Auvergne laïque n° 488 - juin 2021 / DOSSIER

« Et les fruits passeront la promesse des fleurs »

L’émancipation des femmes gagne du terrain et beaucoup de jeunes femmes au début du XXème siècle entreront dans l’enseignement surtout primaire ; dans le secondaire le mouvement sera plus tardif. Les premières femmes agrégées sont respectivement en 1912 Jeanne Raison en grammaire et en 1913 Marguerite Rouvière en sciences physiques et sortent de Normale Supérieure de Sèvres.

C’est à partir de 1874 que se pose la question d’employer des femmes dans l’administration des postes, après des débuts timides les emplois se généraliseront à plusieurs niveaux. On a oublié combien « la carrière dans les postes fut, pour les femmes, un élément important d’émancipation. Les demoiselles des postes les moins instruites, celles dont on n’exigeait que le certificat d’études, étaient affectées au téléphone ; les plus instruites sortant du secondaire pouvaient devenir contrôleurs ou inspecteurs. Mais, à côté du diplôme, on exigeait un certificat de bonnes mœurs et de moralité ! Et les noms restent au masculin !

Julie Victoire Daubié, première bachelière

L’histoire des institutrices est plus connue, elles sont formées par les écoles normales « véritables couvents laïques » car il ne fallait plus qu’ « elles soient élevées sur les genoux de l’Église ».

Alors que de nos jours la profession s’est largement féminisée, il ne faut pas négliger aussi les entrées dans la fonction publique par concours. Enfin à l’image de Julie Victoire Daubié, qui obtient une licence ès Lettres à la Sorbonne en 1891 s’ouvrent d’autres carrières comme le journalisme. Si on se méfie de la femme instruite, même Jean Zay qui a peur d’un surmenage en 1938 pour les jeunes femmes appelées à travailler tout en s’occupant de leur famille, à partir de 1949 on peut parler de « masculinisation de la jeune fille » ; elle est encouragée à gagner sa vie pour avoir une indépendance intellectuelle et morale qui deviendra aussi après 1965, date où la femme a le droit de travailler sans le consentement de son mari et d’ avoir son compte en banque, le gage d’une indépendance financière.

La brèche ayant été ouverte par les pionnières qu’étaient ces bachelières qui sachant mieux s’exprimer et prenant une place de plus en plus importante dans la société pouvaient venir en aide aux femmes de milieu plus modeste et moins instruites. On reste sidéré tout de même d’apprendre que les femmes n’obtiennent le droit de vote qu’en 1944, « les suffragettes » ayant pris la relève des pionnières du bac.