Auvergne laïque n° 490 - juillet 2022


EDITO

Il y une quarantaine d’annĂ©es, dans un nouveau sketch qui reste malheureusement toujours d’actualitĂ©, l’humoriste Roland Magdane s’était-il inspirĂ© de cet ancien adage romain, Â« Qui veut la paix, prĂ©pare la guerre Â» ? Son interprĂ©tation et son ton inhabituel laissèrent pantois le public tellement la surprise fut colossale. Le rire s’effaçait devant l’émotion et la rĂ©flexion. Juste un lĂ©ger rictus osait s’afficher sur les visages. De toute Ă©vidence, son appel Ă  la raison resta inaudible. C’est une triste rĂ©alitĂ© car aujourd’hui le monde est encore plus fou et notre vie dĂ©pend encore des fous.

Les rois des fous :

« Le monde est devenu un grand hĂ´pital psychiatrique oĂą les fous se promènent en libertĂ©.

Chaque pays a Ă©lu son chef : le roi des fous. Et pour ne pas que les rois des fous s’ennuient, on leur a donnĂ© des jouets : des petits soldats, des camions, des avions Ă  rĂ©action. Et les rois des fous du monde entier s’invitent entre eux pour jouer. Au cours de petits goĂ»ters, ils se comparent leurs jouets.

-Tu as vu mon sous-marin ?

-Et toi, tu as vu mon canon comme il tire bien ?

Tous les soirs ils jouent très tard : ils font la bombe. Ils poussent leurs petits soldats qui tombent sous les billes ; quand il n’y en a plus, ils les remplacent. Et puis les rois des fous Ă©changent leurs jouets.

-Je te prête mon pétrole, mais toi tu me prêtes ta bombe à neutrons.

-D’accord, file-moi ton uranium et je te prêterai mes petits camions de soldats.

Et puis il y a des rois des fous qui n’ont rien à échanger, pas de jouets, même pas de quoi manger.

A quatre heures, ils ont droit Ă  un petit goĂ»ter Ă  partager en trois. Ils vivent au tiers : c’est le tiers monde. Ils traĂ®nent derrière eux, au bout d’une ficelle, un lapin qui joue du tambour. Et en les voyant passer, les rois des fous du monde entier leur jettent, pour s’amuser, des petits noyaux d’olives nuclĂ©aires.

Et puis de temps en temps, il arrive un docteur qui veut soigner les fous : on l’appelle Prix Nobel de la paix. On lui met une grosse mĂ©daille sur le cĹ“ur qui brille au soleil, pour qu’on voit bien l’endroit oĂą il faut tirer pour le tuer.

Et la vie continue ! Les rois des fous du monde entier s’entourent de dĂ©biles qu’ils choisissent eux-mĂŞmes : le premier dĂ©bile, le dĂ©bile des armĂ©es, puis le dĂ©bile des finances. Ça s’appelle un gouvernement.

Et dans le monde entier, les dĂ©biles donnent des conseils aux rois des fous pour gouverner les cons. Et les cons, ne cherchez pas, dans l’histoire c’est toujours nous !

Mais si les cons du monde entier voulaient se donner la main, on obligerait les fous à ranger leurs jouets, leurs chars, leurs canons, leurs avions…

Et nous pourrions enfin nous promener en paix sur les jardins de la terre qui sont si jolis quand on n’y fait pas la guerre. Â»

Démocratie ou élitocratie ?

Par Pierre Miele

Sommes-nous encore en République ? Sans doute oui, mais encore faut-il préciser de quelle sorte de république il s'agit. Est-elle bien « démocratique » comme elle s'affirme et comme on aimerait le croire ?

La rĂ©publique est un système politique dans lequel la souverainetĂ© appartient au peuple qui exerce le pouvoir politique directement ou par l'intermĂ©diaire de reprĂ©sentants Ă©lus, peut-on lire sur Wikipedia, ce qui remonte Ă  Platon. Cette souverainetĂ© est censĂ©e garantir l'intĂ©rĂŞt gĂ©nĂ©ral. Mais la reprĂ©sentation du peuple peut prendre des formes diverses. Dans certaine « RĂ©publique populaire Â», la reprĂ©sentation du peuple est assurĂ©e par le Parti unique qui dĂ©finit l'intĂ©rĂŞt gĂ©nĂ©ral et le pouvoir revient donc aux chefs du Parti qui gouvernent au bĂ©nĂ©fice d'une oligarchie. En « RĂ©publique islamique Â», l'intĂ©rĂŞt gĂ©nĂ©ral est dĂ©fini par la loi islamique et le pouvoir doit donc ĂŞtre assurĂ© par les meilleurs serviteurs de cette loi qui gouvernent au service de leurs bienfaiteurs. En RĂ©publique française...

Pour Condorcet, les gouvernants doivent ĂŞtre Ă©lus, et les pouvoirs exĂ©cutif, lĂ©gislatif et judiciaire sĂ©parĂ©s, car ce sont des conditions de cette souverainetĂ©. Puisque le peuple est souverain, la RĂ©publique ne pourra que servir l'intĂ©rĂŞt gĂ©nĂ©ral. Pour cela, l'organisation des pouvoirs et les droits fondamentaux constitutifs de l'intĂ©rĂŞt gĂ©nĂ©ral sont exprimĂ©s Ă  travers une Constitution. Condorcet dĂ©finissait par lĂ  une « RĂ©publique de raison Â» : l'instruction publique est nĂ©cessaire Ă  son fonctionnement car seul un peuple Ă©clairĂ© peut imposer des dĂ©cisions d'intĂ©rĂŞt gĂ©nĂ©ral, ce qui est bon, ou juste, car vrai en l'Ă©tat des connaissances, et Ă©chapper ainsi aux charlatans. Et les lois, la Constitution elle-mĂŞme, sont perfectibles donc rĂ©visables, par la volontĂ© du peuple. A travers ses reprĂ©sentants Ă©lus, Ă  choisir parmi les meilleurs  en l'Ă©tat des connaissances : cela suppose des sachants pour Ă©clairer les citoyens. La RĂ©publique des Lumières a donc besoin d'une Ă©lite lumineuse (reconnaissance acadĂ©mique) et Ă©lue (reconnaissance populaire). Condorcet a bien conscience que ces Ă©lites, Ă  commencer par les professeurs, pourraient dĂ©tourner leurs prĂ©rogatives et la confiance qui leur est accordĂ©e, vĂ©hiculer des contre-vĂ©ritĂ©s, des croyances et servir des intĂ©rĂŞts particuliers. Il prĂ´ne donc des instances de contrĂ´le, devant lesquelles, les Ă©lites seront responsables. Retenons qu'en RĂ©publique de raison, le critère de lĂ©gitimitĂ© de l'Ă©lite est la connaissance (garantie de la vĂ©ritĂ©, du bien et du juste, donc de l'intĂ©rĂŞt gĂ©nĂ©ral). Et que la dĂ©mocratie nĂ©cessite des instances de contrĂ´le.

