont voté, ont voté contre le Brexit à 72% pour 48% globalement mais ils n’ont été que 36% à se rendre aux urnes pour 72% globalement ! Les ouvriers auraient-ils massivement voté pour le Brexit ? la manipulation des chiffres par les commentaires est la même que pour les jeunes !

Les citadins des grandes villes et les ruraux ont voté dans des proportions symétriques, ce qui semble bien refléter la symétrie de leurs niveaux de vie moyens respectifs.

3- on constate qu’au bout de trois ans, les partis politiques anglais se sont finalement tous peu ou prou ralliés au Brexit, ne se déchirant plus guère que sur la question d’une sortie avec ou sans accord avec l’U.E., cet accord ne portant guère que sur la frontière avec l’Irlande ;

Alors... Le Brexit résulte-t-il d’une adhésion grandissante aux idées nationalistes effectivement diffusées, ou du renoncement d’un électorat désespéré par sa classe politique.

Le peuple anglais pâtira-t-il du Brexit ?

- bien avant que le Brexit soit effectif, la situation sociale des anglais est très dégradée (précarité des emplois, absence de couverture sociale) ; les services publics  quasi inexistants ; et les inégalités sont parmi les plus fortes en Europe  !

- les grands organismes financiers mondiaux (banques, FMI, agences de notation,…) n’envisagent les conséquences du Brexit que sous l’angle de possibles spéculations (mouvements boursiers, retrait des investisseurs, délocalisation des sièges, …) et baisse de la croissance et donc baisse des revenus et augmentation du chomage, (voir par exemple « les 13 conséquences « concrètes » du Brexit » énoncées par CNEWS du 12 aout 2019)… ; apportant ainsi la preuve, s’il en était besoin, que le Monde n’est dans leur raisonnement qu’un jeu de Monopoly dont les bénéfices sont concentrés et les éventuelles pertes distribuées ;

- la Livre Sterling fait l’objet de spéculations mais se porte encore bien, la City n’a toujours pas à craindre une absorption par Paris ou Berlin, les exportations vers les pays d’Europe demeurent florissants (profitant de la baisse de la Livre !) .

Alors,… L’hypothèse la plus vraisemblable n'est-elle pas que le Brexit ne changera rien au sort des anglais dans leur immense majorité, ni celle des plus modestes, ni celle des plus riches…

Une conclusion

Tout se passe comme si les relations entre l'U.E. et le Royaume-Uni ne dépendaient réellement ni de l'opinion publique, de toutes façons manipulée, ni des dirigeants élus ou des candidats à l'être dont l'avis sur le sujet relève plus de tactique électorale que de projet politique.

Seul semble bien compter en revanche le rapport de force économique et financier : l'influence des organismes financiers mondiaux et les stratégies des entreprises multinationales (pour la localisation de leurs sièges par exemple).

Le jeu des partis et leader politiques que nous content les medias ne serait donc qu’une mascarade : celle de partis divisés cherchant à maintenir leurs sièges, et n’ayant d’autre ambition que servir et pérenniser un système ultra-libéral où seule la recherche du plus grand profit compte. Comme dans d’autres social-démocraties libérales, ces partis jouent sur les peurs et les croyances pour obtenir des votes sans adhésion aux programmes politiques. L’Europe et les migrants ont servi de boucs émissaires pour Cameron puis pour tous ceux qui lui ont succédé, comme explication des difficultés sociales, des salaires bas, de la précarité. Et Corbyn de tergiverser.

Le monde des affaires s'apprête, lui, à remplacer les accords de l’U.E. par des accords bilatéraux avec les pays d’Europe, à commencer par la France et l’Allemagne ! L'U.E. devra régler la question des frontières sur le modèle des frontières avec la Suisse, Irlande oblige, mais surtout libre circulation oblige !

Et l'on continuera à parler anglais dans les rencontres internationales.

*Article extrait du Cahier n°19 "L'Europe entre désir et réalité", publication du Cercle Condorcet de Clermont-Ferrand, à paraître.

Divers

Un convoi pour la Casamance

A LA RENCONTRE DE L'HUMANITE

par Alain Bandiéra

Le film d'une mission insolite, la "Route de la Solidarité et de l'Amitié, à destination de la Casamance", a été présenté à une centaine de spectateurs invités par l’Amicale laïque et le comité des fêtes de Saint-Eloy- les-mines. Au cours du débat qui a suivi la projection, le public a fait part de son émerveillement aux membres de l'association.

