Il y une quarantaine d’années, dans un nouveau sketch qui reste malheureusement toujours d’actualité, l’humoriste Roland Magdane s’était-il inspiré de cet ancien adage romain, « Qui veut la paix, prépare la guerre » ? Son interprétation et son ton inhabituel laissèrent pantois le public tellement la surprise fut colossale. Le rire s’effaçait devant l’émotion et la réflexion. Juste un léger rictus osait s’afficher sur les visages. De toute évidence, son appel à la raison resta inaudible. C’est une triste réalité car aujourd’hui le monde est encore plus fou et notre vie dépend encore des fous.
Les rois des fous :
« Le monde est devenu un grand hôpital psychiatrique où les fous se promènent en liberté.
Chaque pays a élu son chef : le roi des fous. Et pour ne pas que les rois des fous s’ennuient, on leur a donné des jouets : des petits soldats, des camions, des avions à réaction. Et les rois des fous du monde entier s’invitent entre eux pour jouer. Au cours de petits goûters, ils se comparent leurs jouets.
-Tu as vu mon sous-marin ?
-Et toi, tu as vu mon canon comme il tire bien ?
Tous les soirs ils jouent très tard : ils font la bombe. Ils poussent leurs petits soldats qui tombent sous les billes ; quand il n’y en a plus, ils les remplacent. Et puis les rois des fous échangent leurs jouets.
-Je te prête mon pétrole, mais toi tu me prêtes ta bombe à neutrons.
-D’accord, file-moi ton uranium et je te prêterai mes petits camions de soldats.
Et puis il y a des rois des fous qui n’ont rien à échanger, pas de jouets, même pas de quoi manger.
A quatre heures, ils ont droit à un petit goûter à partager en trois. Ils vivent au tiers : c’est le tiers monde. Ils traînent derrière eux, au bout d’une ficelle, un lapin qui joue du tambour. Et en les voyant passer, les rois des fous du monde entier leur jettent, pour s’amuser, des petits noyaux d’olives nucléaires.
Et puis de temps en temps, il arrive un docteur qui veut soigner les fous : on l’appelle Prix Nobel de la paix. On lui met une grosse médaille sur le cœur qui brille au soleil, pour qu’on voit bien l’endroit où il faut tirer pour le tuer.
Et la vie continue ! Les rois des fous du monde entier s’entourent de débiles qu’ils choisissent eux-mêmes : le premier débile, le débile des armées, puis le débile des finances. Ça s’appelle un gouvernement.
Et dans le monde entier, les débiles donnent des conseils aux rois des fous pour gouverner les cons. Et les cons, ne cherchez pas, dans l’histoire c’est toujours nous !
Mais si les cons du monde entier voulaient se donner la main, on obligerait les fous à ranger leurs jouets, leurs chars, leurs canons, leurs avions…
Et nous pourrions enfin nous promener en paix sur les jardins de la terre qui sont si jolis quand on n’y fait pas la guerre. »