Notre RĂ©publique a bien une Constitution et les valeurs qu'elle proclame dĂ©finissent l'intĂ©rĂŞt gĂ©nĂ©ral : libertĂ©, Ă©galitĂ©, fraternitĂ©, laĂŻcitĂ© , respect des Droits de l'Homme et du citoyen ; elle est « dĂ©mocratique Â» au sens oĂą la reprĂ©sentation du peuple est le rĂ©sultat d'un processus Ă©lectoral ; et les diffĂ©rentes instances de dĂ©cision y sont dĂ©finies, avec sĂ©paration des pouvoirs. Une RĂ©publique de raison donc, mais qu'en est-il Ă  l'Ă©preuve des faits ?

Le taux d'abstention aux Ă©lections est un symptĂ´me dĂ©rangeant : "La dĂ©mocratie ne fonctionne plus" constatent en choeur ceux qui ont Ă©tĂ© en charge de la faire fonctionner... Mais s'interrogent-ils assez sur les causes ? L'intĂ©rĂŞt gĂ©nĂ©ral guide-t-il effectivement les dĂ©cisions, et le « jeu Ă©lectoral Â» est-il vraiment Ă©quitable dans la prise en compte des opinions, de la connaissance scientifique, et des conditions des individus et groupes sociaux ?

Des constats accablants

Plus personne ne le conteste : en contradiction avec les valeurs de la RĂ©publique, les inĂ©galitĂ©s sociales atteignent un niveau indĂ©cent ! (1, 1bis)

La logique du profit, de la rente, de la spéculation a libre cours, légalisée au nom de la mondialisation et encouragée au nom des vertus de l'excellence et du mérite individuel.

Une « Ă©lite possĂ©dante Â» (les 1%), dont quelques familles de milliardaires(1ter), actives ou seulement rentières, hors sol, dĂ©tient la richesse patrimoniale et financière ; elle dĂ©tient aussi les moyens d'expression publique, les principaux media (2) ;

Une « Ă©lite dirigeante» (les 10% des hauts revenus), patrons et hauts fonctionnaires qui opĂ©rationnalisent et contrĂ´lent, notables qui siègent dans les Conseils d'Administration, une certaine catĂ©gorie d' Â« intellectuels Â» qui conseillent, expliquent et justifient. Ils servent les intĂ©rĂŞts des 1% en contrepartie de situations confortables.

Et le reste constitue ce que par opposition, ces Ă©lites elles-mĂŞmes appellent le « peuple Â», cette grande majoritĂ© de gouvernĂ©s constituĂ©e de plusieurs strates : les « classes moyennes Â» (30%), professions libĂ©rales, cadres des entreprises, fonctionnaires, aux revenus très inĂ©gaux mais redevables de l'impĂ´t sur le revenu ; puis les « classes populaires Â» ou « la France d'en-bas Â») : 60% des mĂ©nages ne gagnent pas assez pour payer l'impĂ´t sur le revenu ; et parmi eux, se trouvent les « pauvres Â» (10% des familles vivent en dessous du seuil de pauvretĂ©).

Des élites au pouvoir

Ces Ă©lites dĂ©tiennent le pouvoir Ă©conomique, le pouvoir hiĂ©rarchique statutaire, et le pouvoir d'expression culturelle et politique et donc le pouvoir d'influer sur les instances de dĂ©cision politique Ă  tous les Ă©chelons et celui de façonner l'opinion du « peuple Â» .

Elles dĂ©tiennent aussi le pouvoir de se maintenir et de se reproduire car elles en contrĂ´lent les instruments ; elles ont mĂŞme imposĂ© le critère de leur lĂ©gitimitĂ© , le mĂ©rite(3), qualifiĂ© Ă  l'occasion de « rĂ©publicain Â», mythe qui rĂ©siste Ă  la rĂ©alitĂ© statistique :

-l'hĂ©ritage  des biens assure l'hĂ©rĂ©ditĂ© de la richesse(4) on nom du droit de propriĂ©tĂ© ;

-les lycĂ©es prestigieux et les « grandes Ă©coles Â»  assurent la sĂ©lection « au mĂ©rite Â» (5) favorisĂ©e par l'hĂ©ritage culturel et donc l'hĂ©rĂ©ditĂ© de la position sociale ;

-le système bancaire et ses instruments d'optimisation  assurent l'enrichissement ; et la dette publique garantit le pouvoir de la finance sur les dĂ©cisions politiques de l'Etat ;

-le mĂ©cĂ©nat culturel et sportif, tout en orientant les choix vers la rentabilitĂ© (le retour sur investissement), assure le contrĂ´le de la culture, des sports et des loisirs , et donc des valeurs promues comme le culte du meilleur ;

-les medias diffusent le « prĂŞt Ă  penser Â» Ă  grands renfort d'experts... , les « mots Â» Ă  utiliser(6), le rĂ©cit national, et assurent la manipulation des Ă©motions ;

-l'ostentation des grands Ă©vĂ©nements, des challenges prestigieux, de la mode, du luxe, des objets d'art chèrement acquis , des châteaux et des yachts  , l'Ă©talage contrĂ´lĂ© de la vie privĂ©e des riches, divertissent le bon peuple et ce faisant le rĂ©signent ;

-l'entre-soi des quartiers chics, des clubs, think-tank et autres « rĂ©seaux sociaux Â» privĂ©s(7), garantit la confidentialitĂ© de cette rĂ©alitĂ© d'affaires et de pouvoir (qu'on entrevoit quand un scandale Ă©clate au grand jour).

Mais les Ă©lites sont elles-mĂŞmes traversĂ©es par des conflits internes : des conflits d'intĂ©rĂŞt, des luttes pour la suprĂ©matie dans le cadre de la concurrence ; et des conflits de « vision Â» ou de gĂ©nĂ©ration, sur la manière de pĂ©renniser le fonctionnement "libĂ©ral" du monde, modernes vs anciens, progressistes vs conservateurs, Arnaud vs BollorĂ© ; le jeu de Monopoly est impitoyable. Ainsi, une Ă©lite peut en chasser une autre au sommet de l'Etat ou bien elles alternent.

