par Édouard Ferreira (extrait du rapport moral)
Un an. Une année peut paraître courte ou longue. Certaines sont interminables. Nous venons d’en vivre une sans précédent dans un contexte anxiogène. Il y a un an l’humanité pensait avoir pratiquement tourné une page catastrophique des annales pandémiques de la planète. Le manque flagrant d’humilité, ajouté à une inconscience collective face à un ennemi impitoyable jusqu’ici inconnu, a fini par nous rattraper de nouveau. Ce fut une nouvelle remise en cause de nos modes de vie, de nos attitudes, de la solidarité collective de nouveau défaillante et érodée par l’impatience. La dernière lueur de cette maudite année vient de s’éteindre. Est-on plus rassurés par celle qui a la charge de reprendre le flambeau ? C’est à chacun de décider par ses actes qu’elle soit plus confiante, plus bienveillante et plus légitimement optimiste. Quand une situation devient impossible à changer, le défi de nous changer nous-même devient vital.
Gardons-nous d’imaginer qu’aujourd’hui tout est imprimé dans les livres d’histoire. Le dénouement n’est pas encore connu, impossible d’écrire la chute et de nous réjouir d’en avoir terminé la lecture. La preuve en est, la « bête » sous la forme d’une mine sous-marine flotte toujours, irrémédiablement, à son bon vouloir. Elle nous fait quotidiennement la démonstration de sa puissance destructrice. Rusée, elle possède aussi bien l’art de muter à sa guise que celui de nous ôter ce que nous possédons de plus précieux. Elle est tout autant imprévue dans son cheminement, que son apparition put l’être. Nous sommes toujours plongés dans une mésaventure inconnue et dangereuse. Dans un récent entretien avec la presse, Edgar Morin avait pu dire :
«L’imprévu peut arriver, en bien ou en mal. Et moi, je compte donc sur l’improbable. L’histoire n’est jamais écrite d’avance ».