En novembre 2019, 18 voitures Renault Kangoo repeintes en sable crème blanc partiront de Clermont-Ferrand en convoi pour un périple de 6500 km à travers l'Espagne, le Sahara, le Maroc la Mauritanie et enfin le Sénégal, jusqu'en Casamance, sa région sud. Cette caravane des temps modernes est composée d'une vingtaine de véhicules et une quarantaine de bénévoles, dont un tiers de femmes ; des médecins, des mécaniciens, des cuisiniers participent à l'entreprise. C'est le 13è convoi de ce type, à raison d'un convoi tous les 2 ans, œuvre d'une association auvergnate : « les anciens et les amis de la Casamance ». Les véhicules emportent une cargaison importante de nourriture, de médicaments ainsi que du matériel scolaire, du matériel informatique et des pièces de rechange pour l'entretien mécanique.

Le film relate l'histoire des douze premières expéditions qui ont eu lieu à partir de 1993.

Les premières séquences du film montrent des femmes, des hommes, des enfants en costumes d'apparat chatoyants qui chantent et qui dansent pour exprimer leur joie et leur gratitude. Ils ont organisé une fête en l'honneur d'une ambulance remise par l'association. Dans tous les villages bénéficiant de cette mission c'est la même allégresse et la même gratitude. C'est ainsi – comme le soulignait le gouverneur de Zinguichor – « qu'un adolescent chu d'un palmier a pu être sauvé de justesse grâce à l'ambulance dont dispose le service médical » Chaque jour, souligne le notable, 150 ambulances, parcourent la Casamance pour évacuer les femmes enceintes, les blessés, les malades.

Une poignée de bénévoles, qui ne reculent pas devant les risques d'un périple autrefois dangereux et qui reste long et fatiguant, contribue ainsi à la survie, à la sécurité, et d'une certaine manière, au bonheur d'une population : c'est le miracle de la solidarité. Au bout du périple, les fêtes qui accueillent le convoi, la joie des populations, et l'enthousiasme des enfants sont, pour les membres de l'association, une récompense véritable.

Le film ressemble à un vrai film d'aventures où se multiplient les épreuves, et les obstacles à surmonter. Le long convoi des voitures sillonne, par tous les temps, les routes africaines, quand elles sont praticables. Jusque vers 2008, il fallait à travers le Sahara et la Mauritanie suivre une piste incertaine, exposée aux mines enfouies depuis le dernier conflit ; depuis une route a remplacé les pistes de sable, mais il faut parfois vaincre un vent de sable qui risque d'endommager les véhicules. Sur un passage délicat qui suit les berges du fleuve Sénégal, les convoyeurs doivent redresser un camion qui menace de se renverser dans le fleuve. La caméra saisit dans son champ une araignée monstrueuse et un scorpion effroyable qui se faufilent entre les roues ; le convoi double aussi des charrettes surchargées, tirées par des ânes, un troupeau de dromadaires, et traverse un parc naturel peuplé d'une faune extraordinaire. Ces images spectaculaires ne constituent pas cependant l'essentiel du reportage.

C'est l'émotion qui l'emporte dans ce témoignage. Émotion difficile à exprimer, selon une militante de l'association. Car l'équipage a fait, lui aussi, l'expérience de la solidarité dans cette coopération permanente au service de leur mission.

De nombreux bénévoles ont participé à sa préparation, à la récolte des véhicules et leur remise en état. Des élèves de lycées professionnels et de CFA se sont vus confier la réhabilitation d'un véhicule et ont ainsi trouvé un sens nouveau – et gratifiant – à leur apprentissage. Par exemple, après plusieurs mois de travail acharné, les apprentis du CFA de la FFC (Fédération Française de la Carrosserie), situé à Villeneuve-la-Garenne (92), ont remis les clés d’un Kangoo 4X4 entièrement remis en état (mécanique et carrosserie) à l’Association. Le véhicule interviendra dans le cadre de l’assistance médicale dans les régions reculées au Sud du Sénégal.  Si la notion du « vivre ensemble » a un peu disparu des préoccupations actuelles, c'est pourtant une autre expérience faite par l'équipage qui tire de l'aventure « une leçon de tolérance ».

Pour le spectateur, au-delà de l'exotisme et des particularismes des mœurs, des costumes, le film témoigne de la découverte de « l'humaine condition » au terme du voyage, toutes épreuves surmontées, c'est toujours les hommes qu'on retrouve et, grâce à cette rencontre, c'est la conscience de l'universel qui nous est donnée.