Par tous ces moyens, la dĂ©cision "dĂ©mocratique" se trouve de fait confisquĂ©e par les « Ă©lites dirigeantes Â» dont les membres s'affrontent entre eux "au nom du peuple" sur la scène politique , et in fine par l' Â« Ă©lite possĂ©dante Â» qu'ils servent, dont ils sont Ă  la fois les instruments et les bĂ©nĂ©ficiaires. C'est ainsi que la « dĂ©mocratie Â» Ă  cĂ©dĂ© le pas Ă  une « Ă©litocratie Â». Autrement dit les reprĂ©sentants du peuple, les gouvernements successifs, ont laissĂ© dĂ©tourner ou contourner les valeurs ! Les mĂŞmes prĂ´nent volontiers le modèle amĂ©ricain (qui est l'archĂ©type de l'Ă©litocratie), et la dĂ©mocratie participative locale (celle du « cause toujours Â» ).

Reprendre le contrĂ´le ?

Mais il n'est pas nouveau que les individus au pouvoir gouvernent en réalité pour satisfaire des intérêts très restreints. Dès la Renaissance, Machiavel avait exposé, dans Le Prince, comment le pouvoir devait se renforcer avec l'assentiment aveugle du peuple, par la ruse et la manipulation.

E.Macron, dans ses voeux aux français en 2019 , n'avait-il pas dĂ©clarĂ©, sans que les media ne le relèvent, dans un savant mĂ©lange de luciditĂ© et de cynisme : "Vous le voyez, nous sommes en train de vivre plusieurs bouleversements inĂ©dits : le capitalisme ultralibĂ©ral et financier trop souvent guidĂ© par le court terme et l'aviditĂ© de quelques-uns, va vers sa fin ; notre malaise dans la civilisation occidentale et la crise de notre rĂŞve europĂ©en sont lĂ ."

Si la démocratie n'est plus qu'un artifice, il reste à notre République quelques piliers qui garantissent encore, non sans difficulté, et pour combien de temps :

-l'égalité de traitement : la Justice, l'Ecole (publique), l'Hopital (public),

-la solidarité : la protection sociale (Sécu, etc...), le tissu associatif ; les vrais gens entre eux ;

-la liberté de pensée, la laïcité : les vrais intellectuels ne sont pas serviles ; ils ne sont pas non plus célèbres ni riches. Le peuple a aussi ses élites sans autre légitimité que la compétence ou l'engagement qui continuent d'agir, veiller, éclairer (et parfois se disputent une parcelle de pouvoir !).

Pour moins d'inégalités, il faudrait en décider, et donc décider de contrôler ce qui les engendre, et on ne peut donc pas compter pour cela sur le jeu démocratique tel qu'il est devenu.

En attendant, deux populations coexistent, chacune avec ses catégories internes, sans se rencontrer et dans une quasi ignorance l'une de l'autre. Un abîme culturel et financier les sépare. L'une décide élitocratiquement du sort de l'autre. L'autre semble résignée, faute de perspective commune sans doute. La Boétie, dans son Discours de la servitude volontaire, se désolait de la tyrannie qui se maintenait par la soumission consentie des populations. « Et pourtant ce tyran, seul, il n'est pas besoin de le combattre, ni même de s'en défendre ; il est défait de lui-même, pourvu que le pays ne consente point à la servitude» .

Que le peuple n'y consente point ! Au dĂ©tour d'une Ă©lection, un espoir qu'il reprenne le contrĂ´le peut-il encore surgir ?

Quelques rĂ©fĂ©rences :

1 - Rapport sur les inéglités mondiales 2022 - Lucas Chancel (dir.), Thomas Piketty, Emmanuel Saez et Gabriel Zucman, Word Inequality Lab, déc. 2021.

1bis- Rapports Oxfam France, dont https://www.oxfamfrance.org/rapports/dans-le-monde-dapres-les-riches-font-secession/, janv. 2022

1ter- EnquĂŞte: les familles les plus puissantes de France - l'Express 28 juin 2017

2 - Média français, qui possède quoi - https://www.monde-diplomatique.fr/cartes/PPA (poster)

3 - La bourgeoisie intellectuelle, une élite héréditaire - Pierre Rimbert - Le Monde diplomatique - aout 2020https://www.monde-diplomatique.fr/2020/08/RIMBERT/62101

3bis - Elites et critères de lĂ©gitimitĂ© dans diffĂ©rents rĂ©gimes  - P.Miele - Etude connexe

4 - Les inégalités en héritage - note du Conseil d'Analyse Economique (Matignon), janv 2022 - https://www.legifiscal.fr/actualites-fiscales/3019-cae-conseil-analyse-economique-heritage-nouvelle-proposition.html

5 - Le façonnage des élites de la République - Culture générale et haute fonction publique - Claire Oger, 2008

6 - Dernières nouvelles du mensonge - Anne-Cécile Robert - Lux, 2021- extraits en ligne

7 - Plongée dans le réseau social des grandes fortunes - Sébastien Julian - L'Express - 3 juil 2017

| ||| | | | Vie de la Fédération

La Fédération a tenu son Assemblée Générale

Pendant l'intervention de Mme Aubuisson, Cheffe du Service départemental à la Jeunesse, l'engagement et le sport

L'Assemblée Générale de la Fédération était organisée cette année au centre de vacances du Grand Panorama, le samedi 21 mai. Occasion annuelle de se retrouver toutes composantes et toutes associations affiliées, ensemble et avec nos partenaires, pour un moment certes statutaire, mais aussi de convivialité.

Le rapport moral

par Edouard Ferreira, président de la Ligue 63

Le débat sur la notion de résilience est aussi crucial que celui sur les mesures censées endiguer le dérèglement climatique. Face à l’épidémie de Covid-19, au changement climatique, au terrorisme, et à la guerre, la société française est perpétuellement conviée à renforcer sa résilience naturelle. Elle provoque notre capacité à nous adapter, à rebondir et à nous reconstruire après un fort traumatisme. Apprivoiser le pire, plier sans rompre, résister, faire face aux événements douloureux grâce à un brin de positivisme, agir en êtres humains responsables et faire preuve d’empathie, notre résilience s’en retrouve renforcée. Le chemin de l’empathie aboutit vers la bienveillance. Ensemble, elles sont associées à une plus grande entraide collective. Qualité indéniable, la résilience tire sa force intérieure par l’anticipation des difficultés et l’acceptation de l’inexorable. Elle permet de traverser l’adversité dans les épreuves de la vie.

