« Jaurès s’en va, la guerre arrive. » (Marcel Sembat, ministre 1914-1916)
La bête rôde ! L’ode
pour la paix de Jean Jaurès dévoilait son inquiétude car il la savait agonisante.
En clamant son opposition indéfectible à celle qui deviendra la "Grande
Guerre", le grand tribun humaniste et pacifiste deviendra sa première
victime la veille de l’affrontement armé, assassiné publiquement par un
militant nationaliste exalté. Sa vision du piège meurtrier se confirmera par
l’engrenage belliqueux des nations qui les entrainera dans une mécanique
destructrice. Ce 31 juillet 1914, Jaurès avait évoqué son destin : « si la mobilisation se faisait, je
pourrais être assassiné ». La défense de la paix fut sa bataille et causera
sa perte. On déplore sa mort mais nul ne suivra son esprit. « L'affirmation de la paix est le plus
grand des combats » avait-il dit !
La bête affamée montre ses
crocs. Elle taillade les portes de la paix. La guerre prend inéluctablement ses
quartiers. Personne n’y croit, personne n’en veut, sauf les nationalistes rêvant
d’effacer l’affront et la honte de 1870. Récupérer les territoires perdus et cédés
à son ennemi de toujours exacerbe les rancunes. De l’humiliante défaite au
désir exalté de revanche, un excès de confiance délirante se noie orgueilleusement
dans l’irrationnel. Battons-nous, la victoire nous appelle, nous
vaincrons !... La France ridiculisée, vaincue, humiliée, doit retrouver
son honneur, son prestige.
La bête a fini par mordre
et diffuse son poison. La valse des alliances n’a pas failli avec sa ronde de fiançailles.
Tout le monde se tient par la barbichette mais tout le monde est perdant et reçoit
la tempête. La Triple-Entente (alliés) et la Triple-Alliance (Empire allemand) mènent
la danse sanglante. Personne ne soupçonne que ce conflit, présagé
prétentieusement bref par tous les pouvoirs, va s’enterrer sous une terrifiante
symphonie de canons dévastateurs. D’abord local et européen, il devient
rapidement mondial puisque le monde est colonisé par l’Europe ! L’incertitude
ne tarde pas à succéder à l’euphorie débordante de la mobilisation. La
conviction d’en terminer prestement fait l’effet du soufflé au fromage.
La bête fut impitoyable. Les
horreurs de la Première Guerre mondiale ont démontré une nouvelle ère
d’atrocités où la vie humaine n’a que peu de valeur. Survivre dans cet enfer
était inespéré. Seule la victoire importait, mais à quel prix ! Dans nos
livres d’école, on retiendra principalement du 11 novembre 1918 la signature de
l’armistice mettant fin aux combats de la Grande Guerre, celle des poilus et
des gueules cassées, celle qui avait atteint une intensité inconnue
jusqu’alors. Les liesses de joie masquaient un instant ses atrocités et ses
souffrances, mais sans le traité de Paix le conflit pouvait reprendre à tout
moment. Georges Clemenceau, le Tigre, dira par la suite : « il est plus facile de faire la guerre
que la paix ».
Dans les tranchées de
l’enfer, les rats étaient les maîtres des lieux. Ce 11 novembre mit un terme à la
cohabitation infligée aux hommes embourbés dans ce cataclysme. Le tocsin
libérateur ressortit du mutisme les cloches à l’unisson. La démobilisation
libératrice de la folie des hauts commandements militaires pouvait commencer. La
bête était à terre !
L’exécution à Sarajevo d’un
seul homme, fût-il important, vola la vie à 10 millions de soldats, et
plusieurs millions de victimes civiles. Le 28 juin 1919, la symphonie de la
paix pouvait renaitre des partitions, sauf qu’un excès revanchard profita à la
bête blessée. Du fond de ses entrailles, elle n’avait jamais capitulé et
enfanta de monstres barbares inconnus : le nazisme et le fascisme. Cet
égarement fut fatal pour l’humanité. De cette folie humaine, orgueilleuse et
aveugle, naquit un nouveau poison. 1914 ne fut que l’ébauche d’un désastre
planétaire, la matrice apocalyptique du XXe siècle et du destin du monde.
Une affaire de voile vient encore d'enflammer l'opinion et de
provoquer un grand emballement médiatique. Notre journal ne pouvait pas ne pas
se prononcer sur l'événement qui incite tous les citoyens à s'interroger sur la
laïcité. Nous avons tout lieu de nous alarmer de certains programmes
politiques, qui, se réclamant ouvertement d'une appartenance - une
obédience ? - religieuse, prévoient la publication d'une charte de la
laïcité. Avec les projets d'une laïcité adaptée, d'une laïcité révisée, d'une
laïcité ouverte, nous voilà revenus aux conceptions de Nicolas Sarkozy.
L'actuel Président de la République ne manifeste pas beaucoup d'empressement à
se prononcer sur une question dont on se demande si elle ne provoque pas autant
de perplexité que de peur.
Nous ne possédons pas des éléments de solution, ne disposant que de
la certitude de nos convictions. Notre référence essentielle reste cette
« belle loi de 1905 » (voir N°479). Cependant,
l'essence même de la laïcité - qui veut instaurer la paix entre les
hommes et leur permettre de vivre ensemble avec toutes leurs différences
- interdit qu'on réduise un être humain à ses seules croyances pour le
reconnaître au contraire dans ce qui fait la dignité propre à tous les
êtres humains. C'est pourquoi nous n'approuvons pas l'attitude de cet
élu RN qui interpelle une femme voilée, lui infligeant une humiliation
publique. La laïcité ne saurait encourager le mépris ni l'exclusion.
Et c'est bien la première équivoque de cette affaire où l'on ne sait
pas si la réprobation s'attache à la femme voilée, ou si cette femme
humiliée devient le prétexte à des affrontements idéologiques, en
particulier en période électorale. Bien des citoyens - partisans ou non
du port du voile - se méfient - à juste titre - de la récupération
politique de la laïcité effectuée par le parti de Marine Le Pen qui veut
en faire une loi liberticide ; on sait par ailleurs que la
trépidante Marion Maréchal a créé sa propre école et a déclaré
« les valeurs de la République, ça me saoule ! »
L'affaire du voile serait-elle la nouvelle affaire des poisons de ce 3éme
millénaire ? Poison de la haine qui dresse les uns contre les
autres des citoyens de croyances différentes, poison de l'intolérance,
poison du fanatisme qui engendre le crime et sème la violence jusque
dans les cours des écoles, tout ce qui envenime les relations entre
hommes et prépare le terrain des guerres fratricides. Le seul
qualificatif qui conviendrait à la laïcité est sans doute le terme
« maltraitée » ; ainsi apparaît ce principe altéré par
tant de polémiques et autant de méprises.
Tous ceux qui ont pris la plume et la parole au moment de la dernière
affaire du voile l'ont fait avec sérénité, ou avec indignation. Mais en
dehors d'Henry Péna-Ruiz dans un article très courageux, et très clair,
pas un chroniqueur, pas un homme politique ne s'est prononcé
ouvertement pour ou contre le port du voile ; on a beaucoup
tergiversé, on a beaucoup ergoté ; le ministre Blanquer a dit qu’il
ne souhaitait pas que le voile se répande, il n'a fait que mettre de
l’huile sur le feu et a fait exactement l’inverse de ce que l’on demande
à un gouvernant : prendre ses responsabilités et proposer une
règle au Parlement !
Ce débat semble vain alors que la violence couve. C'est pourquoi
la participation de Jean-Luc Mélenchon à une marche contre l'islamophobie
derrière Madjid Messaoudene, élu de la municipalité de Saint-Denis, proche de
l'intégrisme, nous paraît relever d'un zèle politique inutile, ou d’une
stratégie électoraliste ; comment admettre enfin qu'au cours de cette même
manifestation retentisse le cri de Allah akbar, cri de ralliement des
terroristes.
Nous nous appliquerons donc à examiner tous les arguments exprimés à
propos de cette affaire et tenterons de retrouver, à travers cette
analyse, une définition fiable de la laïcité. Auteur de plusieurs livres
sur le sujet, Julien Bouchet ne « s'aventure pas à définir la
laïcité » : il choisit prudemment de faire le tour de
« ce qu'elle n'est pas ». Dans son ouvrage, « Les ennemis
de la laïcité », l'auteur énumère et les ennemis du principe, et
les causes de sa décadence :
La laïcité est menacée par de nouveaux prosélytismes radicaux et des forces anti-républicaines [...] L’une
des thèses de ce livre est le constat de la persistance de l’inimitié
en matière de laïcité. Plusieurs forces persistent à la combattre. La
première est constituée de ceux qui contestent l’héritage libéral de la
Révolution française, et la démocratie [...] La seconde force est
formée d’un certain nombre de militants de la foi qui persistent à
penser que le religieux prime sur la politique, deux sphères de la vie
collective qui n’auraient pas dû être, selon eux, séparées. Mais il y a
d’autres ennemis : les communautaristes, les relativistes de tout poil,
certains européistes. La laïcité vous semble-t-elle menacée en France ? La
laïcité [...] peut être effectivement considérée comme menacée. La
principale menace ne vient sur ce point pas des ennemis cités
précédemment mais bien d’une crise de notre citoyenneté qui affaiblit la
fraternité. Cette crise est renforcée par un nouveau rapport au temps
caractérisé par la prépondérance du présent pour penser le passé (la
mémoire domine l’histoire) et envisager le futur (le court-termisme est
destructeur du lien social et politique).