Dans une clairière minuscule, délimitée par des arbres gigantesques, voilà qu'on nous présente un vrai roi qui se réclame des racines et des traditions ; ce roi prend très au sérieux l'exercice du pouvoir qui lui est confié : « pour la paix, pour la prière, pour la médiation et pour l'aide aux indigents » ; un vrai programme politique fondé sur des valeurs auxquelles tous les hommes peuvent se rallier. Les mêmes convictions éthiques animent le proviseur du lycée Gignabo de Ziguinchor, également historien et très investi dans sa mission d'éducation, célébrant avec ferveur la culture et la vitalité de son peuple : « C'est surtout sa culture... C'est vraiment une des réserves très profonde de la tradition africaine, faite de solidarité, d'un certain nombre de valeurs structurées, forgeant des hommes et des citoyens avec des valeurs véritablement positives, pour construire une nation forte. C'est une richesse importante ».

Après un tel reportage, on n'accordera plus la même valeur aux termes de modernité et de civilisation. Des femmes se sont ardemment engagées dans un combat pour la reforestation des mangrove, et défendent leur environnement spécifique, partiellement détruit par les arrachages sauvages de palétuviers. A l'école, les enfants apprennent le français en plus de la langue de l'ethnie locale, mais aussi à chanter et à danser, sauvegardant ainsi l'âme du pays et de son peuple. Il n'est plus juste alors de maintenir désormais le mythe d'une supériorité occidentale.

Le voyage en Casamance n'est ni un voyage de charité, ni une entreprise touristique ; c'est la rencontre entre deux civilisations qui s'enrichissent mutuellement ; c'est la coïncidence entre une mission humanitaire et la volonté des peuples à affirmer et à défendre leur humanité (y compris dans le domaine tangible de la santé). Ainsi, malgré les 6500 kilomètres qui les séparent, malgré le désert et les pistes insalubres, des hommes marchent main dans la main pour accomplir ensemble un pas qui marque l'avancée de l'humanité.

Les 18 voitures Kangoo qui vont prendre le départ cette année ont été donnés par l'entreprise ENEDIS et la municipalité de Clermont-Fd.
Une équipe de bénévoles a assuré la remise en état en mécanique et carrosserie, en confiant une part du travail à des lycées et centres de formation : dans le Puy-de-Dôme, l'Institut des Métiers, rue des Vergnes à Clermont-Fd, et le lycée Roger Claustre ont apporté leur contribution.

Les voitures sont chargées de la nourriture et de pièces détachées, mais aussi d'équipements destinés à des centres de santé et des écoles : le Lycée Sidoine Apolinaire de Clermont-Fd donne des ordinateurs révisés par les élèves du BTS informatique ; le Conseil départemental donne des dictionnaires.

Le film « Route de la Solidarité et de l'Amitié », de Louis Pireyre, réalisé avec des images tournées à l'occasion des différents convois et missions médicales depuis 1993, a été sélectionné et projeté aux « Rendez-vous du Carnet de voyage » de Clermont-Ferrand, édition 2018, parmi les magnifiques documents que ce festival retient chaque année.
Prochaine projection du film : à Saint-Germain-sous -Meymont, 20h30, en présence du réalisateur

Pour la pousuite de son action, l'association recherche :
-des voitures de type Kangoo, en « bon état », ancienneté maxi 2008 ;
-des bénévoles pour travaux de mécanique dans l'atelier d'Olby ;
-des dons en euros (sans limite), possibles en ligne sur « Hello Asso »

Les Anciens et les Amis de la Casamance
solidarite-casamance@laposte.net
https://solidarite-casamance.fr

FORUM

Obligation scolaire à 3 ans !

par Roland Moulin

Non, bien sûr, il ne s’agit pas d’une attaque ad-nominem contre l’homme Blanquer. Son nom est seulement le symbole de la politique qu’il mène comme avant lui le malfaisant Darcos, le transparent Chatel, le garagiste futuroscopique Monory et le bricoleur Jospin qui n’a jamais su mesurer les conséquences de ces décisions.

