Auvergne laïque n° 489 - décembre 2021 / DOSSIER

Assemblée Générale 2021 : rapport moral

Suite de l’édito

« Plus jamais ça » ! Elle est loin la pénurie du papier toilette. Plus jamais de restrictions, de confinement, d’interdictions, ne sont que des expressions restrictives à la suite d’un état de mal être en conséquence d’une anxiété viscérale. Mais comment aboutir « au plus jamais » quand un manque flagrant d’empathie se laisse dominer par l’indifférence. La réussite ne viendra que par nos comportements, autant individuels que collectifs, en modifiant notre façon d’interagir avec les autres et avec le monde qui nous entoure. La peur obsessionnelle d’évènements incontrôlables peut engendrer des phobies. La bienveillance et la compassion sont les antidotes contre cette anxiété. Le besoin instinctif de nous mobiliser pour une chose commune, pour une communauté, est essentiel. On ne peut se réaliser en étant enfermé dans son propre égoïsme, mais on peut participer à l’évolution de l’humanité grâce à l’intelligence collective.

« Plus jamais ça ! » est avant tout un refus viscéral de revivre une page terrifiante qui peine à tourner. Les poilus de la Grande guerre l’ont crié maintes fois après l’apocalypse des tranchées, et n’oublions pas non plus celle qui suivit avec ses atrocités. Aujourd’hui, les rescapés de la COVID-19 peuvent également s’octroyer cette liberté de parole après avoir vécu l’enfer de la réanimation. Et que dire des trois millions de personnes qui vivent dans la grande pauvreté en France, 6ème puissance économique mondiale et la 2ème en Europe. Malheureusement, le constat d’une injustice sociale existe bien. « Plus jamais ça » ne sera jamais à leur portée tant qu’elles se trouveront ignorées dans une précarité persistante. Une militante ATD Quart Monde attire notre attention en disant: « Le plus dur, ce n’est pas de vivre sans rien, mais d’être considéré comme rien »

Il existe des règles morales dictées par la conscience. Quand on s’affranchit de ces règles en choisissant la voie du détachement d’événements existentiels, on exclut l’exigence d’une solidarité exemplaire dans le respect d’autrui et de la vie. « Plus jamais ça » ne peut être accaparé.

Favoriser la pratique d’activités émancipatrices permet de développer des facultés cachées, de s’exprimer et s’accomplir. La culture et le sport sont des vecteurs d’éducation à la citoyenneté, à la solidarité et à la cohésion sociale. Le Covid-19 n’a pas épargné le monde associatif en le forçant de se soumettre à l’arrêt brutal de ses missions de vivre ensemble, et en conséquence la mise à l’épreuve de ses valeurs. L’épidémie fait vaciller ce pilier sociétal. Il vient de subir deux saisons très perturbées et dérangeantes. De plus, le passe sanitaire vient jouer les trouble-fêtes. L’impact de son application aura certainement des retombées négatives immédiates sur le retour attendu à la vie associative. Cette attente, accompagnée de la crainte, existe. Espérons que les effets indésirables seront limités mais certaines structures sont déjà à la recherche de nouveaux intervenants ou animateurs. La crise du salariat vient s’ajouter à celle du bénévolat.

Confrontées à cette inconnue du futur, les associations qui ont pu résister jusqu’à maintenant à la crise sanitaire peuvent s’en réjouir mais certaines ne s’en remettront peut-être pas, fragilisées économiquement et humainement. Triste constat quand on connaît l’importance du tissu associatif au lien social coupé trop longtemps de sa valeur fédératrice. La perte de ce lien a nui à la vie associative avec des répercussions non encore réellement mesurées sur la fréquentation, et tout particulièrement sur le bénévolat déjà en souffrance au fil du temps. L’évaluation ne pourra se faire que quand celle-ci aura repris son rythme de croisière de confiance et de mobilisation. Face à l’adversité et aux incertitudes de la reprise d’activité, les acteurs associatifs ont besoin d’accompagnement. La priorité reviendra à recréer le lien avec les adhérents, les bénévoles et les partenaires.

Résister : résister comme remobiliser car rien n’est jamais terminé. Ne pas fléchir. Insuffler un nouveau départ en modulant une nouvelle réalité de fonctionnement. La transition numérique s’est imposée et reflète la réalité de nouvelles pratiques, soumises aux nouveaux outils de communication et de développement. Résister comme réagir et ne pas abdiquer.

Remobiliser : remobiliser comme sensibiliser. Comment remobiliser? La réponse est en chacun d’entre nous suivant notre sensibilité altruiste et empathique. Il est temps de faire revivre le dynamisme rescapé de l’inactivité.

Relancer : relancer comme rebondir en forçant la machine associative de se révolter comme par le passé et redonner espoir et détermination à de nouveaux partenaires de route. Relancer comme accélérer la transformation écologique et sociale dans nos valeurs associatives.