Le premier grief contre le voile concerne son caractère
religieux ; il est le signe d'un asservissement de la femme aux
lois religieuses qui définissent une société dirigée par les pères, les
époux et les grands frères (jusqu'à disposer du droit de vie et de
mort). L'église catholique qui exige des femmes qu'elles se couvrent la
tête pour visiter les églises italiennes observe finalement un précepte
identique qui considère la femme dévoilée comme indécente, offerte à la
convoitise publique.
On alléguera que dans nos anciennes sociétés campagnardes, le foulard
était un élément obligatoire du vêtement féminin ; la coquetterie
n'était pas étrangère à sa couleur ; en guise de deuil infini, les
vieilles paysannes ne quittaient plus leur foulard noir. On se souvient
aussi que les Ukrainiennes, dans leurs costumes traditionnels, ont porté
beau des fichus aux couleurs vives, arborés pour les fêtes et les
danses sans connotation religieuse.
Peut-on prétendre toutefois que le port du voile chez la femme
musulmane relève de la même liberté ? On sait que la femme voilée
n'a pas le droit de se présenter sur un plateau de télévision, ni de
serrer la main d'un homme, ni de s'asseoir, dans les transports publics,
à côté d'un homme. Rien n'est plus inacceptable que ces fillettes qu'on
couvre d'un voile et qui jouent avec d'autres fillettes libres de leur
corps et de leurs mouvements.
Les manifestations de musulmanes qui défendent la décision
personnelle du voile plongent les opposants dans l'embarras :
peut-on s'opposer à la liberté individuelle du vêtement quand tant de
modes diverses - et insolites - ont mis dans la rue des accoutrements
souvent vécus comme une provocation à la pensée établie ? Nous
savons que dans certaines communautés d'Afrique, ce sont les mères qui
perpétuent la pratique barbare de l'excision, et que dans la religion
musulmane, ce sont les pères qui mettent en scène la cérémonie cruelle
de la circoncision. Défendre le voile de la part d'une femme revient à
revendiquer son consentement à une oppression dont elle est victime. Le
prétexte du commandement religieux ne tient pas, le Coran ne mentionnant
jamais de façon explicite l’obligation pour les femmes de se voiler.
Reste la solution de la séparation proposée par la loi de 1905,
aujourd'hui contestée. Julien Bouchet, dans une interview, rappelle que -
malgré la tradition - il est inacceptable qu'on édifie une crèche dans
le hall d'une mairie (parce que c’est par excellence l’espace
« commun », l’espace où les hommes sont citoyens) Et c’est à
cette définition - proposée par une journaliste - que nous aurions aimé
nous en tenir : « La laïcité interdit dans l'espace public
tout ce qui peut nous diviser, elle autorise au contraire dans ce même
espace public tout ce qui nous rassemble ».
Et voilà que le débat rebondit quand il s'agit de délimiter ce qu'on
appelle l'espace public. La rue - en particulier ces rues piétonnes que
colorent et animent la diversité des passants -, le mail provençal où
les habitants d'un même hameau se réunissaient sans craindre quelque
affrontement que ce soit, sont incontestablement des lieux
publics ; pour peu que l'on sillonne les prés et chemins de nos
campagnes, on trouve nombre de croix de ciment ou de fer forgé plantées
sur le premier promontoire venu, témoins d'une foi autrefois largement
partagée, et dont personne ne songe à s'offenser.
Au terme d'espace public, il faut peut-être attribuer une connotation
politique ou institutionnelle ; un espace public serait alors tout
espace institué par le fonctionnement de la République : l'école,
l'hôpital, la mairie et tous les bâtiments administratifs. L'existence
des mosquées, espaces fermés ouverts aux croyants, ne devrait
scandaliser personne, pas plus que les églises, rattachées au patrimoine
national, et qui s'ouvrent à tous les visiteurs.
Nous reconnaissons n'avoir rien résolu, donné dans la même
rhétorique, nous n'avons pas enfoncé les portes fermées des instances
religieuses. La référence à la loi de 1905 était apparemment confortable
pour les citoyens d'une république convertis à la seule religion
catholique ; cette paix apparente a été édifiée sur l'exclusion des
protestants après la révocation de l’Édit de Nantes. Le pluralisme
religieux qui caractérise notre société et que permet la laïcité, les
fantasmes de pouvoir dont il est assorti, font courir à la République un
risque réel, déjà cruellement éprouvé par un grand nombre de citoyens.
Le seul espoir des hommes, c'est un apaisement aléatoire que l'histoire
et le temps favorisent. Notre journal a toujours pris le parti de
l'éducation, sachant qu'elle ne peut opérer que dans le long terme.
Seule peut porter ses fruits une éducation politique qui permette à tout
être humain de bénéficier de l’instruction d’une culture humaniste qui
forme les esprits à la pensée critique.
Le court-terme demeure alarmant, et il est à craindre toutefois que
tant que les responsables des autorités religieuses ne prendront pas
l'initiative - et ils n'en prennent pas le chemin - de s'aligner sur les
lois républicaines, le problème risque de n'être jamais réglé ; il
restera à gérer les conflits, les affrontements, et à redouter le pire.
Nous avons demandé à Anne-Marie DOLY de se prononcer sur la distinction des espaces telle que la loi de 1905 les avait définis.
DES ESPACES : le point de vue de la philosophie
Deux sphères mais trois espaces : c’est ce qu’instaure la loi de séparation de 1905 pour garantir la liberté de tous.
On
parle souvent d’espace public et d’espace privé. Il vaudrait mieux
parler de « sphères » publique et de sphère privée, car en
fait d’espace, il y en a trois que la loi oblige à
distinguer.
- La sphère privée,
celle où l’expression de nos différences, croyances religieuses,
options politiques, etc. est parfaitement autorisée (dans les limites,
cependant, du droit commun, comme la loi Sarkozy de 2010) est en réalité
constituée de deux espaces : - l’espace proprement privé
de la conscience, de la famille, les entreprises et bien sûr, des lieux
de cultes ou d’exercice de toute autre option spirituelle, - et, l’espace improprement dit public qui est en réalité l’espace « ouvert au public », lequel n’est pas le « peuple de citoyens » mais celui des individus en tant que personnes privées : c’est l’espace civil, la
rue, la plage, le hall de gare, etc., où l’expression libre des
croyances est autorisée, comme le port du burkini à la plage. La loi Sarkozy
sur l’interdiction du voile intégral dans la rue n’est ainsi pas une
loi laïque, c’est une loi du droit commun qui exige que l’on puisse
identifier tous les citoyens.
- La sphère publique est constituée d’un espace où la réserve laïque est obligatoire : c’est l’espace public où s’exerce la puissance publique,
les institutions, les services publics, dont les hôpitaux et bien sur
l’école-, et encore cette réserve n’est-elle obligatoire que pour les
fonctionnaires et non pour les usagers. Pourquoi cet espace est-il « neutre », exprimant par-là la neutralité de l’État en matière de spiritualité ? Parce que c’est l’espace où s’exerce l’intérêt général
qui prend en compte les hommes en tant qu’ils sont libres et égaux
selon la définition humaniste de ce qui fait la dignité humaine,
indépendamment de tout ce qui les différencie (appartenances ethniques,
culturelles et sociales, croyances religieuses et autres options
spirituelles) et tels que les lois républicaines en font des citoyens.L’espace public,
c’est celui qui ouvre aux hommes-comme-citoyens des services
indispensables à promouvoir et maintenir ce qui fait la dignité humaine
en chacun, promotion qui définit ce qu’est l’intérêt général et l’oppose à ce qui n’est que la sommes des intérêts particuliers éminemment variable selon les moments, les pays et les choix politiques. C’est
à cette condition de distinction des espaces que peuvent-être assurées
en priorité la liberté de conscience de chacun ainsi que la liberté de
croyance et d’expression des cultes. C’est cette distinction de trois
espaces qui nous permet de vivre à la fois « en commun » et
individuellement avec toutes nos différences sans qu’aucun de nous ne
soit jamais poussé à choisir contre sa volonté telle ou telle croyance,
option ou comportement : c’est dire que la laïcité est une loi de
liberté commune et individuelle puisqu’elle en détermine les conditions
de possibilité. La loi de 2004 qui a interdit le port ostentatoire de signes religieux par les élèves à l’école
est liée à ce qui se fait à l’école, à savoir former tous les élèves à
une pensée libre pour les rendre capables d’être des citoyens, ce qui
exige le respect de la liberté de conscience des élèves et la
« neutralité » de l’espace où elle se forme.
La distinction des trois espaces nous permet donc d’affirmer que le
port du voile des accompagnatrices scolaires est tout à fait autorisé,
dans l’état actuel du droit ? Cependant si on note que :
(a) un texte de 1991 précise qu’il s’agit de sorties pédagogiques qui
prolongent les enseignements et non la vie de famille : les femmes
qui accompagnent ne le font donc pas en tant que « mamans »
d’autant que (b) les accompagnants ne sont pas forcément des
« mamans », mais peuvent être toute personne qui reçoit l’aval
du directeur, (c) que des parents peuvent se plaindre du fait que
leur enfant a été influencé par une expression vestimentaire religieuse
(ou autre) sans que la législation actuelle permette une réponse claire. On
comprend la nécessité de définir un statut pédagogique pour les
accompagnateurs bénévoles afin de clarifier la question et de ne pas
laisser aux seuls directeurs la responsabilité de situations délicates
qui engagent ses relations avec les parents et les élèves comme ce fut
le cas avec les problèmes de port du voile à l’école que la loi a
finalement réglé.
