Aligner le public sur le privé ?
Le développement d’un système dual d’enseignement financé par la puissance publique tend à aligner inévitablement, c’est le but recherché aujourd’hui, l’école publique sur le mode de gestion et de fonctionnement contractuel d’une école privée. Et ceci alors même que les termes de la concurrence sont faussés par le fait que cette dernière, bénéficie au nom de « sa liberté » de l’exonération des contraintes de service public, sans cahier des charges et avec des marges de manœuvre lui permettant de sélectionner « ses » enseignants et « sa » « clientèle » homogène, issue de familles socialement favorisées. Et de gagner au passage, après maintes sélections dissimulées, quelques places lucratives au palmarès des établissements les mieux côtés, confortant ainsi une fausse image lisse et attractive de réussite éducative.
L’enseignement sous contrat, fort de cette complicité avec un projet libéral et renforcé par des silences complices, trouve, là, une chance inespérée de se développer bien au-delà de son caractère confessionnel, pourtant censé le justifier et qui, loin de faire florès, lui offre la possibilité de capter la clientèle produite par le dénigrement et la dénaturation systématique de la première institution publique fondée pour se construire Citoyen.
Qui peut encore croire, dans un tel contexte, que la question du dualisme scolaire soit apaisée, obsolète, dépassée ?
Aggravé par une escalade tout au long de ces dernières années, le dualisme scolaire,
partenaire de cette privatisation rampante du service public d’éducation, est financé de façon croissante par l’État et l’ensemble des collectivités.
L’organisation du communautarisme scolaire en réseaux confessionnels d’enseignement, financés par la puissance publique, incarne en retour cette « laïcité ouverte » aux religions reconnues par l’État, dans laquelle s’inscrit également le dualisme scolaire, ouvrant ainsi une brèche inédite dans la séparation institutionnelle des Églises et de l’État de la loi de 1905.
Comme si cette dernière, socle de l’authentique laïcité républicaine, pouvait en quelque façon être
qualifiée, par opposition, de « laïcité fermée ».
Seule, l’intervention de la puissance publique, affranchie de toute tutelle, ecclésiale ou autre, sans
distinction d’origine, sociale, culturelle et autres convictions, est la condition nécessaire de l’égalité des chances pour la formation de citoyens en devenir, maîtres de leur destin, capables de l’autonomie de jugement indispensable à leur émancipation, citoyens devenus égaux par la grâce d’une valeur
essentielle : la laïcité.
Eddy Khaldi
Président de la Fédération Nationale des DDEN
13 juin 2022
NB: La prochaine Assemblée Générale de l’Union Départementale des DDEN du Puy de Dôme se déroulera le 24 septembre 2022 à Charbonnière les Vieilles
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