Ces derniers temps, l’infinie patience que recommande l’esprit civique fut souvent Ă©vincĂ©e par une dĂ©sobĂ©issance civile. L’exaspĂ©ration des astreintes rĂ©pĂ©titives en est la grande coupable. L’accumulation des frustrations dĂ©tourna la solidaritĂ© de dĂ©but de crise avec nos soignants, perpĂ©tuellement au front, usĂ©s et dĂ©moralisĂ©s. Les oublier ou les dĂ©laisser dans leur lutte quotidienne dĂ©montrerait une ingratitude immorale. Cet abandon transmettrait un signe indigne et aveugle sur leur dĂ©vouement, un signe du chacun pour soi, un signe de nombrilisme aigu. Est-ce la fin de la rĂ©silience ? La sociĂ©tĂ© peut et doit dĂ©passer ses divisions en faisant front au piège de l’égocentrisme, et en rĂ©sistant au ressentiment de privation de libertĂ© individuelle vĂ©cue comme sans fin. Renforcer l’esprit de rĂ©silience autour de celles et ceux qui font face quotidiennement Ă  ce flĂ©au depuis deux ans, se conçoit naturellement par une cohĂ©sion capitale.

Prendre soin de son nombril doit le rester dans un souci d’hygiène. Lui donner trop de valeur, c’est se priver d’horizon. « TolĂ©rez mon intolĂ©rance Â» Ă©crivait Jules Renard. Certes, mais par dĂ©finition colère et intolĂ©rance nuisent Ă  une bonne comprĂ©hension. La tolĂ©rance est une vertu qui rend possible le respect et le dialogue. Elle tend Ă  Ă©viter les conflits et maintient l’unitĂ© indispensable pour la paix.

La pandémie ne freine plus la reprise d’une vie courante et sociale. Bien au contraire, le traumatisme laissé par la crise sanitaire a exacerbé un aveuglement protecteur. Ces deux années passées furent moralement étouffantes. Durant l’épreuve, des boucliers affectifs se sont élevés contre une soumission catégorique. Le renouvellement perpétuel de nouvelles contraintes et d’isolement forcé ne faisait qu’accentuer les conséquences émotionnelles. L’énergie emprisonnée depuis trop longtemps risquait l’implosion. Malgré les risques récurrents toujours visibles des contaminations quotidiennes et son lot de victimes, ce trop-plein retenu contre son gré nécessite impérativement une libération salvatrice. Dans un contexte psychologique aussi violent, la résilience ne perd-elle pas toute sa vertu et tout son pouvoir vertueux ?

Acteur dans les sphères de la culture, des loisirs et du sport, le monde associatif a largement souffert de l’arrêt forcé des activités. La mise en sommeil laissa des traces indélébiles. Du fait d’une trésorerie fragilisée, des mesures financières ou techniques durent parfois s’imposer pour préserver l’association. Certaines en souffrance, autant budgétaires que perte de volontaires, peinent à se relancer. La relance bien présente ne cache pas les craintes de l’avenir. Redynamiser le lien social avec les adhérents, redonner confiance et stimuler les adhésions indispensables à la vie associative, sont les préoccupations des dirigeants ainsi que l’investissement primordial des ressources humaines bénévoles. Les structures associatives remplissent pleinement leur rôle dans le maintien de la cohésion sociale grâce à une volonté fédératrice indéfectible, et aux valeurs altruistes animées par les bénévoles. L'altruisme est une des clefs d'un monde meilleur avec celle de la résilience. Il n’existe pas d’autre choix que de s’adapter, se réinventer et évoluer dans ce nouvel environnement en pleine mutation.

Le moral des troupes reste le facteur vital au prolongement de toute activité et au frein de l’érosion du bénévolat. Chaque retour d’un adhérent frustré par son isolement, chaque nouvelle adhésion saisie par une frénésie de partage et de convivialité, redonnent un sens au retour du lien social indispensable au tissu associatif et à ses dirigeants. Chacune et chacun, bénévoles et adhérents, font revivre l’ADN du vivre ensemble et faire ensemble. Terreau de solidarité inestimable, tout le réseau associatif réfute toute résignation en favorisant impérativement la résilience. Accomplir sa mission d’émancipation restera toujours sa vocation fondamentale. Il n’existe pas de fatalité mais seulement des fatalistes.

Les interdictions récentes dévoilent d’inquiétantes conséquences sur la vie associative. Au milieu de ce tsunami, la FAL 63 ne fut pas non plus négligée et a dû batailler contre les éléments pour garder l’optimisme essentiel au redressement et à la stabilité budgétaire. Les secteurs sportifs, UFOLEP et USEP, de la maison Ligue de l’enseignement ne furent pas en reste. L’USEP, aux ressources pédagogiques et éducatives à la citoyenneté, fut assurément très impacté par l’étendue de cette période préoccupante. La fermeture des écoles et les directives drastiques qui suivirent auraient pu l’entraîner dans une spirale, peut-être irréversible.

La mobilisation responsable de chacun, salariés et élus, permet une prudente relance mais reconnue complexe car tributaire d’une situation extérieure encore bien embrouillée. Les partenaires historiques de la fédération, conseil départemental et ville de Clermont-Ferrand, subissent également la crise. Malgré le marasme économique, ils restent un fort soutien à notre mouvement d’éducation populaire. Les fonds de solidarité de l’Etat ont contribué à limiter les pertes financières, conséquentes à l’arrêt économique du centre de vacances ″Le Grand Panorama″. Sans leur accompagnement à tous et les liens qui nous unissent dans la cohésion sociale, la Ligue de l’enseignement du Puy-de-Dôme serait économiquement plus inquiétée, plus fragilisée.

Les répercussions économiques et sociales, politiques, épidémiques, mais également géopolitiques ne gagent pas toutes de perspectives d’avenir resplendissantes. La France, pays des lumières et de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen, se confronte encore à des défis de grande ampleur. Ouverte sur le monde, son histoire humaniste et résistante la met de nouveau à l’épreuve dans une démocratie en tension. Sans parler des tractations électorales entre adversaires arrivistes de la veille sur fonds de joutes verbales acerbes, la capacité de résilience française devra affronter la montée de la xénophobie et du repli sur soi. La tentation de l’obscurantisme isolerait la nation de tout progrès et mettrait en danger les valeurs républicaines. On commence par endormir le peuple par un formatage de l’opinion publique avant de l’enchaîner.

Peut-on imaginer ce que deviendrait la culture, l’éducation populaire confrontĂ©e de nouveau aux problèmes de la transformation sociale, la valeur fondamentale de la fraternitĂ© rĂ©publicaine alliĂ©e avec la solidaritĂ© citoyenne, sans oublier notre bien prĂ©cieuse laĂŻcitĂ© au sein de notre pays ? Il n’existe aucun doute, aucune hĂ©sitation, la dĂ©mocratie et le populisme ne sont pas sur le mĂŞme plan. Avant de faire croire que la France est un pays de dictature privĂ© de libertĂ©s, ce qui paraĂ®t insensĂ©, il faut avoir vĂ©cu et subi une vie sous un rĂ©gime totalitaire.