Cette année la FAL63 organise le nouvel an 2020 dans le site
grandiose de son village-vacances le Grand Panorama, au bord du Lac
Chambon. Repas, soirée de fête, hébergement : cette offre unique est ouverte à tous. S'inscrire avant le 20 décembre.
Ci-après les informations concernant cet événement et une fiche d'inscription à nous retourner avant le 20 décembre.
Nous vous attendons nombreux pour fêter cette nouvelle année tous ensemble !
25 et 26 janvier 2020 - Salle Leclanché - Clermont-Ferrand
Sonia et Cristian Florescu, les intervenants
La commission de bénévoles « Danses du Monde », œuvrant au
sein du service culturel de La Ligue de l’Enseignement (FAL 63) vous propose un stage exceptionnel de Danses du Monde animé par Sonia et Cristian Florescu, grands spécialistes des danses de Roumanie !
Danseurs et chorégraphes
mondialement reconnus depuis plus de 20 ans, Sonia et Cristian enseignent avec
passion, clarté et font partager avec joie et humour leur amour des traditions
folkloriques roumaines. Invités sur tous les continents, c’est une grande joie
pour nous de les accueillir pour la 1ère fois en France !
Attention, pour le confort de
tous, le nombre de participants est limité, ne tardez donc pas à vous
inscrire !
Nous n'avons pas souhaité modifier les tarifs habituels pour ce stage
exceptionnel, mais nous tenons à vous informer qu'une participation
supplémentaire mais néanmoins libre est possible dès votre inscription ,
en l'incluant directement à votre règlement ou bien sur place le jour
du stage .
Si vous désirez manger sur
place avec les autres stagiaires vers 19h dans une ambiance conviviale,
prévoyez d’apporter un plat sucré ou salé et une boisson à partager ainsi
que verres, assiettes et couverts.
Hébergement possible chez l’habitant. Merci de nous tenir rapidement informés afin que nous puissions nous organiser.
En attendant de recevoir le Tour de France en juillet 2020, la
commune de Châtel-Guyon a accueilli lundi soir dernier l'Assemblée
Générale du Comité USEP 63. Dans son rapport moral, le Président a
insisté sur l'engagement fort de l'Équipe Départementale EPS aux côtés
des enseignants et ETAPS, qui permet aux effectifs du Comité de rester
stables autour de 8 500 licenciés depuis plusieurs années. Le soutien
financier du Conseil Départemental du Puy-de-Dôme ainsi que la mise à
disposition de nombreux équipements sportifs par
Clermont-Auvergne-Métropole et la Ville de Clermont-Ferrand notamment
ont été également mis en exergue pour expliquer cette stabilité. Cette
Assemblée Générale a également été l'occasion de souligner l'engagement
fort de l'USEP63 dans le développement du dispositif "Génération 2024"
sur les écoles puydômoises.
L’Assemblée Générale 2019 du Comité Départemental UFOLEP du
Puy-de-Dôme était organisée à Chappes en présence de Claude BOILON,
Maire de Chappes et Conseiller Départemental du Puy-de-Dôme, Edouard
FERREIRA, Président de la FAL et Philippe BERAUD, délégué départemental
de l’USEP. Pierre CHEVALIER, Directeur Technique National UFOLEP, était
également présent.
Claude BOILON, Maire de Chappes,
a insisté sur le rôle primordial des associations dans une commune de par le
dynamisme et la vie qu’elles apportent mais aussi des valeurs qu’elles
défendent : laïcité, solidarité, fraternité, engagement…
Cet accueil a été suivi de la
présentation des associations UFOLEP de la commune (Amicale Laïque de Chappes,
Limagne Auto Bug, Chappes Limagne Gym) avec notamment le témoignage de leurs
président-e-s qui ont exposé leurs activités et leurs objectifs.
Rapport moral
Dans la présentation du rapport moral, le Président Jean-Claude
DAUPHANT a fait le bilan de la saison sportive écoulée avec des
difficultés liées à la situation financière de la FAL et le
fonctionnement du Comité Régional UFOLEP AURA qui n’apporte aucune
plus-value à l’action départementale.
Toutefois, le bilan de la saison
est largement positif au niveau des projets annoncés et réalisés avec une aide
continuelle apportée aux associations affiliées et le développement des
activités sportives.
Ce fut l’occasion de féliciter et
remercier les centaines de bénévoles qui œuvrent sur tout le département.
Rapport d'activité
Le rapport d’activité présenté
par la Secrétaire Générale Florence DUFRAISE-LEVADOUX a mis en valeur
l’excellent travail réalisé depuis longtemps par les militants.
Actuellement premier département
de France, le Comité UFOLEP du Puy-de-Dôme compte 17 751 licenciés répartis dans
les 248 associations affiliées.
Un intérêt particulier a été apporté au nouveau système d’affiliation
et d’enregistrement des licences dont le but est de permettre leur
dématérialisation. Rémi MONTESSINOS, Vice-président, a présenté les
avancées de ce dossier et répondu aux questions des intéressés.
Rapport financier
La présentation du budget 2020 par les trésoriers Jean-Paul BERNON et
Solange RAY fait apparaître une gestion saine. Tous les rapports ont
été approuvés à l’unanimité des présents.
Philippe BERAUD, délégué
départemental de l’USEP, a souligné les bonnes relations entre les deux
secteurs sportifs et souhaité que l’entraide actuelle UFOLEP/USEP perdure.
Edouard FERREIRA s’est réjoui de la bonne santé de l’UFOLEP et, à la
demande de son Président, il a pu apporter des précisions sur le plan de
sauvegarde en cours de la FAL avec toutes ses informations utiles et
l’objectif de sortie de procédure très prochainement grâce aux efforts
et au travail collaboratif de tous.
Une lettre d’Eric GOLD, Sénateur du Puy-de-Dôme, a été présentée. Il y
écrit son soutien à l’ambition de l’UFOLEP de faire du sport un vecteur
de valeurs telles que le fair-play et le civisme.
Pierre CHEVALIER, Directeur Technique National UFOLEP, très attaché aux
dimensions sociales et citoyennes du sport, a salué l’action de l’UFOLEP
dans le département qui a pour objectif de former des citoyens sportifs
et de développer des pratiques ludiques et conviviales pour tous, pour
un «Mieux vivre ensemble! ».
« afin d'éviter que nos dispositifs perdent en force et en pertinence, l’Unicef France plaide pour une politique publique en faveur de l’enfance qui rassemble d’une manière cohérente, sur les mêmes objectifs, l’ensemble des acteurs. (Discours de Jacques Hintzy)
Dans son livre Terre des hommes, Saint-Exupéry
déplorait que l'humanité laisse dans son sillage tant de « Mozart
assassinés », tant d'enfants entravés dans leur bonheur et leur
épanouissement, condamnés à une existence cruelle. Il y a là bien plus
qu'une image. Et ce « monde enchanté de l'enfance »
célébré par François Mauriac est loin d'être partagé par tous les
enfants du monde. On se souvient à jamais du petit Juif, les mains en
l'air sous la menace des fusils allemands, au premier plan d'une image
sur l'écrasement du ghetto de Varsovie, on se souvient de la petite
vietnamienne hurlant, brûlée au napalm, de cette dépouille d'enfant
immigré rejetée par la mer, de la petite fille tranquillement enterrée
vivante par un soldat japonais au cours des massacres de Nankin... Ces
images ne sont pas d'un autre temps, d'une autre histoire et ne tombent
pas sous prescription : elles nous sont - à l'échelle même de
l'histoire - contemporaines.
Contesté pour son historicité, le massacre des Innocents, figurant
dans un texte religieux, s'est pourtant répété tout au long de
l'Histoire. Le crime contre les enfants est, de toutes les violences
infligées aux être humains, la plus insupportable parce qu'elle est
incompatible avec notre représentation commune de l'enfant (dont
témoigne par exemple la peinture), chargée d'affectivité et
d’attendrissement. A quel degré de barbarie sont arrivés les hommes
capables de tels forfaits contre une créature aussi frêle ?
On a mis très longtemps à reconnaître à l'enfant la dignité d'une
personne humaine, très longtemps aussi à s'émouvoir de sa fragilité et à
dénoncer toutes les maltraitances - dont toutes les maltraitances
ordinaires - qui s'abattent sur l'enfance. Pendant plusieurs siècles, la
mortalité infantile très répandue faisait de l'enfant une quantité
négligeable, une charge pour les familles pauvres, la honte des familles
bourgeoises et aristocratiques quand il était illégitime. Pendant très
longtemps, dans la société agricole des premiers temps de l'histoire de
France, ce « petit d'homme » était un bébé sauvagement
emmailloté, entravé, qu'on suspendait à un clou de l'étable pendant que
se poursuivaient les travaux de la ferme. Les parvis des églises, les
institutions religieuses recueillaient ces enfants abandonnés envers qui
la société ni les adultes n'accordaient la moindre tendresse. La
société industrielle - comme le dénonce Victor Hugo - fabrique une
nouvelle catégorie d'esclaves en la personne des enfants enrôlés sans
ménagements, dans les usines ou dans les mines.
