Assemblée générale des DDEN à Maringues le 9 octobre dernier
Ce furent de joyeuses retrouvailles après tant de mois de réunions en “distanciel”. La tribune avait elle aussi retrouvé ses couleurs, avec M. Denis Beauvais, Maire de Maringues et son adjointe, M. Yves Léon (IEN, pour le DASEN), M. Eric Gold, sénateur.
Notre Président, Gilles Begon s’est félicité du grand nombre de collègues qui avaient retrouvé les chemins de la défense de l’école républicaine, d’autant que comme il l’annonçait d’entrée, de nombreuses tâches les attendaient dont l’étude du texte du gouvernement, déjà voté par l’assemblée nationale, encore en débat au Sénat, sur la modification de la fonction de directeur d’école qui avait fait l’objet de notre dernier article de juin.
Notre collègue Catherine Haensler, membre de notre bureau local et du bureau fédéral, a ouvert les débats avec ce texte de réflexion sur cette réforme
Loi Rilhac : nouveau statut des directeurs
Déposée par la députée LERM Cécile Rilhac, une nouvelle proposition de loi envisage de modifier la fonction de directeur d’école. Sans changer le statut du directeur, la proposition de loi prévoit de lui donner autorité dans l’école et de nouvelles responsabilités en échange d’un meilleur système de décharges et d’une meilleure rémunération. Cette proposition de loi affirme le statut décisionnel du directeur sur le plan pédagogique et administratif : le directeur deviendrait le supérieur hiérarchique des enseignants ayant délégation d’autorité du DASEN. Une autorité « fonctionnelle » donnée par les inspecteurs qui en théorie peut aller jusqu’à l’évaluation des enseignants comme le Grenelle de l’Éducation l’envisage. Exactement comme le font les chefs d’établissements du second degré: la direction d’école à l’heure du management en quelque sorte!
Les directeurs demandent-ils cette autorité?
Il semble que non d’après plusieurs consultations organisées par le ministère lui-même. Majoritairement les directeurs d’écoles et les professeurs des écoles ne veulent pas de supérieurs hiérarchiques au sein des équipes d’école. Par contre ils espèrent que des moyens supplémentaires seront donnés aux directeurs notamment des temps de décharges plus ambitieux. Dans le projet de loi, les décharges ne sont plus définies par rapport à un nombre d’élèves mais en fonction de « spécificités » de l’école. Ces décharges seraient ainsi attribuées au cas par cas par les académies. Autrement dit à une règle nationale de définition des décharges se substitue un « dialogue « personnel avec l’académie. Inutile de préciser ce qui attend les directeurs qui échangent une règle nationale contre la bonne volonté d’un DASEN !
Le 2 septembre, le président de la République a annoncé, dans le cadre de son plan « Marseille en grand », une expérimentation dans 50 écoles de la ville pour inventer « l’école du futur » en contrepartie de la rénovation des 174 écoles marseillaises qualifiés par le maire comme « indignes de la République »( au passage je vous rappelle qu’en 2019 la Fédération organisa les visites d’école en accord avec l’Inspection Académique des Bouches du Rhône pour alerter sur la vétusté des écoles de la deuxième ville de France). Ainsi donc, dans ces 50 écoles, les directeurs pourront « choisir les enseignants » pour être sûr qu’ils sont pleinement engagés ; ils pourront aussi associer des acteurs extra-scolaires. Le président de la République entend » adapter, repenser les projets d’apprentissage, les rythmes scolaires, les récréations, la durée des cours, les façons d’enseigner » en définissant les projets avec les élus et les associations. Chacun comprend que cette mesure accroîtrait la dépendance de l’Ecole Publique envers les municipalités. Dépendance déjà amorcée lors de la mise des « rythmes scolaires ». L’annonce de la généralisation de cette mesure dès la rentrée 2023 prépare donc l’éclatement du cadre national de l’Ecole Publique : des programmes nationaux seraient ainsi remplacés par des projets locaux dépendant des options politiques des majorités municipales en place.
L’autonomie et la transformation du rôle des directeurs ne sont pas des idées neuves loin de là! Dès 1952 une première fronde vint à bout de la création d’un grade spécifique pour les directeurs. Trois décennies plus tard ce même projet est abrogé devant l’opposition des syndicats et de la base des enseignants. Sous la présidence Sarkozy, la question revient sur le tapis dans le cadre de la refonte de l’École Primaire portée par le ministre Darcos. L’idée est encore une fois remisée. Et le ministre Blanquer ressort actuellement des tiroirs ministériels cette vieille idée de formaliser le pouvoir hiérarchique du directeur dans le premier degré.
Les pères fondateurs de l’école publique avaient jugé que l’école où doivent aller tous les jeunes français doit donner une éducation démocratique. Et cela passe par un fonctionnement démocratique de l’école elle-même. Jules Ferry y voyait la garantie d’une école vraiment républicaine. En lieu et place Mr Macron propose un fonctionnement managérial en accord avec la société ultra libérale.
Depuis plusieurs années l’autonomisation des établissements éducatifs est en œuvre à travers les lois LRU et LPRR. Un économiste spécialiste de l’enseignement supérieur écrit » dans le supérieur bien plus avancé en la matière, ce qui est vite venu après l’autonomie c’est une politique de différenciation et de mise en concurrence : soit une université à deux vitesses ». Il ajoute » ce n’est pas un risque c’est déjà à l’œuvre ».
Enfin avant de débattre, nous vous soumettons une dernière information venue de l’Organisation de Coopération et de Développement Économique, l’OCDE qui comme vous le savez est une organisation internationale. Selon son secrétaire général: » pour la France, l’important est de poursuivre l’effort engagé de réformes » et développer la culture d’autonomie des établissements scolaires.
La délégation DDEN 63