« Il est plus facile de faire la guerre que la paix Â» selon Clemenceau. La paix mondiale est un idĂ©al humaniste mais pour qu’elle soit rĂ©aliste, elle conditionne en prioritĂ© l’impossibilitĂ© d’une guerre, mais pas son absence de guerre. La leçon de l’histoire universelle dĂ©montre dans son lot d’archives qu’une paix perpĂ©tuelle est une chimère ; un idĂ©al imaginaire que les humains n’ont pas su caser. Les conflits, tous parquĂ©s dans un cercle vicieux destructeur, s’enchaĂ®nent, se multiplient et rendent dĂ©suet le seul combat mondial lĂ©gitime pour la sauvegarde de notre planète et de ses habitants. En perpĂ©tuant cet acharnement dĂ©vastateur, que restera-t-il aux gĂ©nĂ©rations futures ? « Nous n’hĂ©ritons pas de la terre de nos ancĂŞtres, nous l’empruntons Ă  nos enfants Â» avait Ă©crit St ExupĂ©ry.

Le rêve de grandeur d’un mégalomane de renouer avec un Empire d’antan a déclenché l’invasion meurtrière de l’Ukraine par un Etat membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU. Par cet acte de guerre, l’agresseur sacrifie intentionnellement une précieuse stabilité pacifique reconnue de tous comme déjà boiteuse mais résistante tant bien que mal. Tant que l’équilibre résiste malgré un fort tangage, le maintien d’une paix même trompeuse s’opère. Ajoutée à la pandémie de covid-19, cette agression inconcevable par une vigie du maintien de la paix pourrait estampiller l’achèvement de l’âge d’or de la mondialisation. Les ébranlements enregistrés depuis une dizaine d’années constituent autant de coups de semonce portés à l’économie mondialisée qu’à l’ordre international.

Il y une quarantaine d’annĂ©es, dans un nouveau sketch qui reste malheureusement toujours d’actualitĂ©, l’humoriste Roland Magdane s’était-il inspirĂ© de cet ancien adage romain, Â« Qui veut la paix, prĂ©pare la guerre Â» ? Son interprĂ©tation et son ton inhabituel laissèrent pantois le public tellement la surprise fut colossale. Le rire s’effaçait devant l’émotion et la rĂ©flexion. Juste un lĂ©ger rictus osait s’afficher sur les visages. De toute Ă©vidence, son appel Ă  la raison resta inaudible. C’est une triste rĂ©alitĂ© car aujourd’hui le monde est encore plus fou et notre vie dĂ©pend encore des fous.

Les rois des fous :

« Le monde est devenu un grand hĂ´pital psychiatrique oĂą les fous se promènent en libertĂ©.

Chaque pays a Ă©lu son chef : le roi des fous. Et pour ne pas que les rois des fous s’ennuient, on leur a donnĂ© des jouets : des petits soldats, des camions, des avions Ă  rĂ©action. Et les rois des fous du monde entier s’invitent entre eux pour jouer. Au cours de petits goĂ»ters, ils se comparent leurs jouets.

-Tu as vu mon sous-marin ?

-Et toi, tu as vu mon canon comme il tire bien ?

Tous les soirs ils jouent très tard : ils font la bombe. Ils poussent leurs petits soldats qui tombent sous les billes ; quand il n’y en a plus, ils les remplacent. Et puis les rois des fous Ă©changent leurs jouets.

-Je te prête mon pétrole, mais toi tu me prêtes ta bombe à neutrons.

-D’accord, file-moi ton uranium et je te prêterai mes petits camions de soldats.

Et puis il y a des rois des fous qui n’ont rien à échanger, pas de jouets, même pas de quoi manger.

A quatre heures, ils ont droit Ă  un petit goĂ»ter Ă  partager en trois. Ils vivent au tiers : c’est le tiers monde. Ils traĂ®nent derrière eux, au bout d’une ficelle, un lapin qui joue du tambour. Et en les voyant passer, les rois des fous du monde entier leur jettent, pour s’amuser, des petits noyaux d’olives nuclĂ©aires.

Et puis de temps en temps, il arrive un docteur qui veut soigner les fous : on l’appelle Prix Nobel de la paix. On lui met une grosse mĂ©daille sur le cĹ“ur qui brille au soleil, pour qu’on voit bien l’endroit oĂą il faut tirer pour le tuer.

Et la vie continue ! Les rois des fous du monde entier s’entourent de dĂ©biles qu’ils choisissent eux-mĂŞmes : le premier dĂ©bile, le dĂ©bile des armĂ©es, puis le dĂ©bile des finances. Ça s’appelle un gouvernement.

Et dans le monde entier, les dĂ©biles donnent des conseils aux rois des fous pour gouverner les cons. Et les cons, ne cherchez pas, dans l’histoire c’est toujours nous !

Mais si les cons du monde entier voulaient se donner la main, on obligerait les fous à ranger leurs jouets, leurs chars, leurs canons, leurs avions…

Et nous pourrions enfin nous promener en paix sur les jardins de la terre qui sont si jolis quand on n’y fait pas la guerre. Â»

ActivitĂ©s 2021 : une annĂ©e… covid

Dans le prolongement de 2020, l'année 2021 aura connu un baisse sensible du volume des activités des associations, mais aussi de la fédération, entrainant une baisse du nombre d'affiliations et surtout d'adhésions et licences.

Cependant, tout ce qui pouvait être organisé par la fédération ou avec son aide l'a été. Le travail à distance et le travail à temps partiel ont permis d'assurer au mieux le fonctionnement chaotique de l'année et les aides de l'Etat ajoutées à celles de nos fidèles partenaires ont permis de traverser la période sans dommage financier pour l'avenir.

Les différents volets d'activité, développés en détail dans le rapport d'activité, ont été successivement commentés par les vice-présidents Jean-Pierre Pradier pour la vie fédérative, Pierre Mièle pour la communication, Aleth Bador pour la Culture et la Jeunesse, et Daniel Chevalier pour la rénovation du Grand-Panorama ; par Guillaume Brigaud, chef de service pour les séjours d'enfants et les formations d'animateurs, et enfin par Alain Vassort, directeur des services, qui présentera également le rapport financier.

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Les représentants des composantes sportives, Laurent Cheminal, président de l'USEP, et Françoise Casajus-Gil, présenteront un bilan rapide de l'année pour les secteurs d'activités sportives.

Les invités présents, Mme Aubuisson, Cheffe du Service départemental à la Jeunesse, l’engagement et le sport, M. le représentant de La Caisse d'Allocations Familiales, puis Jacques Gelly, président de l'Union Régionale des Fédérations (URFOL) salueront tour à tour le travail réalisé et témoigneront de leur soutien à notre fédération, ses activités et ses projets.

