Mémoires de pierres
Dossier réalisé par Alain BANDIERA
Grâce à la contribution des associations citées.
On les trouve – on pourrait dire « qu’on les rencontre » tant ils sont investis d’humanité, et souvent d’humanisme – partout en France : dans les ville, dans les villages – du plus petit hameau au plus gros bourg. Ils se dressent au centre des places ; souvent non loin de l’église, ou de la mairie ; parfois à l’entrée du cimetière. Ils déploient souvent les fastes d’une architecture..monumentale. Parfois on les déplace, comme à Brassac-les-Mines, quand ils gênent le tracé d’un rond-point. Ils nous sont si familiers qu’on ne les voit plus ; on se gare non loin d’eux ; on les fleurit pour les fêtes, on les honore une ou deux fois par an devant une assemblée de plus en plus restreinte ; plus personne ne s’arrête devant eux pour se recueillir ou pour pleurer.
C’est pourtant à des torrents de larmes, à des chagrins inconsolables qu’ils doivent d’avoir été érigés.
Ce sont les monuments aux morts ; ils ont couvert la France au lendemain de la guerre pour soustraire à l’oubli les victimes innombrables, leur rendre un hommage aussi impérissable que la pierre – et parfois le bronze – qui ont servi à les façonner.
Les récentes commémorations de 2018 les ont remis à l’honneur. Voilà qu’on s’est mis à les regarder à nouveau de plus près, qu’on a lu – et dénombré – tous les noms inscrits sur les plaques, qu’on s’est étonné de la grande jeunesse des victimes révélée par les photographies des soldats , et qu’on a pu mesurer ce que fut, pour toute une population de femmes, d’hommes et d’enfants, l’inconcevable cruauté de la guerre et son cortège d’horreurs.
Nous consacrons notre dossier aux monuments aux morts, et à un formidable travail associatif autant que militant qui a remis en lumière la splendeur architecturale de ces monuments, et la signification toujours vivante de ces témoignages pétrifiés.
L’atelier-photo de l’Amicale laïque de Riom (Michel Lablanquie, Jean-Paul Pothier, Michel Garcia) nous offre un inventaire des monuments auvergnats qui met en évidence leurs particularités, et donc leurs significations.
Michel et Nicole Aurigny, et l’équipe de la Libre Pensée nous font partager l’aventure de la réhabilitation des fusillés pour l’exemple.
Un prochain numéro donnera la parole à Olivier Mathieu, et à son association qui nous feront découvrir ces monuments pacifistes quasiment condamnés, pendant des années, à la clandestinité.
Il demeure que l’horreur de « toutes les guerres », qu’elle soit explicite ou simplement suggérée, est gravée dans ces mémoires de pierre qui ont cessé, depuis longtemps, de chanter victoire.