Auvergne laïque n° 491 - janvier-mars 2023 / DOSSIER

Emmanuel Macron : Mendès France comme si je l’avais connu

Par Alain Bandiéra.

Le 18 octobre 2022, Le président de la république réunit à l’Élysée une quinzaine de personnes proches de Mendès France, à l’occasion de l’anniversaire de sa mort  Il ne manque pas d’affirmer son admiration pour ce grand homme qui  « avait la France dans son nom et la République dans la peau », et dont « «Les leçons  sont toujours vivantes» .

          Emmanuel Macron évoque le parcours de Mendès-France, les valeurs dont il s’est réclamé, et se montre moins pessimiste que Michel Promérat  au sujet de « la mémoire qui s’éloigne ». On affirme, dans l’entourage du président, qu’il s’est inspiré des leçons exprimées par « cette grande voix ». On a du mal cependant à déceler, dans la politique du président – et dans sa personnalité – les traces de ces leçons même si,  dans son discours, il s’applique à  confronter  les engagements de Mendès France avec certaines situations et certains problèmes du monde contemporain ; difficile enfin de soutenir qu’Emmanuel Macron a suivi, lui aussi, un itinéraire « de gauche ».

          L’hommage présidentiel à Mendès France demeure donc ambigu et pourrait bien relever d’une stratégie de récupération, comme le craint Michel Promérat dans sa conférence.

En voici quelques extraits , constamment élogieux :

« Homme de devoir », de « vérité », de « confiance », « Mendès France n’a passé que sept mois à la tête du gouvernement, mais il n’a pas quitté depuis quarante ans la mémoire de notre nation »,

Le régime de Vichy le fit arrêter « parce qu’il était juif et franc-maçon », « parce qu’il était profondément républicain, « parce qu’il était incorruptible ».

« A chaque fois, Mendès agit en conscience » 

« Durant la guerre d’Algérie, il « refusa d’appeler à la désertion les soldats qui combattaient » mais « reconnut la vérité sur la torture ».

« Pierre Mendès France a ensuite « cheminé avec la gauche socialiste et démocratique en reconstruction » jusqu’à l’élection de François Mitterrand en 1981 et oeuvré pour tenter de « dessiner un chemin de paix au Moyen-Orient ».

…..Face à la haine, à l’antisémitisme et au racisme, ne rien céder des valeurs forgées en 1789″

« Face à un monde tenaillé par les conflits, dresser une France indépendante, puissance d’équilibre dans une Europe souveraine, et qui a toujours un idéal universel à formuler pour le monde »..

          Au cours de ce repas, l’idée de l’accueillir Mendès France au Panthéon est à nouveau mise à l’ordre du jour ; voilà une vingtaine d’années qu’elle est évoquée,  promue notamment par des élus de centre-gauche.

          Le discours présidentiel est incontestablement élogieux, mais nous ne voyons pas, dans le gouvernement de Macron, les traces des valeurs incarnées par Mendès France ni le souffle d’humanisme qui l’animait.