Une exposition consacrée aux monuments aux morts
L’Amicale laïque de Billom a soutenu le projet d’une exposition consacrée aux monuments aux morts, exposition présentée au public en novembre 1918, destinée à la réhabilitation et apportant sa pierre à l’édification de la paix.
Christian Guy pour les photos, et Annette Guillaumin pour les textes ont conçu et réalisé ce formidable travail de mémoire.
Extrait du discours d’inauguration par Annette Guillaumin :
Les images
Nous sommes quasiment toutes et tous des descendantes et descendants de familles qui ont vécu, subi, fait cette guerre de 14-18, ce cataclysme d’il y a un siècle.
Christian, illustrateur, a rassemblé d’innombrables images de monuments aux morts : ceux de communes urbaines comme ceux de minuscules villages. Les plans généraux rappellent la variété de nos territoires dont les forces vives ont été décimées, les gros plans s’attardent sur les litanies de noms et prénoms sculptés dans la pierre et sauvent quelques visages des plaques émaillées.
Ces détails que souvent on ne sait plus voir… Pourtant ils nous disent comment les générations d’après-guerre se sont emparées de la demande mémorielle.
Les textes
Cette guerre est encore au centre d’un nombre incroyable de romans contemporains.
Il nous a semblé que les romans, en donnant, de manière polyphonique, paroles, sentiments, chairs, à ces hommes, femmes, enfants de la guerre (parfois même on trouve un personnage central de chien), nous liaient davantage à eux que les analyses historiques,
C’est la grande affaire de la fiction de, à la fois, nous rapprocher de l’humain et d’agrandir le monde…
Nous avons imaginé faire dialoguer quelques images et quelques textes, dans un mouvement doublement subjectif, par les choix que nous avons faits et par les mises en regard.
Nous avons donc sélectionné 14 romancières et romanciers contemporains et choisi 26 extraits de romans (associés aux photos).
Un exemple traduira la tonalité de l’entreprise:
Véronique Olmi – Numéro 6 – Août 2004
« Tu es l’unique soldat d’une guerre qui bouleversa l’ordre du monde. Tu es la solitude dans la multitude en guenilles.
Tu es la silhouette gelée les nuits de garde, le soldat en faction qui souffle dans ses mains et dont l’haleine est malade.
Tu es le blessé qui geint et qui se demande s’il est déjà mort ou encore vivant et qui ignore ce qui est pire.
Tu es le gradé qui appelle sa mère dans le silence.
Tu me relies à cette guerre.
Tu me tiens contre ta vie….
… Les soldats des monuments aux morts sont toujours en pleine santé. On n’en voit jamais un s’appuyer sur sa jambe de bois, on n’en voit jamais un le nez en moins comme sur les statues antiques, on n’en voit jamais un crotté, souillé, blessé. Les soldats des monuments aux morts sont bien habillés, ils sont réglementaires, pareils à des prototypes. Ils n’ont jamais de chagrin.
Les soldats de pierre »
Le travail réalisé pour cette exposition constitue une œuvre véritable d’animation. Les différents cadrages et angles de prises de vue ont pour résultat d’opérer une dramatisation de la statue de pierre, dramatisation accentuée par les textes d’accompagnement : travail minutieux qui défie l’indifférence et l’oubli, donnant, en quelque sorte, le mouvement – l’émotion – et la parole à ces vestiges de pierre rendus à notre propre histoire.