Qu'on ne regrette ni ces époques de barbarie et d’obscurantisme - les
enfants privés d'école - ni les conscriptions arbitraires, ni les
châtiments corporels au prétexte qu'ils forgeaient le caractère, et
qu'on ne croie pas surtout que la condition des enfants dans le monde
soit aujourd'hui protégée contre ces maltraitances. Quand on se penche
sur le contexte où vivent des enfants malheureux, mal nourris, mal
traités, privés d'école, on s'aperçoit qu'ils sont toujours les
premières victimes des guerres et des conflits, les premiers frappés par
l'injustice sociale, les premiers souffrant de la faim, terrassés par
les épidémies, quand ils ne sont pas accablés par un contexte familial
trop accidenté.
Les générations futures qui se pencheront sur notre histoire seront
sans doute surpris qu'il fallût attendre 1989 - 2 siècles après la
révolution - pour que l'assemblée générale de l'Organisation des Nations
Unies, le 20 novembre, adopte la convention relative aux droits de
l'enfant.
Marie Lantheaume, élue à
Valence, rappelle, au cours de la journée commémorative du 21 novembre 2012,
les dispositions prises par la convention en matière de protection des
enfants :
La convention internationale
des droits de l’enfant affirme que l’enfant est une personne à part
entière et qu’il a des droits fondamentaux : sociaux, économique,
civils, culturels, politiques et que ses droits doivent être appliqués,
respectés et défendus. Chaque enfant du monde a les mêmes
droits quels que soit sa couleur de peau, son sexe, sa langue, sa
religion, son état de santé, l’origine de ses parents Tout
enfant a droit à une protection spéciale, a droit à une identité et à
vivre en famille, a droit à l’éducation, a droit à la liberté d’opinion
et d’expression. En 20 ans, la convention internationale
des droits de l’enfant a apporté des avancées notamment en matière de
nutrition, de santé, de scolarisation, d’égalité filles-garçons
Si la convention donne à la protection de l'enfance un statut
légal ; elle n'a pas le pouvoir d'enrayer les violences dont les
enfants continuent à être victimes. C'est pourquoi François Hollande, à
l'occasion de la même commémoration, ainsi que Marie Lantheaume, nous
rappellent au devoir de vigilance :
Je veux évoquer, pour
terminer, les violences qui, hélas, existent - un enfant les a rappelées
- dans le monde pas si lointain. J'évoquais les conflits et les guerres
où ce sont les femmes et les enfants qui sont les premières victimes,
toujours les premières victimes ; les femmes à travers des violences
subies, les pires, et les enfants parce qu'ils se trouvent déplacés,
perdus. Il y a des bombardements encore aujourd'hui dans une ville de
Syrie et puis il y a d'autres événements qui restent loin des images que
nous recevons et qui ne sont donc pas nécessairement connus. Et il y a
cette dégradation du climat, ces sécheresses, ces familles qui ne
peuvent plus rester dans leur village, qui fuient, en exil. Nous devons
penser aux violences que subissent les enfants partout dans le monde
[…] »
Discours de François Hollande
Mais aujourd’hui encore
beaucoup reste à faire : des enfants ont faim, n’ont pas d’accès à
l’eau potable, meurent du sida, travaillent, font la guerre, sont
victimes de violence, sont torturés, emprisonnés… En France
aussi, la vigilance s’impose : si notre pays est un de ceux où la
convention est la mieux appliquée, dans la réalité tous les enfants
vivant sur notre territoire n’ont pas les mêmes droits. L’augmentation
de la pauvreté touche directement les enfants : sur 30% de
personnes qui vivent en dessous du seuil de pauvreté, 2,1 Millions sont
des enfants. En France aujourd’hui pour certains enfants les droits à un
logement décent, à s’alimenter correctement, à être soi ne sont
pas respectés.
Discours de Marie Lantheaume
Il existe aussi une
maltraitance « ordinaire » qui frappe les enfants dans les espaces
restreints de leur univers propre : la famille, l'école, le terrain de
sport, et par-dessus tout, la rue, tous ces lieux où se déploient une violence
sournoise et tenace qui brise les victimes :la plus terrible commise par
les enfants eux-mêmes sur leurs semblables sous forme d'un harcèlement qui a
poussé des jeunes victimes au suicide. Ces faits doivent aussi nous prévenir
contre l'angélisme.
Si la convention a le mérite d'exister, elle n'a pas éradiqué de la
surface de la terre le malheur des enfants. C'est pourquoi leur
protection exige la mobilisation de tous ceux qui ont charge
d'enfants ; toutes les fonctions des adultes doivent être assorties
de cette mission : les parents, les professeurs, les médecins, les
représentants de la loi, sachant qu'un seul homme n'y peut suffire, et
qu'une collaboration étroite est nécessaire entre les instances
responsables d'enfants. Nous savons aussi combien il est difficile de
percer les secrets de l'intimité des familles dont la misère et la
fragilité contrarient gravement le devoir d'éducation.
Ce n'est pas s'ingérer dans la vie de la famille, l’État
n'a pas à venir dans les familles, à prendre la place des familles,
mais il doit aider, accompagner les familles. [...] nous avons besoin de
soutenir la parentalité. Ce n'est pas si facile d'être
parent quand on a en plus une activité professionnelle ou quand on se
retrouve dans le dénuement, dans la pauvreté, dans la précarité.
Discours de François Hollande
C'est
pourquoi, il faut saluer toutes les associations, tous les bénévoles (dont la
tâche est rendue si complexe en raison des phénomènes migratoires) qui s'acharnent
à sauver les enfants de l'histoire, et les accompagnent dans la reconquête de
leur humanité.
Je salue ici tous ceux qui se
mobilisent pour cette cause et soyez sûrs que notre attention,
mobilisation, bienveillance ne se démentiront pas, même si - je l'ai dit
- nous devons lutter contre les passeurs, et éviter qu'ils puissent
utiliser le drame et la détresse pour faire qu'il y ait là-bas des
familles privées d'enfants et ici des enfants sans famille.
Discours de François Hollande
Colette
cependant, à qui l'on doit de si beaux textes sur son heureuse enfance, ne
manquait jamais de nous mettre en garde contre les ruses infinies des enfants.
« La candeur enfantine, disait-elle, est une invention de l'âge
mûr ». C'est pourquoi, il se pourrait bien que le malheur suprême fût
celui qui fait des enfants eux-mêmes des êtres cruels, violents, engagés dans
toutes les formes de délinquances bafouant toutes les institutions qui se
veulent à leur service, refusant l'éducation, la loi et, tous comptes faits, l'amour.
Tout le problème consiste à ne pas se décourager et à ne pas succomber à
l'illusion de la violence d'une sanction salutaire.
En
ce qui nous concerne, et en toute laïcité, nous continuons à considérer comme
sacrée la qualité d'enfance, et comme sacrilège tout le mal qui cherche à
l'anéantir.
En guise de conclusion, un
extrait de discours de Jacques Hintzy, (ex-président (décédé) de l'UNICEF-FRAN)
à l'occasion du lancement des États Généraux de l'enfance, le 16 février, où il
souligne la nécessité d'une coopération associative.
Notre préoccupation est bien
sûr dirigée en premier lieu vers les enfants et adolescents en situation
de fragilité et de vulnérabilité, vers les enfants et adolescents
pauvres, enfants et adolescents malades et en situation de handicap,
vers les enfants Roms, vers les enfants et adolescents en danger,
maltraités, vers les adolescents en errance, adolescents prostitués,
mineurs étrangers isolés, enfants délinquants, adolescents incarcérés,
enfants et adolescents discriminés… Vers les enfants et adolescents
victimes de violences ordinaires ou encore de souffrances invisibles…
Nous avons bien conscience qu’une
telle ambition ne peut entièrement se décliner dans le délai consacré à
l’organisation de ces États généraux de l’enfance mais je forme le
vœu que la France adopte au moment de la conclusion de ces travaux, les
bases d’un projet ambitieux en faveur de l’enfance, qui s’inscrive
pleinement dans le respect de l’esprit et de la lettre de la Convention
internationale des droits de l’enfant. Enfin, si l’Unicef France se
réjouit d’avoir la parole aujourd’hui, nous voulons également rendre
hommage au travail réalisé par les autres acteurs qui œuvrent depuis
longtemps sur le terrain, parmi lesquels de très nombreuses associations
représentées pour certaines dans la salle, tout aussi convaincues de la
nécessité de promouvoir les droits de l’enfant en France.
Tant qu’il existera, par le
fait des lois et des mœurs, une damnation sociale créant
artificiellement, en pleine civilisation, des enfers […] Tant
que les trois problèmes du siècle, la dégradation de l’homme par le
prolétariat, la déchéance de la femme par la faim, l’atrophie de
l’enfant par la nuit, ne seront pas résolus … tant qu’il y aura sur la
terre ignorance et misère, des livres de la nature de celui-ci pourront
ne pas être inutiles.
Ainsi s'exprimait Victor Hugo dans cette seule et véhémente préface
de son roman « Les Misérables », où l'on reconnaît son
emportement humaniste, l'esquisse de son inlassable plaidoyer pour
l'enfance, la condamnation de tout ce qui contribue à sa maltraitance.
Il fera de Gavroche, l'enfant des rues, et de Cosette, souffre-douleur
des infâmes Thénardier, deux des héros de son livre. Il prendra en
poésie, la défense des enfants esclaves de la société industrielle,
usant leurs forces et leur joie dans l'enfer – précisément – des usines
nouvelles.
Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ? Ces doux êtres pensifs, que la fièvre maigrit ? Ces filles de huit ans qu'on voit cheminer seules ? Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules ; Ils vont, de l'aube au soir, faire éternellement Dans la même prison le même mouvement. Accroupis sous les dents d'une machine sombre, Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l'ombre, Innocents dans un bagne, anges dans un enfer, Ils travaillent. Tout est d'airain, tout est de fer. Jamais on ne s'arrête et jamais on ne joue. Aussi quelle pâleur ! la cendre est sur leur joue. Il fait à peine jour, ils sont déjà bien las. Ils ne comprennent rien à leur destin, hélas ! […] Ô servitude infâme imposée à l'enfant ! Rachitisme ! travail dont le souffle étouffant Défait ce qu'a fait Dieu ; qui tue, œuvre insensée, La beauté sur les fronts, dans les cœurs la pensée […] Travail mauvais qui prend l'âge tendre en sa serre, Qui produit la richesse en créant la misère Qui se sert d'un enfant ainsi que d'un outil ! Progrès dont on demande : « Où va-t-il ? Que veut-il ? » Qui brise la jeunesse en fleur ! qui donne, en somme, Une âme à la machine et la retire à l'homme ! Que ce travail, haï des mères, soit maudit ! […] qu’il soit maudit au nom du travail même, Au nom du vrai travail, saint, fécond, généreux, Qui fait le peuple libre et qui rend l'homme heureux !
Extrait de « Melancholia »
Le réquisitoire de Victor
Hugo ne relève pas seulement de la véhémence lyrique, il dénonce aussi une
situation économique - et par conséquent politique - qui asservit es enfants du
peuple à ses profits. Dans un chapitre des Misérables, à la manière d'une
parabole, Victor Hugo donne l'exemple de l'injustice sociale qui frappe
l'enfance.
Il oppose un
aristocrate dédaigneux et son petit garçon à Gavroche et son petit frère,
affamés, errant dans le jardin du Luxembourg Apercevant ces miséreux, l'homme
déclare « l'anarchie entre en ce jardin ». Négligeant la brioche que
lui a donnée son père, le petit aristocrate la jette dans un bassin ; deux
cygnes accourent, prêts à dévorer le gâteau, mais Gavroche, plus habile, quand
les nantis quittent le jardin, se précipite au bord du bassin et, recueillant
la brioche, il en fait deux morceaux dont il donne le plus gros à son
frère : « Colle-toi ça dans le fusil » ... figure parmi les
répliques inoubliables de ce grand roman.
Victor Hugo n'est
pas le seul poète à s'indigner de la maltraitance qui frappe l'enfance, Rimbaud,
dans « Les effarés » s'apitoie lui aussi sur la misère, le froid et
la faim dont souffrent les enfants :
Noirs dans la neige et dans la brume, Au grand soupirail qui s'allume, Leurs culs en rond,
A genoux, cinq petits, - misère ! - Regardent le Boulanger faire Le lourd pain blond.
La pâte grise et qui l'enfourne Dans un trou clair.
Ils écoutent le bon pain cuire. Le Boulanger au gras sourire Grogne un vieil air.
Ils sont blottis, pas un ne bouge, Au souffle du soupirail rouge Chaud comme un sein.
« Les effarés » extrait
De tous temps, la littérature – aujourd'hui le cinéma – se sont
beaucoup penchés sur l'enfance malheureuse, et nombre de petits héros
sont inscrits dans la mémoire collective, qu'ils soient vaincus par les
fatalités de l'histoire ou les injustices sociales, ou qu'ils finissent
par triompher de leur triste destin. Et nous rangeons David
Copperfield, Toinou l'enfant auvergnat, Jacquou le croquant, Rémi le
saltimbanque dans le long cortège des enfants qui pleurent, et meurent
parfois, victimes de la cruauté du monde et de l'oppression des adultes.
Entre 1963 et 1984, plus de 2 000 enfants
réunionnais, âgés de 2 à 17 ans, sont transférés en métropole, afin de
servir un projet politique. Durant cette période, Michel Debré est
député de l’île de La Réunion. Il souhaite instaurer un pouvoir fort.
Précisons ici que son arrivée comme député en 1962 est marquée par son
profond désaccord à l’égard de l’indépendance de l’Algérie. Dans les
années 1960, La Réunion, département français depuis 1946, rencontre de
nombreuses difficultés : explosion démographique, situation économique
grave avec un manque de qualification des hommes et des inégalités de
salaires importantes. À la même époque, la métropole connaît une
désertion des campagnes, par l’exode vers les villes. Le département de
la Creuse, notamment, est une zone géographique considérée comme
appartenant à la « France du vide ». Ainsi, durant les décennies
1960 et 1970, l’État organise officiellement l’émigration de quelque 75
000 Réunionnais par l’intermédiaire du Bumidom (Bureau pour le
développement des migrations dans les départements d’outre-mer).
C’est dans le cadre de cette émigration, que 2 015 enfants sont
transférés en métropole, avec l’appui de l’institution de la protection
de l’enfance : l’Assistance publique jusqu’en 1964, puis de la DDASS
(Direction départementale des affaires sociales et sanitaires). Les
assistantes sociales arpentent l’île, à la rencontre des familles
fragilisées par la précarité sociale pour, dans un premier temps,
placer leurs enfants dans des foyers de La Réunion. De fréquentes
pressions de la DDAS sur les parents, souvent illettrés, amènent ces
derniers à autoriser en confiance le départ de leurs enfants vers la
France métropolitaine. Les discours tenus laissent penser à ces
parents que leurs enfants seront recueillis temporairement pour leur
bien. Or, le document signé sans avoir pu être lu entérine une
séparation définitive d’avec leurs enfants, d’autant plus qu’une
ordonnance du 15 octobre 1960 stipule la clôture de toute
revendication : quiconque faisant état d’un dysfonctionnement est
soumis à des répressions et à la prison ou à l’exclusion du
territoire. Dès lors, ces enfants deviennent pupilles d’état. Le Parti
communiste accuse Michel Debré d’organiser une « traite » de
travailleurs réunionnais vers la métropole. Cette décision
catastrophique restera longtemps « silenciée ». Mais le 18 février 2014,
l’Assemblée nationale propose une résolution de loi dans laquelle elle
demande que la connaissance historique de cette affaire soit approfondie
et diffusée, considérant que l’État a manqué à sa responsabilité morale
envers ces pupilles. Le rapport d’expertise est rendu le 10 avril
2018 : aucun élément valant preuve de vol d’enfant, d’enlèvement,
n’a été trouvé dans les dossiers.
Marion Feldman, Malika Mansouri« Une clinique du colonial : panser les après coups. Les enfants réunionnais transplantés en métropole », Le Coq-héron 2018/3 (N° 234), p. 26-34.
La stèle des « Enfants de La Creuse »
Cette commande me tient particulièrement à cœur. Quand
j’ai été choisi comme artiste pour la réalisation de cette stèle, ce
fut un immense honneur et une très grande responsabilité. J’allais
avoir le privilège d’acter une histoire de France, celle de tous ces
enfants déracinés et de rendre hommage à des milliers de victimes. Dans
la réalisation de cette sculpture je voulais respecter le contexte de
l’époque comme le short du garçon, les savates doigts d’pieds, les
valises, symboliser la déchirure de la petite fille qui s’accroche à sa
valise, malgré le grand frère qui tente de la rassurer avec sa valise à
ses pieds qui lui annonce son sort également. Merci de me compter parmi vous dans ce noble combat.
Nelson Boyer
La FEDD (Fédération des Enfants Déracinés des DROM (Départements
et Régions d’Outre-Mer) est créée en août 2015.
La résolution de l'Assemblée nationale du 18 février 2014 prise à l’initiative de George Pau-Langevin, ministre de l’Outre-mer
Le 18 février 2014, l'Assemblée nationale adopte - à
125 voix contre 14 - la résolution proposée par Ericka
Bareigts (députée socialiste de La Réunion), qui reconnaît la
« responsabilité morale » de l'État français :
« L’Assemblée nationale, […] Considérant que l’État se doit d’assurer à chacun, dans le respect de la vie privée des individus, l’accès à la mémoire ; Considérant
que les enfants, tout particulièrement, doivent se voir garantir ce
droit pour pouvoir se constituer en tant qu’adultes ; Considérant
que dans le cas du placement des enfants réunionnais en métropole entre
1963 et 1982 ce droit a été insuffisamment protégé ; Demande que la connaissance historique de cette affaire soit approfondie et diffusée ; Considère que l’État a manqué à sa responsabilité morale envers ces pupilles ; Demande que tout soit mis en œuvre pour permettre aux ex-pupilles de reconstituer leur histoire personnelle. »
Signé Claude Bartolone, président de l’Assemblée Nationale
Remerciements à Valérie ANDANSON, secrétaire, chargée
de la communication de la FEDD.
A l'occasion de l'anniversaire de la Convention internationale des
droits de l'enfant, la FAL propose aux écoles, collèges, associations,
municipalités, une exposition de 50 photos en ombres chinoises
illustrant les droits, ainsi que des documents d'accompagnement.
L'exposition peut-être tout aussi bien un support pour un travail
pédagogique en classe, ou un outil de communication et promotion pour
ces droits non encore respectés en de nombreux endroits du Monde.
Les photos, réalisées en 2 formats sur plaques acryliques, sont l'oeuvre du Collectif Images Auvergne,
association clermontoise de photographes amateurs humanistes, sur une
demande du Secours Populaire. Elles ont été exposées en novembre dans la
galerie de Auchan Nord, puis sur les grilles du Jardin Lecocq.