Ceci posé, il est important de savoir que ce Blanquer-là n’est pas tombé de la dernière pluie. Le quidam a été le directeur de l’enseignement scolaire de Luc Chatel. Avant cela, de 2004 à 2006, il a été recteur du département de Guyane. Alors Blanquer devenu ministre fait preuve d’une belle tartuferie quand il pose l’obligation scolaire dès l’âge de 3 ans. Administrativement, cela ne changera rien pour 98 % des enfants de métropole qui sont déjà scolarisés. Les 2% des enfants qui échappent à l’école maternelle le font dans les territoires ultra-marins de la Guyane et de Mayotte. Et là, la situation scolaire est particulièrement édifiante. « Certains élèves n'ont pas accès à l'école à Mayotte et en Guyane, faute de classes et d'enseignants qualifiés, et l'échec scolaire y est accentué » comme le dénonce, le jeudi 6 juillet, la Commission nationale consultative des droits de l'Homme (CNCDH). La commission poursuit en ces termes :"l'obligation scolaire peine à être respectée", même si estimer le nombre d'enfants non scolarisés relève de la gageure. La scolarisation des enfants de moins de 3 ans est presque inexistante, celle des 3 à 5 ans défaillante, les efforts se concentrant surtout "sur les enfants âgés de 6 à 16 ans", soumis à l'obligation scolaire, alors que l'accès à l'école n'est pas non plus assuré à tous, notamment lorsqu'ils sont étrangers ou en situation de handicap. En cause notamment un important déficit de structures d’accueil. En 2013, à effectif égal la Guyane disposait de 16 collèges et de 20 lycées de moins que la Martinique.

Pas brillant pour l’ancien recteur de la Région-Département.

Mais alors pourquoi cette obligation scolaire imposée sous couvert de principes humanistes ?

L'article 11 imposant l'instruction à 3 ans entre en application à la rentrée ainsi que le 14 qui prévoit la mutualisation des moyens d'accueil des petits enfants et par exemple leur inclusion dans des classes d'école élémentaire. Les articles 17 et 18 sur l'indemnisation par l'Etat des communes pour les dépenses afférentes aux maternelles du privé entrent aussi en application. On touche là au second impact de la loi (après l'élémentarisation de la maternelle) : le transfert d'une centaine de millions vers les écoles privées. Ainsi, Blanquer répond favorablement à une très ancienne requête de l’enseignement privé. Pour de nombreuses communes cette dépense supplémentaire devra être prise pour les deux prochaines années (avant versement Etat) sur les dépenses scolaires habituelles, c'est-à-dire aux dépens des écoles publiques.

Concomitamment à cette obligation scolaire dont les motivations réelles sont soigneusement camouflées, c’est un principe fondateur de l’Ecole Maternelle Française jusqu’ici mondialement reconnue et ardemment défendue par l’AGEEM* qui est remis en cause. Car, au moins symboliquement, cette circulaire de rentrée marque un tournant où l’école maternelle est consacrée comme lieu d’instruction. L’idée même d’éducation semble avoir disparu des préoccupations officielles. Le texte le signifie tout à fait : la totalité des 24 heures hebdomadaires doit être consacrée à l’enseignement et seule une concession apparaît pour les plus jeunes enfants qui auraient besoin de faire la sieste !

« On insistera particulièrement sur les connaissances en matière de phonologie, de syntaxe et de lexique ». On peut difficilement être davantage tourné vers un enseignement des disciplines scolairement rentables et vidées de leur dimension culturelle.

En outre, les spécificités d’une formation à l’exercice du métier en école maternelle (sa place dans la nouvelle formation en INSPE n’est pas encore connue) ignorent dans ce texte tous les autres domaines d’apprentissage qui contribuent au développement des enfants.

D’où cette importance de la relation « affective » affirmée dès les assises de l’école maternelle : elle devient d’autant plus nécessaire que les jeunes enfants sont obligés de faire face à des exigences scolaires renforcées. La reconnaissance, attendue de longue date, de la place des ATSEM dans la classe, pour importante qu’elle soit, ne gomme pas le changement d’orientation de « la maternelle » qui doit maintenant faire apprendre aux enfants ce qu’il y a à savoir dans le programme et leur inculquer dès trois ans les arbitraires scolaires !

AGIEM devenue AGEEM :

Histoire : le 5 novembre 1921, création à Cusset, près de Vichy, par Mme LE SAINT, institutrice, de l’Association Générale des Institutrices des Ecoles Maternelles et classes enfantines publiques de France et des colonies.

Objectifs :

D’étudier toutes questions d’ordre pédagogique en vue du progrès et du perfectionnement de l’éducation dans les écoles et classes maternelles publiques en dehors de toute tendance d’ordre politique ou confessionnel.
De défendre et promouvoir les droits et intérêts généraux des enfants des écoles et classes maternelles publiques en même temps que ceux de l’équipe éducative.


Sources : éditorial Médiapart et Pascal Garnier in- Le Café

Roland Moulin