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Enfin, Taoufik Mezlaoui, directeur du Grand Panorama qui accueille l'événement, a présenté la toute nouvelle équipe d'encadrement, de cuisine et de service, à l'oeuvre dans le renouveau du site. Un excellent buffet de leur préparation sera servi à la suite de l'AG, pour le plaisir unanime des participants.

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L'après-midi s'est poursuivie, pour les participants volontaires, par une très agréable ballade qui a permis, entre autres, de voir d'en haut et dans son écrin, le lac Chambon qui, comme chacun sait, occupe le cratère d'un volcan.

| ||| | | | LE DOSSIER

Du 24 au 26 juin à Metz, la Ligue de l'Enseignement a tenu son Congrès tri-annuel consacré à l'avenir de l'Education populaire, avec une introduction magistrale du sociologue Bernard Charlot, et avec un discours en visioconférence du ministre Pap Ndiaye.

L' Assemblée Générale annuelle a suivi le congrès. Entre autres textes adoptés, la déclaration ci-après fait suite aux résultats des toutes récentes élections législatives.


Contre l’extrĂŞme-droite, la Ligue s’engage !

Mme Zwang-Graillot, présidente, ouvre le Congrès

Lors de l'élection présidentielle, grâce à la mobilisation d’un front républicain, l’extrême-droite est restée à la porte de l’Élysée. Mais dès le mois de juin, ce front républicain a explosé lors du deuxième tour des législatives, ce qui a permis au Rassemblement national de faire élire 89 députés à l’Assemblée nationale.

L’extrême-droite profite d’une situation de défiance à l’égard des institutions, des élus et responsables politiques, qui se traduit par une abstention désormais majoritaire. Elle se nourrit et participe d’un épuisement démocratique. Aujourd’hui, le risque est réel de voir la France gouvernée par une extrême-droite
xénophobe, nationaliste et autoritaire. Que restera-t-il de la République indivisible, laïque, démocratique et sociale ?

Les causes profondes de cette crise sont multiples :
• Les inégalités sociales et économiques croissantes, l’explosion de la pauvreté et les profits financiers insolents et indécents ;
• L’hyper-présidentialisme propre à la Ve République qui a été poussé à l’excès lors du précédent quinquennat avec l’instrumentalisation et le détournement du dialogue social et civil ;
• L’affaiblissement et le recul des services publics soumis aux règles du marché ;
• Le sentiment d’abandon, de mépris, l’absence de considération, de reconnaissance dont souffrent des millions d’habitants de notre pays ;
• L’angoisse croissante face à l’urgence écologique en l’absence d’ambition claire et partagée pour changer fondamentalement de voie ;
• Les désordres d’un monde instable avec l’affaiblissement des démocraties, la guerre en Europe et des déplacements contraints de populations ;
• La persistance d’un vote identitaire, xénophobe et nationaliste. Le tout est entretenu voir même produit par certains médias contrôlés par des grands groupes financiers, légitimant dans l’opinion publique les idées les plus nauséabondes.

La mobilisation de la société civile organisée et des grands acteurs du monde social se révèle encore insuffisante ou inadaptée.La Ligue de l’enseignement ne peut prétendre, à elle seule, inverser cet état des choses. Mais elle a une responsabilité historique et politique à se situer du côté des classes populaires pour leur redonner toute la dignité qui leur a été refusée ces dernières années. Mouvement laïque d’éducation populaire, elle contribue à l’émancipation individuelle et collective. Mouvement démocratique et républicain, elle agit pour la liberté, l’égalité et le progrès social.

La Ligue de l’enseignement est prête à participer à la construction d’une autre République qui saura répondre aux aspirations des citoyen.ne.s à vivre mieux, à vivre bien en paix et en solidarité avec les peuples. Cette République laïque et fraternelle sera construite avec les habitant.e.s et les organisations associatives, syndicales, politiques désireuses de s’engager dans une refondation, porteuse d’une alternative émancipatrice. Sans attendre, il faut nous mobiliser plus encore au sein des associations, des fédérations, des unions régionales et de la confédération incluant toutes ses composantes :
• Pour participer à la lutte contre la pauvreté et la désillusion sociale ;
• Pour lutter contre la banalisation des thèses d’exclusion de l’extrême-droite et
partager cette priorité avec les différents collectifs dont nous sommes membres ;
• Pour faire de l’éducation à l’esprit critique et au décodage médiatique une réelle priorité par la mise en place d’un plan d’éducation et d’engagement ouvert aux jeunes et aux adultes ;
• Pour faire reconnaître et advenir une pleine indépendance des associations,
composante majeure de la cohésion sociale et de la vie démocratique.

Aussi, la Ligue de l’enseignement réunie en Congrès le 26 juin 2022 à Metz décide d’engager, sur la base de son plaidoyer, la mobilisation générale du Mouvement.

Elle engage la construction collective, sous l’impulsion du Conseil d’administration, d’un plan d’actions. Ce plan d’actions opérationnel s’inscrira dans la durée. Il sera construit et débattu lors de l’Université de rentrée 2022 et des Journées d’Études des Responsables Fédéraux.

Les défis de l’éducation du XXIe siècle

par Bernard Charlot,

conférence au Congrès de Metz de la Ligue de l'enseignement, 25 juin 2022

https://youtu.be/YrF90T3Vsfw

Le ministre Pap Ndiaye salue la Ligue

A l'ouverture du congrès de Metz, le ministre de l'Education Nationale Pap Ndiaye salue la Ligue de l'enseignement et son action, dans un discours prononcé en visioconférence devant les délégués confédéraux et les délégations départementales.

https://youtu.be/s8S6FEUhKhY
| ||| | | | Avec les DDEN

Aligner le public sur le privé ?

Le développement d’un système dual d’enseignement financé par la puissance publique tend à aligner inévitablement, c’est le but recherché aujourd’hui, l’école publique sur le mode de gestion et de fonctionnement contractuel d'une école privée. Et ceci alors même que les termes de la concurrence sont faussés par le fait que cette dernière, bénéficie au nom de « sa liberté » de l’exonération des contraintes de service public, sans cahier des charges et avec des marges de manœuvre lui permettant de sélectionner « ses » enseignants et « sa » « clientèle » homogène, issue de familles socialement favorisées. Et de gagner au passage, après maintes sélections dissimulées, quelques places lucratives au palmarès des établissements les mieux côtés, confortant ainsi une fausse image lisse et attractive de réussite éducative.
L’enseignement sous contrat, fort de cette complicité avec un projet libéral et renforcé par des silences complices, trouve, là, une chance inespérée de se développer bien au-delà de son caractère confessionnel, pourtant censé le justifier et qui, loin de faire florès, lui offre la possibilité de capter la clientèle produite par le dénigrement et la dénaturation systématique de la première institution publique fondée pour se construire Citoyen.