Pédaler : pédaler comme continuer à pédaler. On se motive. On reprend des forces et on avance. Surtout ne pas s’arrêter au risque de briser la synergie de groupe. Le virus du covid-19 l’a interrompu. A nous d’insuffler de l’énergie, de la passion. Avec des recharges émotionnelles neuves, on persiste à pédaler.

Recréer : recréer comme faire revivre le lien social émoussé durant cette pandémie. Le défi d’une rentrée sans Covid est impossible, mais le défi de se réinventer sera déterminant dans la qualité de nos engagements. Recréer comme renforcer l’indispensable résilience en se donnant une voie à suivre pour façonner une société résiliente et inclusive.

Redonner : redonner comme donner de nouvelles envies de participer pour la collectivité, de partager les valeurs et compétences, de s’investir en évitant l’excès du « toujours plus », de repenser l’engagement associatif dans une société toujours plus mobile. C’est à nous de nous adapter au monde.

Les associations ont besoin de bénévoles. Elles ne peuvent fonctionner sans l’engagement exemplaire de cette force, entrainée dans une démarche volontariste au sein de la société. Les vertus d’humilité et de fraternité alimentent leur engagement. Faire ensemble s’impose comme la fédération des consciences en mutualisant le meilleur de chacun.

Les associations et les bénévoles jouent un rôle primordial sur tous les territoires grâce à leur dynamisme et en portant avec dévouement leur contribution à l’animation dans nos villes et nos villages. Ils sont le poumon essentiel de la solidarité, du vivre ensemble, de l’innovation. Le souci du renouvellement des bénévoles est récurrent. Il ne faut pas chercher particulièrement une relève, ce serait se priver d’une richesse humaine. L’arrivée d’une équipe nouvelle n’est efficace que seulement si elle a le temps de s’imprégner, d’épauler et d’assurer ensuite la relève.

Chômage partiel, arrêt maladie pour garde d’enfant, télétravail, allègement de charges, report de créances, fonds de solidarité, PGE, autant de dispositifs de l’État en soutien aux associations employeuses, complétés par des mesures exceptionnelles de la CAF, qui ont pu maintenir la FAL hors de l’eau. Le conseil départemental et la ville de Clermont-Ferrand, fidèles partenaires, ont également contribué à son maintien au-dessus de la ligne de flottaison.  C’est une réalité, le Covid-19 n’a pas non plus ménagé la fédération. Œuvrer dans un environnement économique et social plus complexe fût une nouvelle épreuve. Avec sa composante vie fédérative, la mise en place d’un accompagnement aux associations affiliées fut activée. Garder le lien devenait primordial. Pour ce faire, toutes les informations utiles sur les décrets ou aides de l’État furent diffusées avec la lettre d’actualité et le site internet.

Le maintien de l’emploi s’imposait une nouvelle fois. La FAL s’est démenée dans les aides gouvernementales et dans les économies capitales à appliquer. Les conséquences sur le pouvoir d’achat des salariés sont malgré tout évidentes. Incidence regrettable car, sous l’impulsion irréprochable du directeur général, ils firent un travail remarquable dans la sauvegarde de la maison et de leur outil de travail. Leurs efforts ne sont pas récompensés durant toute cette période angoissante, ce qui n’a pas exclu la solidarité fraternelle hors du commun autour du directeur. Chacun a pu coopérer dans un esprit d’intérêt général au défi d’urgence du maintien de l’activité.

La situation actuelle, plombée par une fatigue physique, psychique et morale, n’est guère plus enjouée. Une nouvelle vague épidémique viendrait emporter ce travail collégial, brisant tous les efforts consentis. Il est clair que l’issue salutaire ne proviendra que par la disparition du virus avec ses conséquences sanitaires drastiques. Autrement, nous n’aurons de nouveau pas d’autre choix que résister, remobiliser, relancer, recréer et, tant que la force mentale le permettra, continuer à pédaler.

Une mobilisation citoyenne pour une société unie et solidaire répond à ce que l’humanité a de meilleur. Sans conteste, la solidarité s’affirme en dénominateur commun. Cette dynamique collective éradique les tensions provoquées, de-ci de-là, par les querelles partisanes politiciennes et autres clivages sociaux, sources de fragmentation et de fragilisation de nos valeurs associatives. Que chacun fasse sa part, si modeste soit-elle. Les petits ruisseaux font les grandes rivières. Les « colibris » exaltent les consciences de chaque femme, chaque homme, chaque bien-pensant, en prenant en toute liberté la réelle mesure de sa propre responsabilité et de son implication pour l’ensemble de la collectivité.

« Il ne peut y avoir plus grand don que celui de donner son temps et son énergie pour aider les autres sans rien attendre en retour. » Nelson Mandela.