La FAL63 en assure le prêt sur réservation auprès du service Culture :
La FAL63 était présente le mercredi 20 novembre pour l’inauguration
de l’exposition créée par le Collectif Images Auvergne en partenariat
avec le Secours Populaire et présentée dans la galerie marchande du
magasin Auchan Nord. La FAL63, un peu oubliée lors de cette
cérémonie, a en effet pris à sa charge la diffusion post-réalisation de
ce très intéressant travail réalisé en lien avec les établissements
scolaires de Croix-Neyrat. L’exposition sera proposée aux établissements
scolaire puydômois et aux associations adhérentes de la FAL.
Si l'on remonte à la source de l'AL des Landais (quartier S.E. de
Clermont), on arrive au 1er juin 1945, jour de naissance d'une équipe
masculine senior de basket. Les petits ruisseaux faisant les grandes
rivières, l'ouverture, en 1961, de l'école Albert-Bayet va élargir un
simple club sportif en Amicale Laïque de soutien à l'Ecole Publique. En
collaboration avec la municipalité de Clermont, l'AL des Landais va
creuser profond puisqu'elle s'installe assez vite dans le sous-sol de
l'école avec déjà à l'époque un magnifique labo-photo. Au fil des années et du courant, des parents d'élèves et un comité des fêtes vont rejoindre l'Amicale. Les
années 70 seront prolifiques : presque 400 adhérents actifs, 80
honoraires, 15 sections (basket, ciné-club, gym, photo, ski, patinage,
pétanque...) et la kermesse de l'école qui irriguera tout le quartier.
Mais on sait que la vie d'une Amicale n'est pas un long fleuve tranquille. Après la montée des eaux vient la décrue. Celle des années 80 laissera sur le sable des sections entières, des enthousiasmes, des animateurs, des militants... Si
les méandres n'empêchent pas la rivière Amicale de suivre son cours,
ils lui font perdre tout de même, dans les années 90, le contact avec
les riverains du quartier (plus de kermesse) et avec l'école. A
contre-courant d'une société de consommation et de déresponsabilisation,
l'AL des Landais ne va pas partir à vau-l'eau. Pour rester une
association de quartier, un lieu de rencontre et d'animation pour tous,
elle va se concentrer sur 4 ou 5 activités avec l'aide de la FAL et le
soutien législatif pour l'USEP d'Albert-Bayet. De cette cure
d'amaigrissement bien involontaire, elle va renaître plus dynamique,
plus motivée, et cette renaissance va se faire sous le signe du poisson
d'aquarium. A notre connaissance, l'ALL est la seule structure
aquariophile véritablement « associative » de l'agglomération
clermontoise (et certainement des AL du département). Elle présente
dans ses locaux en sous-sol un véritable « débit de poissons »
avec une centaine d'espèces réparties dans 50 aquariums nécessitant
quelques 5 m3 d'eau et pas mal d'électricité (dont le coût
est pris en charge par la municipalité qui alloue, par ailleurs, une
subvention de 1200 € par an).
Ces « moments des poissons » demandent un travail collectif
permanent, impliquant les notions de base sur la surveillance des
poissons exotiques et l'apprentissage de l'entretien d'un élevage, avec
des ateliers de réalisation et restauration d'aquariums, la création de
fiches techniques, l'abonnement à des revues, le contact avec d'autres
clubs... Les 15 membres bénévoles, sous l'égide de Jean-François
Vidal, se réunissent 2 fois par semaine pour la bonne nage de cette
organisation. Car pour que le poisson nage, disait Cousteau, il faut que
le bénévole ! Comme volent aussi, tous les jeudis après-midi,
les aiguilles du couvige des Landais (rassemblement de dentellières dans
un but festif). Depuis 20 ans, Mme Suzy Abel-Coindoz initie 4 ou 5
personnes - par séance - à la technique de la dentelle sous toutes ses
formes : aiguille(s), crochet, fuseaux et à la pratique du
patchwork et point de croix. L'activité regroupe des participants de
niveaux divers mais de passion identique, avec partage des
connaissances, participation aux journées d'échange de la FAL,
recherches historiques et régionalistes, projets de visites... sans
oublier les expos, les portes ouvertes, et tous les 2 ans, le couvige
renommé de Chirac. De fil en aiguille, l'escalade aussi en a besoin.
Créée dans les années 1990, l'activité Escalade compte 24 membres (de 6 à
74 ans!) qui, motivés par « la grimpe » s'entraînent en
gymnase ou en plein air, le mercredi pour tous niveaux, le jeudi pour
les premiers de cordée. Dans une ambiance conviviale, l'enseignant
UFOLEP Pierre Germain - qui a déjà formé plus de 200 grimpeurs et animé
des stages nationaux - essaie aussi, par l'intermédiaire des enfants
(15), de remettre les parents au sport, au pied du mur, avec des sorties
dans des sites souvent « pitonresques » (Rivalet, St
Nectaire, Saurier, Vallée de Chaudefour ou de la Sioule...). Ceux et
celles qui n'ont pas d'atomes crochus avec la « grimpe », mais
qui veulent garder la forme, peuvent opter pour la gym d'entretien,
activité pour laquelle l'ALL a dû modifier sa culture associative en
rémunérant une monitrice UFOLEP, qui, deux fois par semaine, permet à
une quinzaine de personnes d’assouplir et renforcer leurs muscles.
« Une corde brisée aux doigts du guitariste » ... Les
doigts de guitariste se font rares actuellement. Mais l'activité
« Guitare » n'est pas mise à l'index. On pense qu'elle peut
repartir, que ce bémol ne sera pas trop chromatique pour les dièses à
venir. De 1945 à 2008, la direction de l’Amicale était confiée à un
président. Ce lourd fardeau va amener le Conseil d'administration à
établir, en 2009, un « roulement des responsabilités », sous
forme de gestion collégiale, plus à même de remotiver des gens qui
chercheraient dans la ville chaleur humaine et convivialité. Convivialité
qui, pour nous, envoyés de la FAL, transformera, le temps d'un
apéritif, « le débit de poissons, en débit de boissons ». Ce n'est Quincy qu'on pouvait se quitter !
L’association Prémudanse a vu le jour en 1988 avec la danse classique
comme forme d’expression privilégiée. A partir de 1998, le Hip-Hop a
progressivement animé la route buissonnière, musicale et
serpentine des responsables et des animateurs. Dans un style ou
dans un autre - dans les autres devrions-nous dire pour être au plus
près des créations contemporaines - Prémudanse met en exergue la devise
« Accès à tous pour une pratique artistique et le spectacle
vivant ».
Diversité des styles, diversité des lieux, diversité des âges ou pour
reprendre le langage quasiment codé des Transurbaines : « une Kidz Party, un battle all style, du collage urbain, un cypher géant, du scratching et- plus proche du phrasé auvergnat - des performances surprises ». L’association
est gérée par un Conseil d’administration d’une vingtaine de membre.
Elle reçoit l’aide financière de la Ville de Clermont-Ferrand, de la
Métropole, de la DRAC, de la Région, du Conseil Départemental, du CGET
(égalité des territoires) du ministère de la Culture. Elle est
hébergée dans des locaux mis à disposition par la Ville de
Clermont. Autour de la présidente, Josyane Bardot, une secrétaire
permanente et deux jeunes demoiselles en service civique veillent au bon
déroulement des projets. Carole Tilly à la production, Emilie Fort
chargée de la médiation/billeterie, Vanessa Fernandez responsable de la
communication et Eric Paulhan à la régie générale concentrent leurs
efforts sur la pierre angulaire du projet de Prémudanse : Les
Trans’urbaines.
La 22ème édition du festival des Trans’urbaines s’est déroulée
« en ville » du 20 au 31 octobre. Maison de la Culture,
Opéra-théâtre, Cour des Trois-Coquins, Espace Nelson Mandela,
Coopérative de Mai, Maison du Peuple, Saint-Jacques, Place de Jaude,
Gerzat, Lempdes, Blanzat, Cournon autant de sites qui ont servi de cadre
à moult rencontres, ateliers, conférences et spectacles. De quoi
démontrer le dynamisme d’une pratique artistique - le Hip-Hop et ses
dérivés - partagée par un nombre grandissant d’amateurs, acteurs ou
spectateurs. Compagnies associées, Hip-hop à l’école, l’été des
Trans’urbaines lors de Sable-show, le Rézo et les passerelles permettent
au festival de pousser ses racines sous les pieds de publics
différents : la préparation de l’édition 2020 commence ainsi. Dans l’édito de présentation de l’édition 2019, la présidente rappelle que « ce
festival a été élaboré avec l’ambition d’insuffler du désir, de
l’imaginaire, du partage, de la créativité, de la bonne humeur ». Avec de tels principes partagés, Prémudanse et la FAL-63 ne pouvaient faire autrement que de se rencontrer.
Depuis quelques semaines, la polémique sur le port du voile des
accompagnatrices de sorties scolaires a repris à propos cette fois de
l’affiche de la FCPE montrant une accompagnatrice voilée, seule avec un
enfant. Devant le silence du CNAL dont les DDEN font partie, aux
côtés de la FCPE, il est important de faire connaître la
position de la fédération des DDEN sur cette question récurrente depuis
plusieurs années que ni la loi ni la parole présidentielle n’ont réglée.
