Une histoire simplifiée du bac
Le bac, premier grade universitaire, est donc institué par décret du 17 mars 1808 ; Napoléon avait créé l’université en 1806, mais elle ne sera vraiment organisée et prête à fonctionner que deux ans plus tard le 17 mars 1808. A la demande de l’Empereur, qui souhaitait la création de diplômes universitaires, le chimiste François Fourcroy (1755-1809), un « technocrate » proche de Condorcet, préconisa le baccalauréat, la licence et le doctorat ; il précisa aussi les 5 grandes spécialités universitaires, soit les lettres, les sciences, le droit, la médecine et la théologie. Dans l’esprit de l’Empereur et de ses conseillers, enseignement secondaire et supérieur sont liés, le bac est un grade d’État qui sanctionne les études secondaires et permet l’accès au supérieur. Il correspond aux nombreux projets et réformes depuis le consulat destinés à rétablir l’ordre public et donner force à l’État. Comme le Code Civil, c’est un acte qui se veut la construction d’un nouvel ordre social pour avoir des administrateurs compétents et refonder la société.
En raison du manque de candidats, le bac est facile 100% : de reçus et jusqu’en 1830 (date où il se passera désormais à l’écrit) 90 à 95 % pour 666 candidat en 1809 ! Le Bac était alors un grand oral de 45 minutes.
En 1840, on introduit les mentions, les enseignements se transforment surtout en sciences.
Au terme de nombreuses réformes, Victor Duruy tracera les grandes lignes qui conduiront progressivement au bac actuel et à ses nombreuses options, à sa très grande diversité des filières.
A titre d’exemples, en 1995, les séries S, L et ES (séries dites « générales » où les filles sont nombreuses) ont une très grande diversification des filières ; si nous connaissons par exemple les séries LVA ou langues vivantes approfondies, nous ne connaissons pas ou mal les 6 filières de la série LA ou Lettres arts (cirque, arts plastiques, CAV, danse, histoire de l’art, musique, théâtre).
Il y aurait aujourd’hui 48 formules de bac – sans compter les bacs pro. On comprend dès lors la complexité des classes de bac dans les lycées et dans les emplois du temps, la nécessité d’internats et, surtout, le coût du bac (sur lequel le Ministère et certains médias ne sont pas d’accord).
Quant au taux de réussite – autre sujet de polémique – on est presque aux vœux de JP Chevènement qui souhaitait 80% d’une classe d’âge. avec 78,9% d’une génération. Et selon les séries en 2017 : ES 89%, L 90,6%, S 91,8%, Techno 90,5% et Pro 81,5%.
En 2017 et selon les séries, les résultats dépassent largement les 80 %, les performances des filles n’ayant rien à envier à celles des garçons : elles sont souvent différemment réparties.
Aujourd’hui, l’actuel ministre de l’Éducation nationale prépare une réforme nouvelle du bac. La formule envisagée sera nécessairement très différente de toutes les formes jusque-là expérimentées. Pièce maîtresse de l’examen, le grand oral est signalé par la presse comme « une révolution » ; selon le ministre, cette réforme s’inscrit dans des enjeux de société importants. « Il doit valoriser notre capacité collective à argumenter, écouter, aimer un point de vue différent du nôtre. »
Et, plus prosaïquement, mieux préparer les élèves aux exigences du monde professionnel et du supérieur. Mise en place en juin prochain, le grand oral modifie déjà les pratiques de lycées.
Et les femmes n’en sont pas exclues, comme elles l’ont été pendant des décennies, des politiques d’éducation.