Qui peut encore croire, dans un tel contexte, que la question du dualisme scolaire soit apaisée, obsolète, dépassée ?

Aggravé par une escalade tout au long de ces dernières années, le dualisme scolaire,
partenaire de cette privatisation rampante du service public d'éducation, est financé de façon croissante par l’État et l’ensemble des collectivités.
L’organisation du communautarisme scolaire en réseaux confessionnels d’enseignement, financés par la puissance publique, incarne en retour cette « laïcité ouverte » aux religions reconnues par l’État, dans laquelle s'inscrit également le dualisme scolaire, ouvrant ainsi une brèche inédite dans la séparation institutionnelle des Églises et de l’État de la loi de 1905.
Comme si cette dernière, socle de l'authentique laïcité républicaine, pouvait en quelque façon être
qualifiée, par opposition, de « laïcité fermée ».
Seule, l’intervention de la puissance publique, affranchie de toute tutelle, ecclésiale ou autre, sans
distinction d’origine, sociale, culturelle et autres convictions, est la condition nécessaire de l’égalité des chances pour la formation de citoyens en devenir, maîtres de leur destin, capables de l’autonomie de jugement indispensable à leur émancipation, citoyens devenus égaux par la grâce d'une valeur
essentielle : la laïcité.


Eddy Khaldi

Président de la Fédération Nationale des DDEN
13 juin 2022

NB: La prochaine Assemblée Générale de l’Union Départementale des DDEN du Puy de Dôme se déroulera le 24 septembre 2022 à Charbonnière les Vieilles

Date à réserver

| ||| | | | Avec le Cercle Condorcet

Des violences dans la société

Le Cercle Condorcet de Clermont publie un nouveau "cahier" : le vingtième, consacré à la violence dans la société.

Ce cahier peut être consulté en ligne ou téléchargé, sur le site du Cercle :
https://condorcetclermont.fr

Ce 20ème livret est consacrĂ© Ă  la violence, thème choisi dans un contexte oĂą des formes de violence particulièrement choquantes ont reçu un large Ă©cho mĂ©diatique, ont suscitĂ© une indignation particulière dans la population, des prises de conscience et des mouvements de protestation suffisamment importants pour que les pouvoirs publics en soient fortement interpellĂ©s : incidents lors des manifestation des Gilets jaunes, assassinat de Samuel Paty, mais aussi la violence faite aux femmes ou le harcèlement Ă  l'Ă©cole... La liste pourrait ĂŞtre longue . Mais peut-on en induire que dans son ensemble, la sociĂ©tĂ© serait devenue plus violente ; peut-on d'ailleurs parler de violence « en gĂ©nĂ©ral Â» sans amalgame abusif ; n'y a-t-il pas Ă  l'inverse des formes de violence dont on ne parle jamais ?

L’ambition du Cercle est d’instruire le sujet choisi, en référence aux principes humanistes que nous défendons, et d’outiller la réflexion des citoyens auxquels il s’adresse. Mais le sujet est vaste et complexe et nos capacités d'investigation limitées... Nous avons donc restreint la réflexion à quelques formes seulement de violence.

Comme pour les cahiers prĂ©cĂ©dents, des membres du Cercle se sont proposĂ©s pour Ă©tudier un aspect du sujet ; ils ont menĂ© leurs propres investigations et lectures, et en ont prĂ©sentĂ© une synthèse au cours d’une des rĂ©unions mensuelles du groupe, pour discussion.

Le résultat est un ensemble de productions écrites, revues par un comité de lecture qui a veillé à la cohérence d’ensemble tout en respectant l’originalité des travaux et des modes d’expression de chacun.

Que les auteurs soient ici remerciés ainsi que tous les membres du Cercle qui ont contribué à ce livret par leur participation aux débats et par leur vigilance.

Remerciements : à la Fédération départementale, Ligue de l’Enseignement du Puy-de-Dôme et à l'équipe de rédaction d'Auvergne laïque, pour leur soutien à la diffusion de nos travaux.

| ||| | | | Loisirs

Coronavirus (Tragédie Antique) IV

Par Michel Collonge

Agrippine (elle chante en les regardant, moqueuse)

« et l'envie de sa peau me ronge

parfois je pleure et puis je songe

que lorsqu'il était sur mon cœur

j'aurais dĂ» crier mon....bonheur !

Néron (reprenant ses esprits)

« Le bonheur date de la plus haute antiquitĂ© Â»

paraĂ®t-il et quand il vient c'est pour nous quitter !

(Ă  Brutus)

ton devin ? Pour mes lions, un coup devin ce soir !

(Ă  Agrippine)

Mais...Agrippine, je te croyais au désespoir,

sur le point de mourir, de lever les bottines...

Agrippine

Et tu t'inquiĂ©tais pour ta chère Agrippine ?!

(à Néron et Brutus)

Pourtant tous les deux vous ĂŞtes bien assortis

Pour envoyer la vieille valser dans les orties !

Néron

On entendait gémir dans tes appartements...

Agrippine

C'est que vois-tu, Raymond a du tempĂ©rament !

Néron

Avait !

Agrippine

??...Ave ? CĂ©sar ?

Néron

avait, du verbe avoir !

Agrippine

Avait ?! Ainsi tu me croyais au dĂ©sespoir

Sois rassuré, j'étais confiné dans l'amour.

Il m'a aimée tellement de nuits tellement de jours

(elle chante)

« Il est parti dans le matin plein de lumière Â».

Moi je n'aime l'amour qu'au niveau du derrière

Lorsque le cœur s'en mêle ça devient vite moche.

Néron

Agrippine...Raymond...a passé l'arme à gauche.

Agrippine

Il s'est tuĂ© par amour ! Ça ne m'Ă©tonne pas,

tu vois Néron, la vieille fait encore du dégât.

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Néron

C'est tout ce que tu dis pour Ă©loge funèbre !

J'avais peur que sa mort te couvre de ténèbres.

Agrippine

Mais pas du tout ! On prend des coups dans l'existence

même morte, une étoile a sa lumière qui danse

quand un ĂŞtre vous manque il faut en prendre un autre

quand on a plus Jésus, faut prendre les apôtres.

Néron

Ben dis donc ! Ta santĂ© a l'air resplendissante

et le confinement...................

Agrippine......................oh je suis bien vivante !

L'amour est mon printemps et ce printemps me trouve

remplie de l'énergie et du sang de la louve....