Rappelons que la loi de 1905 qui sépare l’Etat
et les églises, différencie pour cela trois espaces, privé, civil et
public, dont l’un seulement exige la neutralité, l’espace de la
puissance publique (institutions et services publics) et de ses seuls
fonctionnaires, leurs usagers étant libres d’exprimer leurs
convictions comme tous les citoyens dans l’espace civil (dans la seule
limite de la loi commune, qui interdit le port du voile intégral
dans l’espace civil). Les bénévoles qui accompagnent les sorties
scolaires (et autres activités) n’ont pas de statut leur reconnaissant
une fonction de service public. Ils sont donc libres d’exprimer leurs
convictions dans l’espace « civil ». La photo d’une
accompagnatrice scolaire hors de l’école, est donc légitime à porter le
voile en l’état actuel des lois et règlements.
Il est cependant bon de rappeler aussi, comme le souligne D.
Schnapper (Présidente du Comité des Sages de la Laïcité) dans un article
du Monde du 8 octobre, « dès lors qu’ils l’acceptent
(« de participer à l’encadrement de classes en activités scolaires
extérieures »), les parents savent qu’il ne s’agit pas
simplement pour eux de donner la main à leur propre enfant mais de
contribuer, sous la responsabilité de l’enseignant, à la bonne marche de
l’activité pédagogique : ils ont donc un devoir
d’exemplarité dans leur comportement, leurs attitudes et leurs propos.
(…) Que dirait-on par exemple de parents arborant dans ce cadre des
slogans politiques ou publicitaires ? Et C. Kinstler disait en 2014, déjà :
« Que se passera-t-il si des parents se plaignent qu’un affichage
religieux indiscret a été imposé à leurs enfants par un responsable dans
le cadre scolaire ?».
Ce cadre des sorties scolaires est bien en effet d’ordre pédagogique comme l’expose clairement la circulaire du 21-11-1999. Les sorties scolaires y sont définies commedes prolongements de l’école et de ses programmes : « Les sorties scolaires contribuent à donner du sens aux apprentissages », « elles
s’intègrent au projet pédagogique de la classe » « elles
correspondent à des activités d'enseignement sous des formes différentes
et dans des lieux offrant des ressources naturelles et culturelles » « chaque sortie, quelle qu'en soit la durée, nourrit un projet d'apprentissages,
souvent pluridisciplinaire, au travers d'un programme minutieusement
préparé dans lequel le nombre des sujets d'étude ou des activités
pratiquées doit être limité ». Ces sorties ne sont pas donc en aucun cas des prolongements de la vie familiale et les parents accompagnateurs n’y sont donc plus parents de « leur» enfant, identifiés par leurs diverses convictions et appartenances religieuses ou autres, mais « parent -générique- d’élève », seulement en charge des bonnes conditions d’apprentissages scolaires des élèves. Et c’est bien cela qui est en question et qui doit être clarifié pour mettre fin aux polémiques comme
ce fut le cas pour le port du voile par les collégiennes et ne pas
laisser aux seuls directeurs et chefs d’établissement, la responsabilité
de régler le problème : la nature de la fonction des
accompagnateurs de sorties et autres activités dites à juste titre
scolaires.
Voici les deux textes qui
expriment la position des DDEN :
Le 27 septembre 2019, la Fédération nationale des D.D.E.N publiait ce communiqué :
Les DDEN mobilisés pour accompagner les sorties scolaires Dans la Constitution de la République Française, l’École est Laïque. Lors de son congrès national à Rennes, la Fédération des Délégués Départementaux de l’Éducation Nationale (DDEN) a adopté une motion visant la reconnaissance de la fonction de bénévole intervenant dans les écoles publiques,
inscrite dans le Code de l’Éducation et valable sur tout le territoire
de la République. Cette fonction serait applicable à toute personne
intervenant dans l’école ou accompagnant les sorties scolaires. Notre
motion a été approuvée par toutes les organisations du Collectif laïque
national. Il ne s’agit pas de mettre en avant ou de
stigmatiser telle ou telle catégorie de personnes ou de les enfermer
dans une communauté religieuse, philosophique ou autre, ni de leur
revendiquer des droits spécifiques. Il s’agit avant tout de faire prévaloir la liberté de conscience des élèves et non les choix religieux des parents. Les
sorties scolaires font partie de l’enseignement au même titre que les
cours, c’est pourquoi, tous les intervenants doivent respecter une
totale neutralité dans l’intérêt des enfants. La
DDEN a une fonction officielle dans la communauté éducative. Il ne
défend ni un groupe ni une corporation et œuvre bénévolement dans les
écoles. Pour lui, la laïcité doit être l’objet d’une vigilance de tous
les instants. C’est pourquoi, il est prêt à accompagner les sorties
scolaires dans son département afin que les projets des enseignants qui
programment de sortir de l’école puissent se dérouler en toute
neutralité. En acceptant la fonction de bénévole
intervenant dans les écoles publiques, les DDEN volontaires pourront
accompagner les sorties scolaires. Ainsi, ils se feront un devoir de
respecter, comme tous les intervenants permanents ou occasionnels, la
laïcité de l’École.
Le Comité National Laïque dont la fédération des DDEN est membre publiait le 25-09-2019
UN MAUVAIS COUP CONTRE L’ÉCOLE PUBLIQUE La Fédération des Conseils de Parents d’Élèves
(FCPE), parmi son matériel de propagande en vue de l’élection des
représentants de parents d’élèves dans les Conseils d’écoles, a cru
devoir proposer une affiche à caractère provocateur qui remet en
question le principe de laïcité de l’école publique. Une
jeune femme maquillée et souriante y fait la publicité en faveur du port
du voile en accompagnement scolaire. Le slogan désinvolte « oui, je
vais en sortie scolaire, et alors ? » incite à relativiser et à
banaliser ce comportement. Cette véritable propagande
de la FCPE pour le port du voile en sortie scolaire cible une catégorie
particulière de la population à raison de ses opinions
politico-religieuses – car cet affichage revendicatif est bien le fait
d’une campagne de l’islamisme politique pour entrer de force dans la
sphère publique. C’est une offensive qui est menée depuis 30 ans ; elle a
débuté par l’affaire des collégiennes voilées de Creil. Ce conflit a
été résolu par la loi du 15 mars 2004. Une campagne électorale ne justifie pas que l’on flatte les logiques communautaristes. Quand
il s’agit de sorties à caractère scolaire, comme pour les autres
activités d’enseignement, la neutralité religieuse et politique est une
obligation de l’encadrement, conformément à la Constitution qui dispose
que l’école publique est laïque. Ce que cette école
doit respecter, c’est d’abord la liberté de conscience de l’ensemble des
élèves, liberté qu’elle contribue à former hors de toute pression
extérieure ; c’est en cela que la laïcité protège. Le
Collectif laïque national s’indigne qu’une association qui, depuis son
origine, se réclamait de la laïcité, s’adonne ainsi au clientélisme
communautariste. Il convient de mettre fin à l’équivoque
entretenue sur le statut des « collaborateurs occasionnels du service
public » que sont les accompagnateurs de sorties scolaires. Pour sortir
des atermoiements administratifs des divers ministres, seule la loi
républicaine permettra d’appliquer le principe laïque
constitutionnel. »
De trois choses l’une : soit
dans ce magasin on aime écrire pour ne rien dire, soit l’artisan afficheur
était payé à la lettre, soit c’était un ami du patron.
Ce 15 novembre 2019, le Conseil de
la Ville de Paris a voté la mort de la plus vieille agence de presse
photo parisienne, l’agence Roger-Viollet. Hélas, la disparition de cette
agence fondée en 1938 n’a guère ému le monde de la presse et de
l’édition. Gamma, Sygma, Rapho et des dizaines d’autres agences de photo
ont déjà disparu au profit des grands stocks américains.
Dans les années 1900, Alphonse Allais tirait déjà la sonnette
d'alarme : « il y a des jours où l'absence d'ogre se fait
cruellement sentir ». C'est vrai qu'à partir de cette époque, on fut réduits, nous les ogres, à la portion congrue. Mais
jusque-là, on a bien vécu, on peut le dire, il y avait chaque jour de
quoi croquer le marmot. L'éternelle évidence : le malheur des uns
fait le bonheur des autres. Il y en avait de la misère, dans ce
temps-là, de la misère qui faisait notre opulence. Les pauvres gens
n'hésitaient pas à abandonner leurs enfants dans les forêts. Ils nous
apportaient quasiment le repas à domicile. Précisons toutefois, pour
couper court aux accusations de cruauté, que l'enfant d'alors n'était
pas reconnu comme être humain. Il avait bien moins de valeur qu'une
vache ou un cheval, moins de valeur encore que la femme qui n'en avait
guère pourtant, si l'on en croit le hit de Pierre Dupont en 1845
« j'ai 2 grands bœufs dans mon étable » :
J'aime ma femme Jeanne J'aimerais mieux la voir mourir Que voir mourir mes bœufs !
Dans cet « ogre-monde » un enfant avait moins d'importance qu'une bête de ferme. Pareil au chasseur qui régule la population animale, l'ogre régulait la population humaine. Le « trop de bouches à nourrir » du paysan nourrissait la bouche de l'ogre. Il
rendait de grands services, en plus de cette régulation. Un hussard de
la République, dépassé par des enfants turbulents, organisait une sortie
nature dans la forêt d'à côté, et sa classe revenait plus calme et
moins chargée. La mondialisation étant déjà en marche, on dut subir la concurrence déloyale du joueur de flûte allemand. L'instituteur
n'avait plus à se déplacer, le joueur de flûte venait, jouait et les
enfants le suivaient. Cette méthode-là avait ses limites, il n'y a pas
de rivière dans chaque village. Puis comme tous les enfants partaient,
des classes fermaient, puis des écoles. Les parents s'en mêlèrent. S'ils
ne disaient trop rien pour les petits, ils se plaignaient d'être privés
des plus grands car leurs bras manquaient aux travaux des champs, mais
ces mêmes parents reconnaissaient qu'ils économisaient pas mal sur la
nourriture. « Enfin, l'un dans l'ogre, n'est-ce pas ? » Cahin-caha on arriva aux années 1900 et à l'avertissement solennel d'Alphonse Allais.
