Lectures d’été… pendant la pandémie !
par Marcel Col
Qui ne connaît pas Arthur Rimbaud ? Tout le monde a lu « Le Bateau Ivre » ou « Le Dormeur de Val », « Voyelles » ou « Le bal des pendus » … à l’école ou entre amis !
Au mois de janvier 2021, l’écrivain Jean-Michel Djian avait offert à son ami et comédien Jean-Pierre Darroussin un « Rimbaud en feu » (1) plein de fureur et de désespoir comme l’était l’auteur lui-même et dont l’œuvre composée à 16 ans marque la fin et l’origine de notre poésie contemporaine…
« On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans » …
De son côté, par ces mois de canicule – à moins que ce soit d’été pourri ! – Sylvain Tesson nous a proposé « Un été avec Rimbaud » (2) On en a beaucoup parlé pendant l’été mais un petit rappel nous a semblé nécessaire et pas forcément désagréable.
Sylvain Tesson est un voyageur. Un auteur aussi, qui a écrit en 2018 « Un été avec Homère » … Homère … Tiens donc ! … Il écrit aussi « La panthère des neiges », remarquable petit roman, qui a reçu le Prix Renaudot en 2019 et récemment été réédité en poche. (3)
« Un été avec Rimbaud » commence par un récit mémoriel : celui du voyage à pied accompli par Arthur Rimbaud en octobre 1870. Profitant d’un répit dans le confinement, en janvier 2021, Tesson est parti lui aussi vers le Nord en compagnie d’Olivier Frébourg, pour suivre l’itinéraire du poète en fugue … « Rimbaud était allé en train à Fumay, puis il était passé par Givet, avait franchi la frontière discrètement, s’était arrêté à Charleroi et avait marché vers Bruxelles ... » explique-t-il au début du livre.
Lire Rimbaud est en effet une longue marche qui nous mène depuis son Ardenne natale jusqu’au Harar là-bas en Afrique …
« J’espérais des bains de soleil, des promenades infinies, des voyages, des aventures, des bohémienneries enfin »
Le livre s’organise ensuite en trois grandes parties correspondant aux trois périodes de la vie du poète. C’est d’abord « Le Chant de l’aurore » où l’on montre la « précocité monstrueuse » de celui qui à 16 ans écrit au poète Moulinois Théodore de Banville : « Je ne sais pas ce que j’ai là … qui veut monter … »
« Devenir Faust » … « Allégeance au réel » … « Le musée imaginaire » … et puis « Les illuminations » et « Le saccage de soi-même » … sont quelques-uns des sous-titres qui émaillent la deuxième partie du livre que Tesson intitule « Le chant du verbe ». On y lit l’ascension folle du poète qui se déplace sans répit, changeant de point de vue. Son projet dit l’auteur : transformer le monde par les mots
Et puis c’est fini. Le poète se tait, s’en va , « Loin de chez nous, en Afrique … » , puis revient pour mourir à Marseille après avoir écrit à sa sœur Isabelle : « Si stupide que soit son existence, l’homme s’y rattache toujours »
Il faut lire le petit essai de ce grand voyageur. Il faut aussi et surtout lire et relire Rimbaud.
(1) : Actes-Sud Papiers
(2) : Équateurs – France-Inter
(3) : Folio n°6968