Raymond, la dernière nuit, il n'était pas au mieux

au point qu'il a fini par chavirer du pieu

et quand il a quitté difficilement ma chambre

j'ai vu que la faiblesse était dans tous ses membres.

Raymond est mort d'amour...

Néron (montrant Brutus).................je viens de le lui dire

on peut encore mourir d'amour dans notre empire.

Brutus

Ou d'un virus aux poumons...

Agrippine .....................non, non, pas Raymond !

Lui, il est mort d'amour, sĂ»rement pas du poumon !

Néron

Pourtant cette faiblesse, hein, dans toutes ses tiges...

ce n'est pas le poumon ?...........

Agrippine …..................pas le poumon te dis-je !

Raymond est mort d'amour en me donnant sa force

pour que la vieille branche ait sève sous l'écorce...

pour que la vieille rose ait encore des épines

lui qui eut les pĂ©tales de sa douce Agrippine !

Mais je ne venais pas pousser la chansonnette

malgré ma joie de vivre et de revoir ta tête...

si tu ne m'as pas vu au palais quelque temps

c'est que j'allais Ă  droite Ă  gauche et au mitan.

J'allais chez Octavie Bérénice Andromaque

pour faire de la couture pour fabriquer des masques

et aujourd'hui encore on se retrouve ici

pour, de l'Impérator, pallier l'impéritie.

Néron

N'es-tu pas la patronne bien avant l'empereur ?

Ne mets pas sur mon dos le poids de tes erreurs !

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Agrippine

Voici les Parques ! C'est le travail qui nous rĂ©clame !

(un groupe apparaît -5 femmes, 1 homme – Voyant Néron, le groupe recule)

Néron

Ou notre Destin ! OĂą fuyez-vous messieurs-dames ?

N'est-ce pas Ă  vos yeux un spectacle assez doux

que le mĂ©chant NĂ©ron masquĂŞtant avec vous ?

Agrippine

Tu veux faire des masque avec nous ?....

Néron (cabotin)

…....................................J'ai des velums

et aujourd'hui « si vis pacem, para velum ! Â»

(tâtant un bout de velum)

Il est neuf c'est vrai mais aux trames bien nées

le velum n'attend point le nombre des années.........

Agrippine

ArrĂŞte de faire l'âne ! Pourquoi as-tu soudain

autant de compassion pour le peuple romain ?

Néron

Le peuple romain a toujours médit de moi

et ne veut pas se taire malgré toutes nos lois.

Et voilĂ  qu'un microbe vient de le baillonner !

On va chercher bien loin ce qu'on a sous le nez.

Agrippine

Et tu veux profiter du Covid 19

pour te refaire, NĂ©ron, un prestige tout neuf !

De cette maladie te refaire la santĂ© !...

(elle présente les nouveaux arrivés)

Voici quelques amis qui viennent « masquĂŞter Â»

Bérénice, Octavie, Andromaque, Félicie

Flora, Rodrigue...

NĂ©ron …................... Rodrigue ? Mais que fais-tu ici ?

Rodrigue

J'étais en tournée dans une troupe

(qu'est-ce qu'il ne faut pas faire pour gagner sa soupe!)..........

Néron

« sous toi, cette troupe s'avance Â».... Et ta maĂ®tresse ?

Rodrigue

…..................mais le confinement nous a mis sur les fesses

et nous voilà enfermés entre quatre murs

alors pour m'occuper je fais de la couture.


Relecture poétique pour la mémoire

Par Marcel Col

Dans son roman biographique : « Picasso, le minotaure Â» ( Folio 2017 ), l'auteure Sophie Chauveau Ă©voque la crĂ©ation par l'artiste espagnol de sa gigantesque toile « Guernica Â» … Elle raconte les circonstances de l'oeuvre  telles qu'elles ont Ă©tĂ© rapportĂ©es ou imaginĂ©es :

« C'est jour de marchĂ© Ă  Guernica, ce 26 avril 1937, quand les avions allemands, sur ordre de Franco, lancent des bombes sur l'ancienne capitale des Basques. On dĂ©nombre 1654 morts et 889 blessĂ©s, exclusivement parmi la population civile. Un cataclysme, l'apocalypse, personne n'a jamais vu ça. C'est le premier raid de terreur sur des populations civiles de l'histoire ... Â»

Aujourd'hui les Ă©missions de radio ont tenu ( modestement ) Ă  Ă©voquer l'anniversaire de cette première tuerie des temps modernes, il y a 85 ans … Elle a Ă©tĂ© suivie de tellement d'autres !

On sait aussi que l'ami de Picasso , Paul Eluard , a Ă©crit en 1938 le cĂ©lèbre poème intitulĂ© « La Victoire de Guernica Â» .

( extraits )

« ...Visages bons au feu visages bons au froid

Aux refus Ă  la nuit aux injures aux coups

Visages bons Ă  tout

Voici le vide qui vous fixe

Votre mort va servir d'exemple

La mort cœur renversé

Ils vous ont fait payer le pain

Le ciel la terre l'eau le sommeil

Et la misère

De votre vie …

Sophie Chauveau Ă©voque une vision de cette Ă©trange victoire … «  Seule abandonnĂ©e dans une ville en flammes , une femme serre un enfant mort sur son cĹ“ur, se traine par terre et hurle, hurle comme on n'a jamais hurlĂ© en peinture … Â»

Picasso nous la montre .

...Les femmes les enfants ont le même trésor

De feuilles de printemps et de lait pur

Et de durée

Dans leurs yeux purs

Les femmes les enfants ont le même trésor

Dans les yeux

Les hommes le défendent comme ils peuvent

Les femmes les enfants ont les mĂŞme roses rouges

Dans les yeux

Chacun montre son sang …

Une question qui se pose quand on lit le poème :« Que peut-on dire du titre ? Â» . De quelle victoire s'agit-il et contre qui ? Qui sont ces attaquants et pour quelle raison ? Plus prĂ©cisement aujourd'hui , quels sont les termes qu'il faudrait changer pour que ce poème aussi vieux qu'une vie d'homme redevienne l'actualitĂ© de notre monde contemporain ? Et les victimes, des victimes d'aujourd'hui ?

Hommes réels pour qui le désespoir

Alimente le feu dévorant de l'espoir …

Ouvrons ensemble le dernier bourgeon de l'avenir

Parias la mort la terre et la hideur

De nos ennemis ont la couleur

Monotone de notre nuit

Nous en aurons raison.

Guernica … Oradour-sur-Glane ...Boutcha … Marioupol … La liste continue : qui sont les ennemis ? Et pourquoi ?

Pourquoi ? Pour qui ?