On n'écouta pas, car on tendait l'oreille ailleurs, vers des bruits
de bottes (pas nos bottes de sept lieues!) et des claquements de
drapeaux. Vers une Ogresse autrement meurtrière que ma femme : la
Guerre. Artisanat local contre industrie mondiale ! On ne
dévorait pas dans la même catégorie. Et puis voir des mères, des mères
patries, faire de leurs enfants de la chair à canon ! On n'osait plus dire en rentrant chez soi, le cœur au bord des lèvres « Ah femme, je sens la chair fraîche ! » La
paix revenue, pensait-on, on va reprendre du service, retrouver
l'appétit et de quoi remplir le garde-manger. Mais nos territoires se
sont réduits, les familles sont moins nombreuses, les maîtres n'ont plus
d'enfants turbulents, (mais hyper actifs) et les végétariens
guettent... Inexplicablement, alors qu'il perd de ses qualités
gustatives et nutritives, l'enfant devient le roi du monde. Apparemment.
Car dans son royaume, il y a souvent des prédateurs qui rôdent, des
prédateurs bien plus dangereux que nous, les ogres. Puis vient le coup de grâce en 1989 : la CIDE pour nous discriminer, nous désigner à la viandicte publique. La Convention Internationale des Droits de l'Enfant a été adoptée par les Nations Unies. Ce maudit 20ème siècle sera indigeste jusqu'au bout. Faudra-t-il attendre le suivant pour refaire bonne chère ? Ce sera difficile dans ce nouveau monde où on dresse les gens les uns contre les ogres, où la CIDE défigure notre image. Mais on va s'adapter, on va s'ograniser ogrement. Il nous faut changer notre fusil (à aiguiser) d'épaule. La chasse à l'enfant étant interdite, on peut peut-être s'en prendre aux braconniers. En toute légitimité, défendre l'enfant en éliminant ses prédateurs ! Il va en passer du monde sous nos fourchettes caudines !
Beaumarchais - Un aventurier de la liberté par Erik Orsenna (éditions Stock / France Culture)
« Pas de subvention pour Beaumarchais ! C'est un insolent ! » ainsi s'exclame le personnage de Louis XVI dans la pièce de Paul Foster – Tom Paine - (1971).
Mais
qui se souvient aujourd'hui que c'est Beaumarchais qui nous a légué les
droits d'auteurs (aujourd’hui la SACD) ? En 1777, en effet, il
imaginait un « Bureau de législation dramatique » protégeant
les auteurs contre les acteurs (ceux de la Comédie Française) que la
Convention établira en 1791 par un décret reconnaissant sa légitimité. Dans son livre, Erik Orsenna célèbre à sa manière l'histoire de Beaumarchais : « L'existence de Beaumarchais, écrit-il dans la présentation,
est une ivresse de vivre. Une suite de folles journées. Une pièce de
théâtre effrénée où les personnages se succèdent, se nourrissent l'un,
l'autre, s’allient, se contredisent, se combattent, parfois se
détestent, le plus souvent s'aiment, trop... » Pierre-Augustin
Caron voit le jour le 24 janvier 1732, presque en même temps que
l'Encyclopédie (1751-1772) et que le Dictionnaire philosophique (1764).
Son père est horloger et évidemment l'un des premiers soucis du fils fut
d'acquérir un « nom ». Ce sera Beaumarchet, du nom du
patronyme de l'ancien propriétaire d'une terre qu'il acquiert par
mariage, puis Beaumarchais... Le nom de Caron disparaît comme disparaît
Arouet au profit de Voltaire, ou Capet au profit des Rois de France. Dès
lors, Beaumarchais mène une vie endiablée, rythmée par les affaires,
les rencontres et les mariages, les voyages à travers le monde -
l’Ancien et le Nouveau - les dangers courus et la prison parfois… une
vie, écrit l'auteur, où nous découvrons qu'il est le véritable inventeur
de la stratégie du EN MÊME TEMPS… « EN MÊME TEMPS CHEVALIER, EN MÊME TEMPS ENVOYÉ SPÉCIAL…, Comme le remarque Jean-Pierre de Beaumarchais son descendant direct,
EN MÊME TEMPS est la devise et la morale, et l'appétit de vivre du
XVIIIème siècle dans son entier ... à la fois inventeur du jardin
anglais sauvage et réglé, de la philosophie distrayante, de
l'opéra-comique et du despotisme éclairé » ... Mais
Beaumarchais est surtout connu par son théâtre porteur des idées de son
temps : « Eugénie », « Le Barbier de Séville »,
« La Folle journée ou Le Mariage de Figaro », « La Mère
coupable »… dont le ton et la lettre rappellent Molière ou La
Fontaine… en plus incisif, et Orsenna cite pour notre plaisir cette
réplique fameuse de Figaro : « Parce que vous êtes un
grand seigneur, vous vous croyez un grand génie ! … Noblesse,
fortune, un rang, des places, tout cela vous rend si fier !
Qu'avez-vous fait pour tant de biens ? Vous vous êtes donné la
peine de naître et rien de plus. Du reste homme assez
ordinaire ! » Révolutionnaire on vous dit ! Erik Orsenna nous raconte cette vie en 200 pages joyeuses qui se lisent comme un roman d'aventures.
Des philosophes, des écrivains se sont, à la
manière des moralistes du XVIIème siècle, penchés sur les travers de nos
contemporains. C'est ainsi que Michaël Foessel, philosophe, se prononce
sur l'arrogance, une passion sociale qui, selon lui, « semble être devenue une marque d'époque ». Sans
autre forme d'écriture, nous nous contenterons de publier quelques
extraits de son analyse, laissant aux lecteurs le soin d'illustrer les
propos par des exemples connus de tous.
« Si elle ne date pas d'hier, l’arrogance semble être
devenue... une sorte de pathologie qui surgit dès que l'on acquiert un
peu de pouvoir ».
« L'arrogant se contente de défier
son prochain et son égal : il proclame son autosuffisance, mais
vis-à-vis de ses semblables, et à leur détriment. En ce sens l'arrogance
est un vice bourgeois plutôt qu'aristocratique : c'est le vice de
celui qui, au nom de sa réussite sociale, croit que les autres ne sont
rien ».
« L'arrogant ne se contente pas de dire
qu’il ne doit rien à personne, il le justifie par la raison. Il explique
qu'il a plus de mérite que les autres. ? C'est l'idée de
« Méritocratie », si fréquente chez les riches. Si je suis là
où je suis, dit l'arrogant, ce n'est pas par hasard. Et ceux qui sont
plus bas n'y sont pas non plus par hasard. »
« ...L'arrogant
parle beaucoup. Il considère que non seulement il a le droit à la
parole, mais que sa parole est la seule à être justifiée ».
« L'arrogant ne se tait jamais, il n'écoute pas, il est dans une folle justification de sa supériorité. »
« L'arrogance
est un vice genré, très masculin : rien de plus logique puisque
c'est un sentiment lié à une position sociale privilégiée. »
« Je
ne confonds pas le savoir avec l'arrogance qui l’accompagne parfois.
C'est moins la science qui est arrogante que certains discours de
l'expertise, lorsque ceux-ci prétendent décréter la loi du réel.
L'arrogant ne reconnaît jamais qu'il ne sait pas... »
« L'arrogance-type refuse d'être altérée par quoi que ce soit »
« La
puissance de vie est la seule réponse vraiment efficace à l'arrogance
du pouvoir. Les « gilets jaunes » ont illustré ce phénomène,
quoi que l'on puisse penser de ce qu'est devenu le mouvement ».
« Aujourd'hui
les dirigeants de la planète recommencent à dire que, face aux
difficultés, il faut aller vers encore plus de capitalisme dérégulé...
La surenchère est un classique de l'arrogance en politique. »
« Par
définition, tout travail pédagogique est une lutte contre l'arrogance.
On tâche de convaincre l'élève de s'intéresser à un texte qu'il n'a pas
écrit lui-même ou à un théorème qu'il n'a pas découvert. On va lui
apprendre ce qu'il ne savait pas avant : ce sont autant de démentis
à l'arrogance ».
« Où que nous nous trouvions
dans l'échelle sociale [...] nous pouvons tous [...] nous confronter à
ce qui est plus grand que nous et ne pas en être humiliés, mais au
contraire trouver de la joie dans la grandeur des autres ».
Et
si les illustrations de ces propos font défaut à nos lecteurs, qu'ils
retiennent les deux exemples célèbres cités par l'auteur :
« Le
« Corbeau et le Renard » raconte déjà cette histoire aux
enfants ; le corbeau est en hauteur – il y a toujours une image
verticale, dans les histoires d'arrogance – et pense que rien ne peut
lui arriver ».
« J'ignore si Emmanuel Macron est
arrogant, à titre personnel, mais sa phrase « qu'ils viennent me
chercher » l'est manifestement. S'y mêlent l'arrogance de la
jeunesse et celle du chef qui estime que sa position fait partie de
l'ordre naturel des choses ».
Article de Michaël FOESSEL
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