Simone Veil
et Antoine son époux
En cette journée de la Résistance le 5 juillet 2017, lors de l’hommage rendu à Simone Veil, aux Invalides, au lendemain de sa mort, le Président Macron évoque « l’invincible ardeur, l’élan profond vers ce qui est juste et bien et l’énergie inlassable à le faire triompher »
« A ce mystère d’existence, de caractère, à ce mystère qui défie la raison commune, nous donnons en France un nom bien ancré dans notre génie national. Ce nom c’est la grandeur…. grandeurs des combats qu’elle livra les uns après les autres, parfois les uns en même temps que les autres et qui ne furent ni plus ni moins que les combats du siècle »
Il rappelle son engagement pour l’Europe – elle fut la première présidente du Parlement européen – pour les plus faibles, pour les femmes, contre le racisme et l’antisémitisme, son action déterminée comme présidente de la fondation pour la mémoire de la Shoah et la reconnaissance pour les Justes de France […] une morale de vie inaltérable où la souffrance ne donne aucun droit sinon celui de défendre le droit de l’autre »
La panthéonisation du 12 juillet 2018
La jeunesse tient, dans la cérémonie, une place déterminante : musique, déambulations, chants mimés par des jeunes malentendants, portraits le long de la rue Soufflot et ce moment unique des sons enregistrés un matin d’été dans la clairière de Birkenau, hymne à la vie après le chant des marais
Le choix de la crypte numéro 6 est hautement symbolique des engagements de Simone Veil avec René Cassin pour la justice et la Déclaration des Droits de l’Homme, la justice pour les femmes » Entrent ici ces générations de femmes qui ont fait la France sans que la nation ne leur offre la reconnaissance et la liberté qui leur étaient dues », avec Jean Monnet pour l’Europe de la paix et de la concorde entre les peuples « elle qui voulut l’Europe par réalisme, non par idéalisme, par expérience non par idéologie, par lucidité et non par naïveté […] notre plus bel horizon »
Et aussi avec André Malraux car éprise d’art et de littérature qui continua de croire que la culture grandit l’homme et l’éclaire, œuvrant pour la réhabilitation des prisonniers ou comme ministre pour la protection des plus fragiles, avec Jean Moulin qui se battit pour que la France reste fidèle à elle-même leur crypte commune jouxtant celle des Justes de France
Et enfin au côté d’Antoine qui la soutint dans les moments difficiles de l’injure immonde et de la menace physique comme des joies et des peines d’une famille d’aujourd’hui ».
Le Président conclut en saluant « la grandeur […] de la femme, de la républicaine, la grandeur de l’une ayant fait celle de l’autre » et cette mise en garde « Puissent vos combats continuer à couler dans nos veines, à inspirer notre jeunesse et à unir le peuple de France ».
Nous avons changé dès lors de paradigme, un siècle après les Berthelot où Sophie accompagnait son époux à la demande de sa famille, d’épouse de à époux de. La reconnaissance de la place des femmes trop longtemps absentes des livres d’histoire, des académies savantes, a fait un pas de plus à l’heure où le combat pour l’égalité, le respect de leur dignité, est toujours d’une brûlante actualité.
Dans son Petit traité des grandes vertus, André Comte-Spontville écrit : « Il ne s’agit pas de donner des leçons de morale, mais d’aider chacun, chacune, à devenir son propre maître et son unique juge […] Pour être plus humain, plus fort, plus doux. […] Les vertus sont nos valeurs morales mais incarnées autant que nous le pouvons, mais vécues, mais en actes, toujours singulières comme chacun d’entre nous, toujours plurielles comme les faiblesses qu’elles combattent ou qu’elles redressent »
Toutes les femmes évoquée ici peuvent illustrer cette conception des valeurs, cette incarnation des vertus qui leur ont valu la mémoire d’une nation, et leur panthéonisation.